Ne battons pas en retraite, mobilisons !

mardi 17 janvier 2023, par Jacques Cheminade

« Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. »
Guillaume le Taciturne

La casse des retraites s’inscrit dans le plus grand « plan social » de l’histoire. Dire non est un réflexe humain élémentaire. C’est pourquoi le combat de l’intersyndicale qui défend nos acquis historiques est notre combat. Face à l’oligarchie financière, au business et aux « think tanks » anglo-américains, il faut cependant passer à l’offensive. Ils veulent un monde où le travail formate et déclasse, nous voulons un monde où il émancipe et élève. Ils veulent un monde où la joie s’éteint, nous voulons des jours heureux.

Pour que notre combat ne se noie pas dans les mots et les bonnes intentions, il est d’abord indispensable de nettoyer nos écuries d’Augias. Non seulement en mobilisant nos énergies mais en fournissant l’alternative, un redressement par un projet.

D’abord ne pas laisser dire que « la population se trouve en état de léthargie politique, d’apathie civique ou de vide de la pensée ». La réalité est que ceux qui sont aux commandes sont des fossoyeurs. Ils veulent rendre pessimistes et enfumer ceux qu’ils exploitent. Comme Macron l’a dit, en anglais, sur CBS News le 18 avril 2021 : « La déconstruction de notre propre histoire. » Le résultat est que dans tous les secteurs, une nouvelle bourgeoisie d’argent et de diplômes traite, formate et ne construit plus. Elle ne sait que détruire – depuis l’aérospatial jusqu’à ce qu’on mange, depuis le secteur public jusqu’aux entreprises – en livrant notre pays, sa langue, son école et son industrie à un capital étranger prédateur.

Ensuite, ne pas se cacher la responsabilité de l’opposition. Ses dirigeants se méprisent ou se détestent entre eux, au sein de la NUPES comme au sein du RN, et se perdent en querelles vulgaires et subalternes, comme disait le général de Gaulle. En agissant ainsi, ils nous méprisent car ils restent dans leur entre-soi.

Pour couronner le tout, nous subissons un modèle Sciences Po et grandes écoles de commerce, où les compétences financières détruisent volontairement la réalité humaine.

Les retraités ne sont pas un coût

Alors, comment en sortir ? Comment rétablir une politique du travail humain qui serve le bien commun et les générations futures ? La question des retraites permet d’élever le débat, si on la prend à sa racine. Les retraites, ce n’est pas tant d’actifs qui financent tant de retraités. Au contraire, c’est une productivité en élévation constante qui permet de financer des retraites heureuses ! Les retraités ne sont pas un coût, mais des êtres humains qui consomment, épargnent, aident leurs enfants, pratiquent le bénévolat. Qu’ils vivent de mieux en mieux est le signe de l’amélioration et du progrès de la société. Au contraire, la « réforme Macron » trahit ceux qui ont fait la France et décourage ceux qui vont la construire.

Oui, avoir des retraites dignes suppose qu’on respecte et qu’on espère. Que l’on construise ensemble un monde où l’on soit bien dans son travail car il sert une société meilleure, que l’on construise le monde d’après celui de l’oligarchie financière qui tue, car son incapacité à créer mène à la guerre.

Pour les retraites, trouvons l’argent gaspillé ailleurs, dans les 80 milliards de dividendes du CAC40 en 2022, en élevant d’un point les cotisations retraite des employeurs, en pistant les milliards d’euros placés à l’étranger ou en poursuivant la paix et non la guerre. Améliorons les petites et moyennes pensions, éliminons la décote qui pénalise les carrières incomplètes, notamment celles des femmes, portons à 75 % la pension de réversion !

C’est possible si nous le fondons sur une nouvelle politique économique, en nous accordant à celle des pays émergents et ceux du Grand Sud qui s’efforcent d’élaborer une nouvelle architecture de sécurité et de développement international qui ne soit plus fondé sur la finance folle et criminelle.

Les retraites jettent le défi de l’espoir et de l’espérance. Relevons-le !