Retrait des troupes US de Syrie : la résolution d’un député américain pourrait forcer Biden

vendredi 3 mars 2023

Chronique stratégique du 3 mars 2023 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Aux Etats-Unis, un député républicain a introduit une « résolution privilégiée » à la Chambre des représentants demandant le retrait des troupes américaines de Syrie. Car, tandis que la Constitution US confère le pouvoir de déclarer la guerre au seul Congrès, il s’avère que celui-ci n’a jamais autorisé la participation des forces armées américaines en Syrie ! En vertu de cette disposition constitutionnelle, cette résolution contraint même le Congrès à le voter dans un délai de 18 jours après son dépôt, ce qui renvoie le vote à la mi-mars.

Le représentant Matt Gaetz, un républicain de Floride, membre de la commission des services armés de la Chambre des représentants, a déposé sa résolution à suite d’un communiqué de presse publié le 17 février par l’Armée américaine, qui annonçait que 4 militaires américains avaient été blessés lors d’un raid héliporté mené en partenariat par les États-Unis et les Forces démocratiques syriennes (FDS) dans le nord-est de la Syrie, qui a finalement tué un haut dirigeant d’ISIS.

Des inquiétudes croissantes continuent d’indiquer que Joe Biden lui-même n’a pas une bonne compréhension du conflit syrien. Lors d’une interview accordée en août 2021 à ABC News sur l’implication des États-Unis dans le conflit syrien, le président américain a déclaré : « Nous n’avons pas de militaires en Syrie pour nous assurer que nous allons être protégés ». Au moment de l’interview, les États-Unis avaient environ 900 soldats en Syrie…

Pour l’Institut Schiller, il est surtout clair que suite aux tremblements de terre qui viennent d’endeuiller tragiquement la Turquie et le Nord de la Syrie, le traitement infligé à ce pays, qui cumule la présence militaire américaine aux sanctions « César » décrétées par Donald Trump, dont le Congrès américain vient de voter la prolongation, devient proprement intolérable.

Le principe d’humanité le plus élémentaire exige que les troupes américaines soient retirées de Syrie, et que toutes les sanctions soient levées.

Texte de la résolution déposée par le député républicain Matt Gaetz

Voilà pourquoi la résolution de Matt Gaetz (voir ci-contre) est si importante.

Car elle stipule : « que, conformément à la section 5 (c) de la résolution sur les pouvoirs de guerre, le Congrès ordonne au président de retirer les forces armées américaines de Syrie au plus tard à la date qui suit de 15 jours la date d’adoption de la résolution concurrente ».

Le Congrès n’a jamais autorisé l’utilisation de la force militaire en Syrie, explique le député Matt Gaetz sur son site officiel. Les États-Unis ne sont actuellement pas en guerre avec ou contre la Syrie, alors pourquoi y menons-nous des opérations militaires dangereuses ? Le président Biden doit retirer toutes les forces armées américaines de Syrie. L’Amérique d’abord signifie mettre en avant le peuple de notre pays, et non les intérêts du complexe militaro-industriel.

Dans les médias, Gaetz a fait part de sa désillusion au regard des démocrates qu’il pensait anti-guerre et qui se sont totalement désavoués, au point de devenir des « pom-pom girls » du conflit armés. « Ils agitent leurs pompons pour l’OTAN. Et donc, je cherche où se trouve la coalition anti-guerre au Congrès », a-t-il déclaré.

Nos amis de l’Institut Schiller aux États-Unis ont lancé une mobilisation nationale visant à inonder les bureaux des sénateurs et députés du Congrès de courriels, d’appels et de visites, d’ici jusqu’au 17 mars, date limite à laquelle le Congrès doit avoir voté la résolution de Matt Gaetz.

La pression sur la Maison-Blanche s’accroît depuis plusieurs semaines. Le 17 février, un appel, intitulé « Les National Faith Organizations exhortent les États-Unis à lever les sanctions contre la Syrie et à accélérer l’aide humanitaire pour faciliter la réponse au tremblement de terre », a été lancé par 16 organisations confessionnelles de divers horizons. Il demande à l’administration Biden et aux membres du Congrès de « lever les sanctions, suivre une voie diplomatique et en envoyer de l’aide aux personnes les plus touchées en Turquie et en Syrie ».

Le 21 février, lors d’un webinaire de l’Institut Schiller intitulée « Les sanctions contre la Syrie doivent être levées », plusieurs orateurs, qui ont une connaissance directe sur le terrain des difficultés auxquelles sont confrontés les Syriens, ont tous abondé dans le même sens : résoudre les problèmes du manque d’eau, d’électricité, de logements, de vêtements et de nourriture implique la levée des sanctions et la fin de l’occupation américaine. Avant les tremblements de terre, les sanctions et la guerre ont plongé 90 % de la population syrienne dans la pauvreté, imposée par l’occupation américaine des régions productrices de pétrole et de blé de la Syrie.

Le 1er mars, l’Institut Schiller a publié un nouvel appel à lever les sanctions et à mettre fin à l’occupation de la Syrie par les États-Unis, que nous vous invitons à lire et à faire circuler.

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