Néo-nazis ukrainiens : Al Jazeera dévoile leur influence actuelle

jeudi 3 mars 2022

Chronique stratégique du 3 mars 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Le site de la chaîne de télévision satellitaire qatarienne Al Jazeera (AJ), qui émet en arabe, en anglais, en turc et en serbo-croate a publié le 1er mars un article intitulé « Profil : Qui sont les régiments ukrainiens d’extrême droite Azov ? » . Elle jette ainsi un pavé dans la mare de la propagande occidentale, selon laquelle l’influence des néo-nazis, présentés comme marginale, ne serait qu’un prétexte pour Poutine pour rattacher l’Ukraine à son Empire.

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Intégration dans la Garde nationale

« Le néonazisme d’extrême droite a évolué de façon à intégrer les forces armées ukrainiennes, tout en fonctionnant comme une milice de rue et un parti politique », explique Al Jazeera, rappelant que « le président russe Vladimir Poutine a fait référence à la présence de telles unités au sein de l’armée ukrainienne » comme l’une des raisons du lancement de « son opération militaire spéciale (...) pour démilitariser et dénazifier l’Ukraine ».

Démontrant qu’il ne s’agit pas d’un sujet anachronique, ce lundi, précise AJ, « la garde nationale ukrainienne a tweeté une vidéo montrant des combattants d’Azov enduisant leurs balles de graisse de porc pour les utiliser prétendument contre les Tchétchènes musulmans — alliés de la Russie — déployés dans leur pays. Azov a également été impliqué dans la formation de civils par le biais d’exercices militaires dans la perspective de l’invasion russe ».

Et AJ de poser la question que tout journaliste honnête devrait se poser – et poser publiquement :

Alors, qu’est-ce que le régiment Azov ?

« Azov est une unité militaire d’infanterie d’extrême droite entièrement volontaire dont les membres — estimés à 900 — sont des ultra-nationalistes et accusés de nourrir une idéologie néo-nazie et suprémaciste blanche. L’unité a été initialement formée en tant que groupe de volontaires en mai 2014 à partir du gang ultra-nationaliste Patriot of Ukraine et du groupe néo-nazi Social National Assembly (SNA). Les deux groupes se sont engagés dans des idéaux xénophobes et néonazis et ont agressé physiquement des migrants, la communauté rom et des personnes s’opposant à leurs vues ».

AJ souligne que le bataillon a combattu sur les lignes de front contre les séparatistes pro-russes à Donetsk, dans l’Est de l’Ukraine. « Quelques mois après avoir repris la ville portuaire stratégique de Marioupol aux séparatistes soutenus par la Russie, l’unité a été officiellement intégrée dans la Garde nationale de l’Ukraine le 12 novembre 2014, et a reçu de nombreuses éloges de la part du président de l’époque, Petro Porochenko ».

Ce sont nos meilleurs guerriers, avait déclaré Porochenko lors d’une cérémonie de remise de prix en 2014. Nos meilleurs volontaires.

Croisade contre les races inférieures

Azov était dirigé par Andriy Biletsky, l’ancien chef de Patriot of Ukraine (fondé en 2005) et du SNA (fondé en 2008). Le SNA est connu pour avoir mené des attaques contre des groupes minoritaires en Ukraine, rapporte AJ. En 2010, Biletsky a déclaré que l’objectif national de l’Ukraine était de « mener les races blanches du monde dans une croisade finale (...) contre les Untermenschen [races inférieures] dirigés par des sémites ». Biletsky a été élu au parlement en 2014. Il a du quitter Azov car les élus ne peuvent pas être dans l’armée ou la police. Il est resté député jusqu’en 2019.

En ce qui concerne le financement initial d’Azov, AJ note que « L’unité a reçu le soutien du ministre ukrainien de l’Intérieur en 2014, car le gouvernement avait reconnu que sa propre armée était trop faible pour lutter contre les séparatistes pro-russes et s’appuyait sur des forces volontaires paramilitaires. Ces forces étaient financées à titre privé par des oligarques — le plus connu étant Igor Kolomoisky, milliardaire magnat de l’énergie et alors gouverneur de la région de Dnipropetrovska. En plus d’Azov, Kolomoisky a financé d’autres bataillons de volontaires tels que les unités Dnipro 1 et Dnipro 2, Aidar et Donbas ».

Andriy Diachenko, le porte-parole du régiment de l’époque, a déclaré en 2015 que 10 à 20 % des recrues d’Azov étaient des nazis, explique AJ. L’unité a nié adhérer à l’idéologie nazie dans son ensemble, mais les symboles nazis tels que la croix gammée et les insignes SS sont légion sur les uniformes et les corps des membres d’Azov. Par exemple, l’uniforme porte le symbole néo-nazi Wolfsangel, qui ressemble à une croix gammée noire sur fond jaune. Le groupe a déclaré qu’il s’agissait simplement d’un amalgame des lettres « N » et « I » qui représentent « l’idée nationale ». Des membres individuels ont professé être des néo-nazis, et l’ultra-nationalisme d’extrême droite pur et dur est omniprésent parmi les membres.

En janvier 2018, Azov a déployé son unité de patrouille de rue appelée National Druzhyna pour ‘rétablir’ l’ordre dans la capitale, Kiev. Au lieu de cela, l’unité a mené des pogroms contre la communauté rom et a attaqué des membres de la communauté LGBTQ.

Déni occidental ou complicité ?

Comment expliquer alors le déni des médias dominants à ce sujet en Occident ? Comme le rappelle Al Jazeera, un rapport de 2016 du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (OCHA) a accusé le régiment Azov de violer le droit humanitaire international. Le rapport a détaillé des incidents sur une période allant de novembre 2015 à février 2016, au cours desquels le régiment Azov a déployé ses armes et ses forces dans des bâtiments civils, et a déplacé les résidents après avoir pillé des propriétés civiles. Le rapport a également accusé le bataillon de violer et de torturer des détenus dans la région de Donbass.

En juin 2015, le Canada et les États-Unis ont annoncé que, compte tenu de ses liens néonazis, ils se refusaient à apporter un quelconque soutien au régiment Azov. Cependant, l’année suivante, sous la pression du Pentagone, les États-Unis ont levé l’interdiction. En octobre 2019, 40 membres du Congrès américain, à l’initiative du député démocrate Max Rose, ont signé une lettre demandant au Département d’État américain de désigner Azov comme une ‘organisation terroriste étrangère’ (FTO). En vain.

Le soutien transnational à Azov a été large, et l’Ukraine est apparue comme une nouvelle plaque tournante pour l’extrême droite à travers le monde, explique AJ. Des hommes de trois continents se sont renseigné afin de rejoindre les unités d’entraînement d’Azov, d’y acquérir une expérience de combat et de s’engager dans une idéologie similaire.

De son côté, le groupe Facebook a d’abord désigné le régiment Azov comme une « organisation dangereuse », avant de le bannir de ses plateformes en 2019 et de le mettre sur sa liste noire, aux côtés du Ku Klux Klan et de Daech. « Cependant, le 24 février, le jour où la Russie a lancé son invasion, Facebook est revenu sur son interdiction, affirmant qu’il autoriserait les éloges d’Azov », rapporte AJ.

Ironie tragique de l’histoire : alors que les citoyens européens ne peuvent plus accéder à Sputnik et RT, Facebook leur permet de suivre les menées néo-nazis d’Azov, à qui l’UE envoie par ailleurs des armes ! Tout cela bien sûr pour nous défendre !

L’éléphant néonazi est au milieu de la pièce, et ce n’est pas un hasard si on tente de vous le cacher !

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