Guerre en Ukraine : les confessions d’Angela Merkel sur les accords de Minsk

lundi 12 décembre 2022

Chronique stratégique du 12 décembre 2022 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Le 7 décembre, l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel a avoué à Die Zeit que l’accord de Minsk, parrainé par la France et l’Allemagne, n’était qu’une ruse destinée à faire gagner du temps à l’Ukraine, pour pouvoir s’armer en vue d’un conflit à venir avec la Russie. Des propos qui jettent une lumière crue sur les véritables causes de la guerre en Ukraine, sur les responsabilités de l’Otan, et en particulier sur le rôle cynique de l’Allemagne et de la France.

Voilà donc l’ancienne chancelière allemande admettant à la face du monde qu’elle n’avait jamais eu l’intention d’œuvrer pour la paix, et que la France et l’Allemagne ont délibérément menti à la Russie pour le compte de l’Otan.

L’accord de Minsk de 2014 était une tentative de donner du temps à l’Ukraine. Elle a également utilisé ce temps pour se renforcer, comme on peut le voir aujourd’hui. L’Ukraine de 2014-2015 n’est pas l’Ukraine moderne, a affirmé Merkel dans une interview à Die Zeit.

En effet, tandis que Kiev n’a jamais caché sa volonté de ne pas respecter les accords de Minsk, les dirigeants français et allemand qui étaient directement impliqués dans le format Normandie, ont toujours prétendu l’avoir soutenu tout en accusant la Russie de pas s’y tenir et de continuer à armer la résistance pro-russe dans le Donbass. .

Autant dire que l’idée selon laquelle Vladimir Poutine aurait attaqué l’Ukraine sans raison et à l’improviste, a vécu. Le président russe avait raison lorsqu’il affirmait, en avril 2022, que la guerre en Ukraine était due à la non-application des accords de Minsk, rappelant que le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait déclaré publiquement que l’Ukraine « n’aimait » aucune clause des accords de Minsk et l’avait « rejetée publiquement ». Poutine avait alors justifié son « intervention spéciale » par le fait qu’il lui était « tout simplement impossible de continuer à tolérer le génocide qui durait depuis huit ans » contre les civils au Donbass (lire à ce sujet notre chronique du 8 mars 2022 : Comment les néo-nazis en Ukraine ont contraint Zelensky).

Réagissant immédiatement, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a affirmé à juste titre que non seulement les propos de Merkel ruinaient la crédibilité de l’Allemagne (et de la France), mais qu’ils fournissaient des motifs pour ouvrir un tribunal international contre les dirigeants occidentaux pour avoir provoqué la guerre en Ukraine entre Moscou et Kiev.

Les confessions de Merkel sont « la preuve que tout ce qui a été élaboré et présenté au monde comme des accords et qui est devenu partie intégrante du droit international sous la forme d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, contraignante pour chaque État, était une fabrication », a déclaré Zakharova, ajoutant qu’ainsi « le droit international a été utilisé dans le seul but d’envoyer des armes au régime de Kiev, et de préparer politiquement le début des hostilités ».

[Cette politique] a été impitoyable envers les femmes, les enfants et l’ensemble de la population civile du Donbass et même de l’ensemble de l’Ukraine , a ajouté Zakharova. Ils avaient besoin d’un conflit et ils y étaient prêts à l’époque, en 2015.

De son côté, Vladimir Poutine a souligné que si la Russie avait connu plus tôt le jeu hypocrite des Occidentaux, elle n’aurait pas attendu huit ans pour réagir aux attaques sur le Donbass par les forces armées ukrainiennes, qui ont tué 14.000 personnes.

La situation stratégique n’en devient que plus dangereuse. Le président russe a, en effet, souligné que le déploiement par les États-Unis d’armes nucléaires tactiques modernisées en Allemagne, oblige la Russie à repenser sa doctrine nucléaire, qui exclue toute première frappe, et ne prévoit l’utilisation des armes nucléaires qu’en cas de menace existentielle pour la Fédération de Russie. Or, selon lui, le fait de placer ces armes si près de la frontière russe réduit considérablement la possibilité pour la Russie d’effectuer une deuxième frappe.

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