Tensions avec la Russie : agressivité britannique et discorde occidentale

mardi 25 janvier 2022

Chronique stratégique du 25 janvier 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Lorsque la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss, le 22 janvier, a fait retentir la sirène du « coup d’État russe en Ukraine », dans le but d’imposer à la Russie des super-sanctions financières, il est devenu clair que l’ « unité entre alliés et partenaires de l’OTAN » pour traiter avec la Russie dans la crise ukrainienne est à peu près aussi nulle que la vision du candidat Emmanuel Macron pour la France.

Pour résumer : les Britanniques veulent soit forcer la Russie à envahir l’Ukraine, soit à capituler ; l’Allemagne, assiégée mais de plus en plus déterminée, s’oppose à cette escalade ; la présidence américaine voudrait éviter la guerre, mais manque de caractère pour résister aux pressions des faucons ; quant à lui, le président français navigue entre sa volonté de négocier, son désir de faire bonne figure et sa campagne pour être réélu.

Si la guerre mondiale devait arriver, elle serait avant tout le résultat d’une présidence américaine affaiblie et sous domination de l’oligarchie de la City de Londres et de Wall Street. Et il s’agirait avant tout d’une guerre de vengeance contre la Russie et la Chine, pour les punir de ne pas se soumettre à « l’ordre mondial basé sur des règles », et plus récemment d’avoir provoqué l’échec du grand sommet mondial sur le climat de Glasgow de novembre dernier, plongeant les dirigeants britanniques dans l’embarras. Parmi eux, l’on trouve bien sûr le Premier ministre Boris Johnson, « BoJo », qui est d’autant plus poussé à « renforcer sa détermination » contre la Russie, comme l’a dit son porte-parole le 22 janvier, qu’il est aujourd’hui discrédité et à deux doigts d’un vote de défiance de la part des députés de son propre parti conservateur.

Dimanche, suite aux accusations britanniques, l’ambassade de Russie à Londres a tenu à souligner que le Royaume-Uni était en train de parasiter le processus de négociation : « Le ministère britannique des Affaires étrangères poursuit sa série de déclarations provocatrices sur la situation en Ukraine. (…) Ces cris de ralliement interviennent dans un contexte de détérioration évidente de l’expertise britannique sur la Russie et l’Ukraine. (…) Les propos d’Elizabeth Truss, ministre des affaires étrangères, selon lesquels l’Ukraine a souffert de divers envahisseurs, ‘des Mongols aux Tatars’, en sont un exemple. Puis sont venues les ‘informations’ selon lesquelles la Russie avait l’intention d’établir un régime fantoche à Kiev, dirigé par un ancien député ukrainien, qui se trouve être sous le coup de sanctions russes pour menace à la sécurité nationale », en référence à Yevheniy Murayev.

De son côté, l’Allemagne oppose une résistance de plus en plus vive à la fuite en avant britannique vers la guerre. Son chef de la marine, le vice-amiral Kay-Achim Schönbach, a été contraint à la démission par une campagne médiatique, suite à ses propos sur le respect qu’il faudrait accorder à Vladimir Poutine, et sur « l’ineptie » des prétendus plans d’invasion russe en Ukraine. Par ailleurs, le bruit circule sur le fait que le chancelier Olaf Scholz a été invité à Washington pour des consultations avec le président Biden et qu’il a refusé de s’y rendre jusqu’à une date ultérieure.

De plus, le gouvernement allemand a fait savoir qu’il se refusait à livrer des armes au régime de Kiev, et qu’il ne permettra pas aux pays baltes auxquels des armes allemandes ont été vendues de les transmettre à l’Ukraine. Révélateur également de la situation, le Royaume-Uni, n’osant pas demander l’autorisation de survol à l’Allemagne, achemine ses envois d’armes létales pour l’Ukraine via l’espace aérien danois.

Plusieurs signes indiquent que l’administration Biden est sur le point de répondre par écrit auxaccords proposés par le président russe Poutine pour maintenir les missiles et les dispositifs de combat de l’OTAN hors de l’Ukraine et de la frontière russe – « et de faire part de nos préoccupations » concernant la Russie, a déclaré aujourd’hui Antony Blinken, le secrétaire d’État américain. Et les États-Unis ont préféré que la Russie ne rende pas ces réponses publiques, très probablement parce qu’une telle publication attirerait le courroux des bellicistes du gouvernement de BoJo et de la City de Londres, ou susciterait davantage de doutes en Allemagne, en France et peut-être chez d’autres « alliés et partenaires ».

Reste à savoir ce que feront les citoyens américains et européens pour orienter leurs gouvernements vers la résolution des problèmes cruciaux auxquels l’humanité est confrontée – sujet qui devrait occuper le premier plan d’une campagne présidentielle française digne de ce nom.

La voie à tracer est celle d’une coopération Est-Ouest, avant tout avec la Russie et la Chine, afin d’inverser le processus de déclin des économies industrielles occidentales sur la voie actuellement d’un suicide « vert », et d’impliquer nos pays dans la voie d’une croissance fondée sur un programme de développement des infrastructures dans le monde entier.

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