« L’invasion imminente russe » de l’Ukraine, un mauvais feuilleton

mardi 15 février 2022

Chronique stratégique du 15 février 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

En fin de semaine dernière, à contre-courant des efforts diplomatiques de la France et de l’Allemagne, les « faucons » de l’administration Biden – le secrétaire d’Etat Tony Blinken et le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan – ont mis soudainement le turbo, en réaffirmant le mensonge de « l’invasion russe » imminente en Ukraine ; un crédo relancé hier par Boris Johnson, qui a assuré qu’une invasion russe était possible « dans les 48 heures à venir »...

Mensonge dix mille fois répété devient vérité

Le 10 février à la Maison-Blanche, le conseiller à la sécurité nationale a livré un briefing inquiétant et d’une précision incroyable selon lequel la Russie pourrait envahir l’Ukraine dans les jours qui viennent, et a sommé les ressortissants Américains à quitter l’Ukraine dans les 24 à 48 heures. Samedi, le secrétaire d’Etat a annoncé que l’ordre avait été donné à une partie du personnel de l’ambassade américaine à Kiev de rentrer aux Etats-Unis.

Alors que Blinken et Sullivan affirment qu’une « invasion russe de l’Ukraine peut survenir à tout moment », des sources anonymes au sein de la Maison Blanche et de l’OTAN ont informé les médias que l’attaque aura lieu précisément entre le mercredi 16 (fin des manœuvres conjointes en Biélorussie) et le 20 février (fin des Jeux olympiques).

Les faucons anglo-américains espèrent profiter d’un événement déclencheur — par exemple, une attaque dans le Donbass par les éléments nazis de l’armée ukrainienne (Brigade Azov) avec l’aide de mercenaires apatrides, américains, britanniques ou polonais, à la solde de la firme américaine Academi (ex-Blackwater) ou encore Lancaster 6 — pour forcer la Russie à intervenir en défense des populations russophones du Donbass dont 600 000 disposent déjà d’un passeport russe.

Appliquant le fameux précepte de Goebbels selon lequel « un mensonge répété dix mille fois devient vérité », la machine médiatique présenterait alors la chose comme la très attendue « invasion russe », et l’option « nucléaire » des sanctions pourrait être enclenchée en vue de mettre la Russie à genoux – à défaut d’une guerre directe entre les Etats-Unis et la Russie.

En réalité, Biden et les dirigeants militaires veulent que la Russie envahisse l’Ukraine, a lancé l’ancienne députée Tulsi Gabbard, l’une des rares démocrates à dénoncer courageusement la fuite en avant vers la guerre de la Maison-Blanche. Pourquoi ? Car cela donnerait à Biden l’excuse pour imposer des sanctions draconiennes (...) et cela cimenterait la guerre froide en place. (...) C’est le complexe militaro-industriel qui en profite ; il contrôle clairement l’administration.

Dans un tweet publié samedi, Gabbard souligne que : « s’il garantissait que l’Ukraine ne deviendra par membre de l’OTAN, Biden pourrait très facilement empêcher une guerre avec la Russie ».

L’imminence d’une attaque ukrainienne

Ce qui se déroule sous nos yeux est exactement le contraire de ce qui est présenté chaque jour dans les médias occidentaux. N’importe qui peut le comprendre, à condition d’avoir gardé toute sa tête dans l’environnement actuel de paranoïa et d’hystérie anti-russe (et anti-chinoise), entretenu depuis plusieurs années par les médias occidentaux.

La réalité est que le régime de Kiev, encouragé et armé par les services anglo-américains, s’apprête à lancer une opération militaire contre les républiques indépendantes du Donbass ; les Russes le savent, et c’est la raison pour laquelle ils ont amassé leurs troupes à la frontière ukrainienne.

Le 10 février, le directeur du Service russe de renseignement extérieur (SVR), Sergey Naryshkin, a mis en garde contre l’imminence d’une opération militaire du régime de Kiev, tout en soulignant l’intensification de la propagande médiatique occidentale qui est menée en parallèle :

Le SBU (service de sécurité ukrainien) et les FAU (forces armées ukrainiennes) préparent des provocations à la ligne de contact dans le Donbass ainsi que des ’reportages’ du même type que les fake news des ’Casques blancs’ en Syrie, a déclaré Naryshkin lors d’une conférence de presse. Toutes les unités des forces armées ukrainiennes, même partiellement prêtes au combat, ont été concentrées à la frontière du Donbass. Des centaines de tonnes d’équipements militaires et de munitions sont transportées en masse depuis les bases américaines en Europe, depuis le Royaume-Uni, depuis le Canada. Le contingent de conseillers et d’instructeurs des forces d’opérations spéciales de l’OTAN est augmenté. Nous avons même des rapports sur l’émergence d’escadrons multinationaux de militants djihadistes.

Le lendemain, le chef adjoint de la milice populaire de la République populaire de Donetsk, Eduard Basurin, a dénoncé la présence de mercenaires britanniques et polonais dans la région de Donbass. « Nos renseignements confirment la présence de mercenaires anglais et polonais dans les régions de Shirokino et Popasnaya. Leur présence dans le Donbass est également confirmée par des informations provenant de sources ouvertes », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Otanexit

Malgré la propagande, cette réalité de la situation en Ukraine est dans les consciences de certaines institutions, comme le montre la tribune publiée le 10 février dans le magazine Marianne (et relayée sur notre site), et écrite par Peter Dittus et Hervé Hannoun, respectivement ancien secrétaire général et ancien directeur général adjoint la Banque des règlements internationaux, qui appellent à une sortie urgente de la France de l’OTAN :

Depuis novembre 2021, les Français ont été, comme les autres peuples de l’Occident, soumis à une opération sans précédent de mise en condition conduite par les États-Unis et l’Otan sur le thème de ‘l’invasion russe imminente de l’Ukraine’, qui pourrait rester dans l’histoire comme un épisode de désinformation se situant dans la lignée des renseignements fabriqués sur les armes de destruction massives de Saddam Hussein en 2003.

« Quelle est la réalité ? Des millions d’Ukrainiens russophones dans les deux républiques populaires autoproclamées du Donbass vivent sous les tirs et bombardements sporadiques de l’armée ukrainienne contre les forces séparatistes, écrivent-ils. La concentration de troupes russes aux frontières de l’Ukraine vise à l’évidence à dissuader Kiev de tenter de récupérer par la force le contrôle direct des enclaves de Donetsk et Lougansk. La désinformation réussie par l’Otan sur l’Ukraine a consisté à présenter l’obligation morale que se donne Poutine de défendre ces populations russophones – que l’Ukraine veut priver progressivement du droit de parler leur langue – comme le prélude à l’annexion totale de l’Ukraine par la Russie ».

La conclusion, que les deux auteurs de cette tribune en tirent (comme devrait le faire le gouvernement Macron), est que la France doit sortir de toute urgence du commandement intégré de l’OTAN :

L’alignement actuel de la France sur l’Otan, par sa participation au commandement militaire intégré sous direction américaine, est une impasse stratégique pour un pays à vocation universelle comme la France. Ce pays a aujourd’hui un rôle historique à jouer pour arrêter la marche vers la guerre en Europe engagée par les somnambules de l’OTAN. La sortie de la France de l’Otan, qui sonne la fin de l’alignement de la politique de sécurité extérieure de la France sur les États-Unis, aura un retentissement immense dans le monde.

Parler avec Poutine, c’est bien ; sortir de l’OTAN et appeler à une nouvelle architecture de sécurité internationale, comme le font Jacques Cheminade et Helga Zepp-LaRouche depuis des années, c’est mieux !

Gage à vous, cher lecteur, de devenir un combattant pour la paix !

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