Bruno Le Maire et la folie clinique des « élites » atlantistes

mercredi 2 mars 2022

Chronique stratégique du 2 mars 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Dans une intervention hystérique, le ministre de l’Économie a menacé le gouvernement russe, mais aussi la population russe, d’« une guerre économique et financière totale ». Sur le même registre, la ministre britannique des Affaires étrangères a encouragé les citoyens à partir combattre la Russie en Ukraine, contrevenant à la loi britannique selon laquelle il est illégal de s’engager dans une armée étrangère en guerre contre un pays en paix avec le Royaume-Uni.

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Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre

Les premières victimes de la guerre sont toujours la vérité et la santé mentale. Et sur ce dernier point, les dirigeants occidentaux ont manifesté, dans le contexte de l’offensive russe en Ukraine et de la frénésie médiatique qui l’entoure, des symptômes évidents de rupture de durite.

C’est ainsi que notre ministre de l’Économie Bruno Le Maire, en interview mardi matin sur France info, a déclaré que « nous allons livrer une guerre économique et financière totale à la Russie », précisant ensuite : « Nous voulons viser le cœur du système russe, nous visons Vladimir Poutine, nous visons les oligarques, mais nous visons aussi toute l’économie russe. Et le peuple russe en paiera aussi les conséquences. On ne sait pas faire autrement ».

Suite à ces propos, le vice-président du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, dans un tweet écrit en Français, a demandé au ministre des Finances de « surveiller ses paroles », et mis en garde : « N’oubliez pas que les guerres économiques dans l’histoire de l’humanité se sont souvent transformées en guerres réelles ». Dans l’après-midi, Le Maire a été obligé de retirer ses propos incendiaires (sans doute s’est-il fait recadrer par l’Élysée) : « Le terme de guerre utilisé ce matin sur France Info était inapproprié et ne correspond pas à notre stratégie de désescalade », a-t-il indiqué dans une déclaration transmise à l’AFP. Et d’ajouter que la France n’était « pas en conflit contre le peuple russe », ce que son intervention pouvait laisser entendre.

Dans un Occident qui semble tout entier dressé contre la Russie, le fait que Le Maire évoque la stratégie de « désescalade » du gouvernement français, tandis que le jour-même Emmanuel Macron a discuté durant 1h30 au téléphone avec Vladimir Poutine, indique que la France n’a pas totalement oublié son rôle de « puissance d’équilibre », que le velléitaire Macron avait lui-même évoqué voici quelques mois.

A Londres, la ministre des Affaires étrangères Liz Truss a apporté un soutien enthousiaste aux citoyens britanniques souhaitant se rendre en Ukraine pour combattre les Russes. « Le peuple ukrainien se bat pour la liberté et la démocratie, non seulement pour l’Ukraine mais aussi pour toute l’Europe, car c’est ce que défie le président [Vladimir] Poutine. Et oui, si les gens veulent soutenir cette lutte, je les soutiendrai dans cette démarche », a-t-elle déclaré dimanche sur la BBC. Interrogée pour savoir si cela signifiait prendre les armes, elle a répondu : « Absolument, si c’est ce qu’ils veulent faire ».

Le Guardian note cependant que les commentaires de la ministre vont à l’encontre des conseils donnés sur le site Internet de son propre ministère, qui indique que les personnes se rendant dans l’Est de l’Ukraine pour « combattre ou aider d’autres personnes engagées dans le conflit » pourraient être poursuivies à leur retour au Royaume-Uni. Comme l’a souligné Dominic Grieve, ancien procureur général, quiconque part combattre en Ukraine enfreint une loi adoptée en 1870, selon laquelle il est illégal de s’engager dans une armée étrangère en guerre contre un pays en paix avec le Royaume-Uni.

L’OTAN devrait être traduit devant la Cour internationale de Justice

Le problème auquel nous sommes confrontés est l’addiction à l’ordre mondial monétariste impérial et moribond de la City de Londres et de Wall Street. Cette obsession axiomatique et complètement illusoire est la véritable impulsion sous-jacente à la guerre, dont le conflit de surface appelé « crise ukrainienne » est actuellement le symptôme le plus proéminent. Remarquez que personne ne parle des centaines de milliers, voire de millions, de personnes qui meurent en ce moment de famine en Afghanistan (en conséquence des sanctions occidentales)...

Dans une interview accordée à Sputnik International, Alfred-Maurice de Zayas, ancien expert de haut niveau de l’ONU et auteur de Building a Just World Order (2021), rappelle que les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN, qui critiquent à bras raccourcis la Russie aujourd’hui, auraient des comptes à rendre sur les guerres qu’ils ont eux-mêmes conduites ces trente dernières années. « L’OTAN a violé la Charte des Nations unies à de nombreuses reprises. En fait, l’OTAN n’est pas une organisation ’défensive’ mais, au contraire, une organisation d’actions offensives. Les pays de l’OTAN ont commis des crimes d’agression, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité en Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie ».

Non seulement l’OTAN manque d’autorité morale, mais elle manque aussi de crédibilité, puisqu’elle a diffusé de ‘fausses nouvelles’ et de faux récits en préparation de toutes ses guerres d’agression. En tant que tel, il serait intéressant d’examiner l’application possible des principes de Nuremberg et de l’arrêt de Nuremberg à l’OTAN. L’article 9 de l’Accord de Londres du 8 août 1945 a établi le statut du Tribunal de Nuremberg et établit la notion juridique d’‘organisation criminelle’.

D’après l’ancien expert de l’ONU, les opérations militaires des pays de l’OTAN ont violé les articles 5, 6, 7 et 8 du Statut de Rome, et la Cour internationale de justice aurait matière à ouvrir une enquête. « les États-Unis appliquent le droit international à la carte, a affirmé De Zayas. (...) Les États-Unis comprennent le droit international comme un outil géopolitique, dont il faut user et abuser selon les besoins. (…) Le calcul politique derrière la violation systématique des accords de Minsk était de prolonger le conflit, peut-être dans l’espoir que les gouvernements de Louhansk et de Donetsk s’effondrent ou abandonnent. L’article 11 de l’accord de 2015 obligeait l’Ukraine à négocier avec les autorités de Louhansk et de Donetsk. Il n’envisageait pas la reconnaissance de leur droit à faire sécession, mais il exigeait des ajustements qui accorderaient un statut autonome à ces provinces. Malheureusement, l’OSCE n’a pas veillé à la mise en œuvre de l’article 11 des accords de Minsk, et le président Zelensky lui-même a déclaré qu’il ne l’appliquerait pas car il était ‘favorable’ à la Russie et défavorable à l’Ukraine. Or, il s’agit d’une violation du principe pacta sunt servanda [les accords doivent être respectés] (article 26 de la Convention de Vienne sur le droit des traités). Une telle violation matérielle du traité par l’Ukraine rendait légal et légitime le retrait de la Russie du traité (art. 60 de la Convention de Vienne sur le droit des traités) ».

Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré que « Si la Russie veut moins d’OTAN à ses frontières, elle obtient le contraire, elle obtient plus d’OTAN ». C’était jeter le gant à Poutine, dans une provocation inutile, souligne De Zayas. Depuis le coup d’État illégal de Maïdan, qui est à l’origine de cette guerre, les États-Unis et l’OTAN n’ont fait que jeter de l’huile sur le feu.

« Il est évident que la livraison de tonnes d’armes à l’Ukraine constituait une menace très claire pour la Russie, un acte en soi contraire à la Charte des Nations unies, dont l’article 2, paragraphe 4, interdit non seulement le recours à la force, mais aussi la ‘menace’ de l’emploi de la force. En ce sens, la Russie avait des raisons de se sentir menacée et pouvait invoquer les dispositions pertinentes de l’Acte final d’Helsinki de 1975. En tant qu’Américain, qui se sent responsable par procuration des décisions de mon gouvernement, je suis de tout cœur avec le peuple ukrainien et le Donbass. C’est une honte de voir les Ukrainiens ainsi maltraités et instrumentalisés par l’OTAN, et sacrifiés sur l’autel de la géopolitique impériale ».

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