La propagande ukrainienne, une opération de « relations publiques » made in London & Washington ?

jeudi 31 mars 2022

Chronique stratégique du 31 mars 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Les journalistes nous l’assurent : ils ont d’autres sources que les autorités ukrainiennes ; en même temps, ils présentent assez rarement le point de vue russe, qualifié d’avance de mensonge éhonté. La réalité est qu’ils reprennent souvent aveuglement ce qui leur arrive de l’autre coté de la Manche. Deux articles parus récemment sur les sites Mintpress News et The Grayzone font la lumière sur l’implication de réseaux de pouvoir à Londres et à Washington, qui mettent plus de 150 sociétés de « relations publiques » au service du blitz de propagande du régime de Kiev et de ses mentors américains.

Comment Londres conseille Kiev en relations publiques

Depuis le début de la guerre, les médias occidentaux dépeignent l’Ukraine en un David luttant courageusement contre le Goliath russe. Ce qui ne devrait surprendre personne, c’est que cette campagne est « professionnellement » orchestrée depuis Londres et Washington. Chaque jour, on s’en est aperçu, livre son lot de storytelling spécifique capable de toucher avant tout nos émotions plus que notre raison.

« La clé de l’effort de propagande est une légion internationale de sociétés de relations publiques travaillant directement avec le ministère ukrainien des Affaires étrangères pour mener une guerre de l’information », écrit Dan Cohen, dans un article publié le 22 mars sur Mintpress. Le journaliste pointe en particulier du doigt la société PR Network, dont le siège est au Royaume-Uni. Le cofondateur de PR Network, Nicky Regazzoni, travaille avec Francis Ingham, « un consultant en relations publiques de premier plan ayant des liens étroits avec le gouvernement britannique ». Ce dernier a précédemment travaillé pour le Parti conservateur britannique, siège au Conseil de stratégie et d’évaluation des services de communication du gouvernement britannique, est directeur général de l’International Communications Consultancy Organisation et dirige l’organisme d’adhésion des communicateurs du gouvernement local britannique, LG Comms.

Nous avons eu le privilège d’aider à coordonner les efforts pour soutenir le gouvernement ukrainien ces derniers jours, a fièrement déclaré Ingham à PRovoke Media. Les agences ont mis en place des équipes entières pour soutenir Kiev dans la guerre des communications. Notre soutien au ministère ukrainien des Affaires étrangères est inébranlable et se poursuivra aussi longtemps que nécessaire.

Regazonni et Ingham, rejoints par une personnalité ukrainienne anonyme, ont aidé le ministère des Affaires étrangères à créer et à distribuer un dossier (archivé) contenant des documents instruisant les agences de relations publiques sur les « messages clés », le langage approuvé, le contenu pour les constructions de propagande démystifiées, et la propagande d’extrême droite et néonazie.

Parmi les documents qui se trouveraient dans le dossier figure une vidéo de l’incident de l’Île aux serpents, qui a été massivement médiatisé lors des premiers jours du conflit, et au cours duquel des gardes-frontières ukrainiens auraient combattu une force d’assaut russe jusqu’à la mort, en disant « f*** you » jusqu’à la fin. Un fait d’arme censé illustrer l’attitude héroïque des Ukrainiens. Sauf qu’il été rapidement établi que la vidéo était fausse, et que les mêmes gardes-frontières s’étaient rendus aux Russes sans livrer le moindre combat — réalité dont les autorités ukrainiennes, reconnaissant qu’ils étaient encore en vie, se sont d’ailleurs félicités.

Le dossier présente également un document contenant des centaines d’images de propagande soumises par des « artistes » européens et américains, dont certaines sont publiées dans l’article de Cohen. Beaucoup de ces images sont de la pure propagande haineuse, raciste et russophobe. L’une d’entre elles représente même un soldat portant sur son épaule l’écusson « Azov Wolfsangel » (le symbole de la division SS nazie qu’exhibent toujours les nationalistes ukrainiens). Beaucoup encouragent à l’utilisation de « Banderite Smoothies », le surnom donné aux cocktails Molotov antirusses.

Non seulement ils sont présentés comme des héros, mais les néo-nazis prennent directement part à la campagne de propagande, souligne Dan Cohen. « Bien sûr, ce sont des nazillons (militairement entraîné d’ailleurs par les mêmes Britanniques qui nous informent), mais bon, ils défendent leur pays avec courage ! » dit-on à Paris. Le fait qu’ils torturent et se servent de la population locale comme bouclier humain et se livrent à des provocations inouïes, intéresse peu.

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Prolonger la guerre

Les « informations » que cette campagne de relations publiques contribue à diffuser sont tout sauf « objectives », car les sources utilisées sont liées aux gouvernements américain et européen, ainsi qu’à des fondations de milliardaires. Parmi ceux-ci figurent l’inévitable George Soros et l’entrepreneur franco-irano-américain Pierre Omidayr, fondateur d’Ebay.

Cette machine bénéficie également d’un réseau de cabinets de lobbying à Washington, DC, qui font pression sur le Congrès américain au nom de Zelensky pour que la guerre se poursuive. Daniel Vajdich de l’Atlantic Council, par exemple, est celui qui aurait rédigé le discours de Zelensky prononcé le 16 mars devant le Congrès américain, dans lequel il citait le discours « I Have a Dream » de Martin Luther King pour demander une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine.

Avec une puissante armée russe combattant aux côtés des forces de la DPR et de la LPR (les Républiques auto-proclamées pro-russes du Donbass), la défaite de l’armée ukrainienne semble être imminente, à moins que les États-Unis et l’Otan n’affrontent directement les forces russes, un scénario que le président Biden a déjà exclu, conclut Cohen. Les lobbyistes persistent néanmoins dans leur campagne visant à dépeindre les militaires ukrainiens comme des outsiders marquant coup sur coup contre les hordes russes. Ce faisant, ils contribuent à prolonger la guerre et à poursuivre le carnage.

Les sources très orientées de la BBC

De son côté, le journaliste Max Blumenthal met en exergue le rôle trouble de la BBC dans la campagne de propagande, dans un article paru le 25 mars sur le site The Grayzone. Selon lui, la couverture de la guerre en Ukraine par la BBC est façonnée par un agent de relations publiques ukrainien lié à une société qui se trouve en pointe des efforts de guerre de l’information de son pays. Avant de travailler comme fixeur et reporter pour la BBC en Ukraine, Orysia Khimiak s’est occupée des relations publiques pour une start-up appelée Reface, qui a créé ce que le Washington Post a désigné comme une « application déformant la réalité » qui sert désormais d’ « outil ukrainien de communication de guerre ».

Khimiak joue désormais un rôle déterminant dans la couverture de la guerre russo-ukrainienne par la BBC. Elle a même co-signé un article avec le correspondant de la chaîne à Lviv, Hugo Bachega, visant à démontrer la culpabilité de la Russie dans le bombardement du théâtre de Mariupol, rapporte Blumenthal. Dans sa bio Twitter, Khimiak affiche son parti pris politique, se présentant comme « un fixateur à Lviv pour les journalistes, pour les reporters qui montrent une image honnête de la guerre russe contre l’Ukraine. L’Ukraine résistera ». Khimiak a également été impliquée dans le montage de l’île aux serpents, qu’elle évoque encore sur son fil Twitter comme s’il s’agissait d’un véritable événement historique.

Quant à l’affaire du théâtre de Marioupol, il s’avère que tous les reportages, y compris ceux de la BBC, étaient basés sur le récit d’une seule source : Petr Andryushchenko, un conseiller du maire de Marioupol qui a récemment salué le bataillon néo-nazi Azov comme de courageux « défenseurs » de sa ville. « Le choix par la BBC d’un agent de relations publiques ukrainien ouvertement nationaliste pour guider sa couverture de la guerre souligne l’alignement absolu de la chaîne sur les objectifs de l’OTAN », écrit Blumenthal.

Libération, pour qui la désinformation ne peut venir que d’un seul coté, rapporte que « le ministère russe de la Défense a démenti avoir bombardé le théâtre, imputant l’explosion au régiment ultranationaliste ukrainien Azov, qui combat dans la ville aux côtés des forces ukrainiennes. Plusieurs canaux de propagande du Kremlin, dont WarOnFakes, sont allés jusqu’à affirmer que ces soldats ont volontairement rassemblé des civils dans ce bâtiment pour le faire exploser et en attribuer la responsabilité à Moscou ». Est-ce qu’on commencerait à douter à Paris ?

Nous vous encourageons, chers lecteurs, à :

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