Ukraine : l’Otan franchit un nouveau cap dans l’escalade contre la Russie

mercredi 14 septembre 2022

Chronique stratégique du 12 septembre 2022 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Lors de la réunion du Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine, qui s’est tenue le 8 septembre dans la base américaine de Ramstein en Allemagne, sous la houlette du Secrétaire à la Défense Lloyd Austin, l’Otan a clairement décidé de passer à une phase supérieure dans l’escalade contre la Russie, notamment en s’engageant à fournir à Kiev des armes de frappe de précision. Face à une initiative qui représente quasiment un casus belli pour la Russie, Moscou pourrait bien être contraint d’escalader à son tour…

Escalade

Le 8 septembre, lors de la réunion du « Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine », à la base militaire américaine de Ramstein en Allemagne, il a été décidé d’accroître davantage le soutien militaire à Kiev, en livrant notamment de nouvelles armes de frappe de précision.

Cette annonce a coïncidé le jour-même avec le tir d’essai d’une nouvelle fusée intercontinentale, le Minuteman III, depuis la base aérienne de Vandenberg en Californie, et avec la visite inopinée à Kiev du secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui était accompagné d’autres hauts responsables de l’administration Biden, dont la sous-secrétaire d’État Victoria Nuland, connue pour avoir joué un rôle central dans le coup d’État de février 2014 qui a mis au pouvoir à Kiev le régime virulemment anti-russe actuellement dirigé par Zelensky.

Il s’agit d’une véritable provocation qui risque bien d’entraîner la Russie à intensifier la guerre à son tour.

Les Russes risquent bien d’être contraints de mordre à l’appât en raison de l’action militaire en cours sur le terrain, souligne le journaliste indépendant Gilbert Doctorow. Il est désormais clair qu’ils viennent de subir de lourdes pertes dans des combats ces derniers jours autour de Kharkov. Les gains ukrainiens ont été facilités par les armes avancées récemment fournies par les pays de l’Otan, par les données de ciblage qu’ils reçoivent des États-Unis et par la direction tactique hors scène des officiers de l’Otan. Par ‘mordre à l’appât’, je veux dire que les Russes peuvent dégénérer en guerre totale contre l’Ukraine.

Du point de vue russe

Comme le souligne Doctorow, ce changement de phase a fait l’objet de nombreux débats dans les médias russes. Dimanche, tout en soulignant le fait que la contre-offensive ukrainienne était programmée pour coïncider avec le rassemblement à la base aérienne de Ramstein, le journaliste Vladimir Solovyov de la télévision publique russe a diffusé de longs extraits de reportages des médias occidentaux tels que CNN sur la réunion de Ramstein.

Les nouveaux systèmes d’armes devant être livrés à l’Ukraine incluront notamment des missiles guidés par GPS pouvant être tirés d’une distance de 20 à 30 kilomètres avec une précision de 1 à 2 mètres. Ce type d’armes est capable de détruire les systèmes radar des Russes utilisés pour diriger les tirs d’artillerie.

Du point de vue de Moscou, ce développement signifie que l’Otan n’est désormais plus engagée dans une guerre par procuration, mais dans une véritable guerre directe contre la Russie.

D’où le fait que la Russie pourrait décider de cibler les infrastructures publiques ukrainiennes – réseau ferroviaire, ponts, centrales électriques, etc — que Kiev utilise pour déplacer les armes occidentales à travers le pays vers le front, ainsi que les lieux de pouvoir et de décisions militaires à Kiev.

Vladimir Solovyov a également souligné que la Russie va elle-même sans doute utiliser ses propres armes les plus avancées, dont les caractéristiques sont similaires à celles que l’Otan fournit de son côté. Elle pourrait aussi envisager de neutraliser d’une manière ou d’une autre les systèmes de guidage GPS des armes américaines. Bien entendu, la destruction ou l’aveuglement des satellites américains pourrait être considéré par Washington comme une ligne rouge américaine, voire un casus belli.

Troisième guerre mondiale

Si l’une de ces idées avancées par Solovyov est effectivement mise en œuvre par le Kremlin, alors la confrontation actuelle en Ukraine deviendra réellement mondiale, et nous avons les contours de ce que l’on peut appeler la Troisième Guerre mondiale, écrit Gilbert Doctorow. Cependant, je note que l’utilisation d’armes nucléaires, tactiques ou autres, ne figure pas du tout dans l’ensemble des options dont Moscou officiel discute en ce qui concerne les défis auxquels il est confronté dans son opération en Ukraine. Une telle possibilité ne se présenterait que si les forces de l’Otan envoyées dans les ‘États de première ligne’ de l’UE augmentaient en nombre de plusieurs fois celles actuellement affectées et semblaient se préparer à envahir la Russie.

Doctorow conclut que, en l’absence de mouvement anti-guerre sur le continent européen, la possibilité d’enrayer cet engrenage fou pourrait venir d’un soulèvement des populations contre le dilemme « manger ou se chauffer » que les gouvernements cherchent à imposer sans débat public. La démission des politiciens bellicistes permettrait en effet de rouvrir la porte des négociations de paix que l’Otan a intentionnellement fermé.

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