Sommet de l’OTAN à Madrid : Craignant le fiasco, un responsable US réclame le report

mercredi 22 juin 2022

Chronique stratégique du 22 juin 2022 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

A l’approche du sommet de l’OTAN, qui doit se tenir à Madrid les 29 et 30 juin, l’ancien ambassadeur américain auprès de l’Alliance atlantique Robert E. Hunter, constatant les divisions au sein de l’alliance et redoutant le fiasco, demande au Président américain Joe Biden de reporter le sommet.

Dans une tribune publiée le 17 juin sur le site responsiblestatecraft.org, l’ancien ambassadeur US auprès de l’Otan Robert E. Hunter en appelle au Président américain (on comprend qui dirige) que « le sommet de l’OTAN de cette année devrait être reporté », en raison principalement des divisions qui se manifestent au sein de l’Organisation au regard de la guerre en Ukraine et de l’attitude à avoir vis-à-vis de la Russie.

Au moins un dirigeant allié, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, soutient la Russie. L’un d’eux, le président français, Emmanuel Macron, a déclaré que l’Occident ne devrait pas humilier Vladimir Poutine, jusqu’à ce qu’il se rétracte partiellement, se lamente Hunter.

Même au sein des États-Unis, les élites apparaissent divisées, ajoute l’ancien ambassadeur. « Alors que le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, a déclaré que les États-Unis espéraient que la Russie serait ‘affaiblie’ par la guerre, le président Biden s’est montré prudent quant à ne pas provoquer une guerre plus large ou à élargir les objectifs américains avec la Russie. Washington a également déclaré à l’Ukraine qu’il ne fournirait pas d’armes qui pourraient étendre la guerre sur le territoire russe ».

De plus, la demande d’adhésion de la Finlande, qui ajouterait plus de 1300 kilomètres supplémentaires de frontière de l’OTAN avec la Russie, n’a fait que compliquer les choses (la Suède a également postulé, mais les implications sont moins graves étant donné qu’elle n’a aucune frontière avec la Russie). « Malgré les solides capacités militaires de la Finlande, l’OTAN n’a ni le plan ni les moyens d’honorer un engagement militaire pour la défendre », constate sobrement Hunter.

A cela s’ajoute que concernant l’Ukraine, l’inclusion des termes « deviendra membre » dans le communiqué final du sommet de Madrid « ne ferait qu’exacerber la crise ukrainienne – inutilement, car il a toujours été clair que l’Ukraine ne pourrait jamais obtenir l’unanimité parmi les alliés pour se voir accorder l’engagement de l’article 5 du Traité de l’OTAN à déclarer la guerre en cas d’invasion ». D’un autre côté, le retrait de cette mention du communiqué serait considéré par les médias comme un recul face à l’agression de la Russie. « Ce qui constituerait un échec pour l’OTAN et donc une autre raison de ne pas avoir de sommet du tout », conclut ce professionnel de la diplomatie.

Hunter n’est pas le seul à redouter que l’OTAN se prenne les pieds dans le tapis et se retrouve piégé dans sa propre rhétorique. A tel point que certains analystes voient la main britannique, toujours désireuse de relancer le conflit avec la Russie pour asseoir le pouvoir de l’OTAN et le sien, derrière les encouragements européens à la Lituanie, qui vient, dans un contexte déjà très tendu, d’appliquer les « sanctions européennes » sur le transit de certains types d’exportations entre la Russie et Kalingrad.

Le sommet de Madrid se veut clairement la plateforme des va-t-en-guerre de Washington et Londres pour alimenter l’escalade stratégique contre la Russie et, fait nouveau la Chine (cherchez l’Atlantique Nord…). En effet, s’adressant à une conférence de presse à l’issue de deux jours de préparation du sommet Madrid, Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, a fait part de leur intention de déployer davantage d’effectifs militaires – défenses aériennes, maritimes et cybernétiques, stocks d’équipements et armes prépositionnées — « pour renforcer nos groupements tactiques dans la partie orientale de notre alliance ».

Les élections législatives ont montré qu’en France, les cendres du gaullisme ne sont pas encore entièrement éteintes ; en effet, par leur vote en faveur de partis opposés à la politique de domination impériale de l’OTAN, une part importante des Français a montré qu’ils n’étaient pas dupes de la rhétorique et de la propagande dont nous abreuvent les institutions et les médias.

Dès le lendemain du second tour, Jacques Cheminade a appelé les nouveaux élus du Parlement à demander immédiatement la sortie de la France du commandement intégré :

La défaite d’Emmanuel Macron aux législatives rend possible pour la France de changer de politique, écrit-il dans un Tweet. Le sommet de l’OTAN cette fin juin à Madrid vise de fait à contrôler l’UE pour en faire une union militaire contre la Russie et la Chine. Sortir du commandement intégré de l’Otan est la priorité absolue car y rester nous mène à la guerre ‘malgré nous’ .

Karel Vereycken, vice-président de Solidarité & Progrès, tiendra une réunion mardi 28 juin à 19h30 à Clichy, sur le thème « Sommet de l’OTAN à Madrid : Une menace pour la sécurité de tous ! », afin de fournir les armes intellectuelles pour mobiliser toutes celles et ceux susceptibles de s’opposer à ce train fou qu’est devenue cette organisation. Venez nombreux !

Vous venez de lire notre chronique stratégique « Le monde en devenir ». ABONNEZ-VOUS ICI pour la recevoir sans limitation. Vous aurez également accès à TOUS les dossiers de ce site (plus de 400 !)...