Oskar Lafontaine soutient le petit-fils de Gaulle contre Merkel et Hollande

lundi 9 janvier 2023

Chronique stratégique du 9 janvier 2023 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Des deux côtés du Rhin, rares sont ceux qui osent braver la loi du silence et de la soumission vis-à-vis de la propagande sur la guerre en Ukraine. En France, une voix s’est levée, et non des moindres, puisqu’il s’agit de Pierre de Gaulle, le petit-fils du général de Gaulle, qui a dénoncé avec force la trahison des accords de Minsk par Angela Merkel et la responsabilité de l’Otan dans le déclenchement de la guerre. En Allemagne, Oskar Lafontaine, le fondateur du parti Die Linke (l’équivalent de La France Insoumise qu’on aimerait entendre à ce sujet), a immédiatement emboîté le pas à Pierre de Gaulle.

Pierre de Gaulle : « les déclencheurs de guerre sont les Américains et l’Otan »

Les récents aveux de l’ancien président français Hollande et de l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel, sur leur trahison des accords de Minsk, ont démontré combien le couple franco-allemand est engagé avec zèle dans l’escalade de l’Otan contre la Russie. Cette attitude, qui s’est prolongée avec acharnement depuis le lancement de l’opération militaire russe en Ukraine, va à l’encontre du sentiment des populations françaises et allemandes, qui considèrent de plus en plus que la guerre et les livraisons d’armes devraient cesser pour laisser place à des pourparlers de paix, ainsi qu’au rétablissement du dialogue avec la Russie.

C’est ce qu’a affirmé Pierre de Gaulle, le petit-fils du général de gaulle, lors d’une interview avec le Dialogue franco-russe, le 26 décembre dernier.

Rappelons que son grand-père, à l’apogée de son désaccord avec les Anglo-Américains, avait quitté le commandement intégré de l’Otan en 1966, tout en restant dans l’Alliance atlantique mais en maintenant une politique de respect mutuel avec l’Union soviétique.

« L’opinion publique commence à prendre conscience du jeu pervers et des mensonges des Américains et en particulier de l’Otan, a affirmé Pierre de Gaulle, d’utiliser cette crise ukrainienne est utilisée pour déstabiliser l’Europe. (…) Les déclencheurs de guerre sont les Américains et l’Otan, et je voudrais citer comme preuve les déclarations récentes de Mme Merkel, qui a dit qu’elle n’avait jamais eu l’intention d’appliquer les accords de Minsk, négociés et signés pour garantir la sécurité, l’intégrité et le respect de la population russophone du Donbass. (…) Madame Merkel a tout fait pour laisser l’Otan armer l’Ukraine, a tout fait pour poser les bases de ce conflit (...). En autorisant cette expansion nationaliste ukrainienne, elle a laissé entre 16 000 à 18 000 personnes se faire tuer, être bombardées ; elle a laissé ces populations ukrainiennes nationalistes annihiler la culture russe, annihiler le sentiment même de leur appartenance à la Russie, (…) et elle a laissé malheureusement ces crimes s’installer ».

« Pourquoi Merkel est-elle silencieuse à ce sujet ? »

Le fondateur du parti allemand Die Linke, Oskar Lafontaine, qui avait déjà courageusement dénoncé la soumission de l’Europe à l’Otan (voir notre chronique du 5 décembre dernier), a rapidement rebondi, le 6 janvier : « Le petit-fils de Charles de Gaulle affirme à juste titre, en ce qui concerne les antécédents de l’invasion russe, que les Américains et l’Otan ont été les déclencheurs de la guerre, écrit-il sur le site NachDenkSeiten. Une telle déclaration en Allemagne entraînerait immédiatement l’accusation d’être poutiniste et l’exclusion du dialogue politique. Mais il est beaucoup plus important que de Gaulle accuse Angela Merkel d’avoir permis la mort de 16 000 à 18 000 Ukrainiens dans le Donbass, bombardé par leur propre gouvernement à Kiev. Ce rôle douteux de Merkel, qui ressort de son interview publiée par Die Zeit le 7 décembre, fait l’objet de discussions dans le monde entier et a incité Poutine à se demander si l’on peut encore faire confiance à quelqu’un en Occident et conclure des accords ».

Lafontaine rappelle également qu’en septembre 2021, la Cour des comptes européenne appelait déjà de toute urgence à un changement de la politique ukrainienne du gouvernement allemand : « Les experts estiment que des sommes énormes — de l’ordre de dizaines de milliards de dollars — sont perdues chaque année en Ukraine en raison de la corruption, écrivait alors la Cour des comptes. En outre, des rapports de plus en plus nombreux indiquent qu’une partie des armes livrées à l’Ukraine ne parvient pas à l’armée, mais est colportée sur le marché noir des marchands d’armes’ ».

Et Lafontaine de conclure : « Dans une interview accordée à Radio Munich, j’ai expliqué le changement nécessaire et urgent de la politique allemande en Ukraine, avec pour objectif l’arrêt immédiat des livraisons d’armes, un cessez-le-feu et une solution négociée ».

Le rôle criminel de l’Allemagne et de la France dans le sabotage délibéré de l’accord de Minsk est indéniable. Berlin et Paris, pour racheter leur âme, devraient abandonner leur politique de soumission aux lobbies de l’armement américain et appuyer l’offre du pape François pour l’ouverture immédiate et sans conditions préalables de pourparlers diplomatiques permettant de mettre fin à l’engrenage actuel qui risque de nous conduire à une apocalypse nucléaire.


A suivre : visioconférence sur internet le 10 janvier 2023, de 17h à 20h

« Que pensez-vous du droit des peuples, Madame Merkel ? »

Invités :

  • Ray McGovern, cofondateur des Veteran Intelligence Professionals for Sanity (VIPS)
  • Scott Ritter, ancien inspecteur de l’Unscom en Irak
  • Helga Zepp-LaRouche, fondatrice de l’Institut Schiller et présidente du Mouvement pour les droits civiques-Solidarité (BüSo)
  • Général Dominique Delawarde (cr), ancien officier de liaison français au Collège des officiers de l’armée américaine à Fort Leavenworth
  • Colonel Alain Corvez (er), conseiller en matière de sécurité
    et d’autres intervenants.