Destruction du gazoduc Nordstream : un terroriste à la Maison blanche ?

vendredi 10 février 2023

Chronique stratégique du 10 février 2023 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Le célèbre journaliste d’investigation américain Seymour Hersh vient de publier un article dans lequel il décrit dans le détail comment le président américain Joe Biden a fait sauter les gazoducs Nord Stream 1 et 2 dans la mer Baltique, en septembre dernier.

Toute personne normalement constituée devrait être stupéfaite face à l’anarchie complète qui s’emparée du gouvernement américain vis-à-vis de ses « partenaires ». Et comme l’affirme notre amie allemande Helga Zepp-LaRouche, si le gouvernement allemand ne prend pas de mesures face à une révélation aussi scandaleuse, il n’aura plus aucune légitimité pour rester au pouvoir. De même pour le gouvernement français.

L’article de Seymour Hersh, qui s’appuie sur des sources publiques et privées, démontre que le président Biden, par l’intermédiaire de son conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, avait examiné le projet de destruction des pipelines dès 2021 et avait ensuite donné son feu vert à l’opération.

Étaient également impliqués des membres de l’état-major interarmées des États-Unis, la CIA, les départements d’État et du Trésor des États-Unis, ainsi que les gouvernements de la Norvège et du Danemark. Au Département d’État, on peut noter le rôle de Victoria Nuland, la sous-secrétaire d’État pour les Affaires politiques des États-Unis, qui avait été au cœur du coup d’État de 2014 de Maïdan sous Obama, et qui s’est vanté il y a quelques jours du fait que Nord Stream n’était « plus qu’un tas de ferraille » au fond de la mer. Ajoutons qu’en janvier 2022, peu avant le lancement de l’opération spéciale russe en Ukraine, Nuland avait déclaré : « Si la Russie envahit l’Ukraine, d’une manière ou d’une autre, le Nord Stream 2 sera arrêté ».

D’après Seymour Hersh, les explosifs ont été installés en juin 2022 lors de l’exercice militaire BALTOPS 22 par une équipe de plongée spéciale, puis ont été déclenchés à distance par un signal le 26 septembre 2022.

Les architectes de cet acte de destruction savaient qu’il s’agissait d’un « acte de guerre » et ont donc agit dans le secret absolu. Les médias atlantistes, en mettant de l’avant le scénario « Poutine a fait sauter ses propres gazoducs », et en écartant catégoriquement l’hypothèse « le crime profite à Washington », se sont donc rendus complices de cet acte de guerre.

A la lumière de cette monstruosité, l’Allemagne doit agir immédiatement !, s’exclame Mme Zepp-LaRouche. J’exige qu’une enquête complète sur les révélations de Seymour Hersh soit menée au Bundestag ! Dans le même temps, j’appelle le gouvernement allemand à demander des comptes au gouvernement américain. Le gouvernement allemand a le devoir constitutionnel d’éviter de nuire au peuple allemand. La destruction des infrastructures énergétiques touche aux fondements mêmes de notre niveau de vie et de notre stabilité économique.

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De son côté, sur son compte Twitter, Jacques Cheminade a également demandé l’ouverture d’une enquête à l’Assemblée nationale sur les révélations de Hersh, « au nom de notre souveraineté nationale ».

Il faut souligner que Seymour Hersh (né en 1937) n’est pas n’importe quel journaliste américain. Il est tout sauf un gauchiste ; c’est même un farouche opposant au régime russe. Quoi qu’il en soit, il applique une éthique journalistique exemplaire qui consiste à trouver la vérité, même lorsque cela met en cause son propre pays et son propre gouvernement.

  • En 1969, il est le premier journaliste américain à révéler le massacre de My Lai par des soldats américains au Vietnam, une « opération de routine » ;
  • En 1983, il est le seul à affirmer que l’abattage d’un avion civil de Korean Air par l’Union soviétique était le résultat d’opérations américaines à proximité qui ont donné aux défenses aériennes russes de fausses impressions, avec des conséquences fatales ;
  • En 1998, il est le seul journaliste américain à affirmer que le bombardement par le président Clinton d’une prétendue usine d’armement au Soudan avait en fait détruit la plus grande entreprise pharmaceutique du pays ;
  • En 2004, il est le seul journaliste américain à révéler la torture de prisonniers irakiens à Abu Graib ;
  • En 2013, il est le seul journaliste américain à souligner que le gaz toxique utilisé dans l’attaque de la ville de Ghouta en Syrie aurait tout aussi bien pu être produit et utilisé par les rebelles syriens.

Sa réputation de journaliste d’investigation intrépide amène ses « sources » à lui confier des informations secrètes, car elles savent qu’il respecte le secret de ses sources et publie effectivement ces informations. En bref, Hersh n’est pas un invité bienvenu dans le distingué establishment médiatique de Washington DC.

Alors que Hersch a reçu le prix Pulitzer pour la qualité de ses enquêtes, ces récentes révélations ne sont apparues dans aucun média grand public.

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