Paix

mardi 18 octobre 2022, par Jacques Cheminade

« La paix est la seule bataille qui vaille la peine d’être menée » nous disait Albert Camus. Aujourd’hui plus que jamais, face au risque de guerre en Europe et dans le monde, la nécessité de créer les conditions de la paix est devenue l’urgence absolue.

Ce n’est sans doute pas ce que les Françaises et les Français ressentent, sans quoi tous se mobiliseraient pour ce combat dont dépend notre existence. Ils voient défiler, depuis l’enfance jusqu’à leur vieillesse, les images d’un monde qui se désagrège, mais on leur a fait perdre à la fois les repères pour en comprendre les causes et la confiance en eux-mêmes.

De l’enfance jusqu’à la vieillesse : trouver une place en crèche est un calvaire ; l’éducation est devenue une course aux « bons » établissements, publics ou privés ; le logement est inabordable là où il y a de l’emploi, créant un privilège inouï de rente pour les propriétaires (entre 2000 et 2021, les prix de l’immobilier ont augmenté en moyenne de 150 % en France) ; la justice et la police ne peuvent plus assurer une sécurité publique satisfaisante ; les vieux sont chassés de l’emploi dès avant 60 ans et les très vieux, placés dans des EHPAD cotés en bourse, où la direction exploite sans contrôle leur faiblesse pour accumuler des profits. Chacun de ces sujets suscite de justes revendications, mais dans une logique de guichets ouverts en faveur de victimes sociales, et non de droits sociaux en faveur du travail humain, prévus par le Préambule de notre Constitution.

Pour comble, un débat se met en place entre les droits de ceux qui travaillent et les « bénéficiaires d’allocs ». « Quand ça va bien, on durcit les règles du chômage, et quand ça va mal on les assouplit », sans que les règles des privilégiés du CAC40 soient, elles, jamais durcies. Et sans remettre en cause ceux qui tiennent les guichets de la rente financière… Le système alimentaire s’effondre, la filière nucléaire a subi un profond désinvestissement, le bois risque de manquer à Noël et Elisabeth Borne nous susurre que « la sobriété est là pour s’installer... la baisse de la consommation d’énergie doit s’installer dans le temps long… il en va de la transition écologique ». Voilà le mot lâché : la « transition écologique » pour justifier l’austérité sociale.

Aller aux causes de cette catastrophe.

Alors que faire ? Aller aux causes de cette catastrophe, au-delà de ses symptômes désastreux. C’est le régime de dictature financière d’un capital fictif qui s’est mis en place partout dans le monde et auquel nos dirigeants se sont soumis, laissant un à un tomber nos atouts. Capital fictif : on émet de la monnaie qui ne va pas à la production de biens physiques, réels, et qui enrichit une minorité formée non pour créer mais pour gérer un système. Elle constitue une mafia des portes tournantes public/privé, associée à une mafia tout court impliquée dans tous les trafics. Leurs paradis communs sont fiscaux et juridiques, le tripot financier mondial tenu par les gérants de capital, Blackrock & Co.

Ce système est à bout de course car on ne mange pas du papier, même si avec, on construit des canons ou des Himars, comme Raytheon qui réussit si bien en bourse. Il ne peut que détruire. Il engendre la guerre faute de créer les conditions de la vie. C’est contre lui que nous nous battons pour un nouvel ordre financier et monétaire, remettant l’argent là où il doit aller pour le peuple.

Cela veut dire rassembler les forces capables d’assurer ce changement. Dans le monde, les BRICS et l’OCS, avec l’esprit des non-alignés de Bandung de 1955, refusant la logique des prédateurs. Chez nous, un bloc populaire créateur, rassemblant tous ceux qui refusent le système, les électeurs des extrêmes, les malgré eux et les abstentionnistes, qui représentent les 3/4 des Français. La pétaudière de l’Assemblée nationale, la personnalité et l’idéologie des Mélenchon et des Marine Le Pen empêchent que ce bloc se forme pour gagner ? Eh bien, ne serait-il pas temps que d’autres leaderships émergent et s’affirment, à commencer par celui de chacun d’entre nous, patriotes et citoyens du monde ?