Après une heure d’attaques dirigées contre les puissances autoritaires et inamicales, la Russie, la Chine et la Turquie, accusées de nous faire la guerre à coup de cyberattaques, fake-news et ingérences politiques, la parole fut enfin donnée à la salle. Rien n’avait été dit pour condamner les écoutes téléphoniques menées par la NSA à l’encontre des plus hauts responsables politiques européens, les ingérences politiques de la CIA en Europe de l’Est et de l’Ouest ou l’espionnage du MI6...
C’était sans compter avec la ténacité de certains auditeurs, notamment de Rémi Lebrun, militant de Solidarité & Progrès, qui profita de la période de question/réponses pour interpeller Mme Loiseau sur les atteintes à la souveraineté commises par les États-Unis en Europe, notamment dans le sabotage des gazoducs NordStream 1 et 2.
Rémi Lebrun lui demanda :
Seymour Hersh, le journaliste américain, prix Pulitzer, accuse la Maison-Blanche d’avoir détruit le NordStream 2. De nombreux experts militaires pensent que c’est plausible. Est-ce que vous êtes favorable à une enquête française et publique sur cette question ? Selon votre réponse, on saura si vous soutenez le peuple ukrainien et le retour à la paix, ou si vous soutenez une guerre impériale, une guerre de domination de la Maison-Blanche contre la Russie en Europe. C’est totalement différent.
Sur la défensive, Loiseau évita la question : « Ayant été à Boutcha et ayant vu les corps des civils ukrainiens torturés par l’armée russe, je ne vous laisserai pas parler de guerre impériale des États-Unis. »
Face à l’insistance du militant, elle se résolut à sortir le « narratif » de l’OTAN sur les révélations de Hersh. « Malheureusement, à cause de son âge, Seymour Hersh a été manipulé pendant des années. Il nous dit que Nord Stream a été détruit par les Américains, mais il ne cite personne, uniquement des sources anonymes, et son article est posté sur son blog parce qu’aucun journal américain n’a accepté de le publier. Aucun, parce que plus personne ne considère Seymour Hersh comme un journaliste de talent, et je le dis avec beaucoup de peine parce que c’est un homme pour lequel j’ai beaucoup de tendresse. Mais, il arrive que l’on soit manipulé, piégé... »
Le couac de Loiseau : la Russie fait partie de l’enquête.
Après ces propos scandaleux et les nombreuses tentatives de Lebrun pour obtenir des réponses, Loiseau daigna répondre à sa question concernant NordStream :
Je suis désolée, je ne suis pas d’accord. Je vous le dis, Seymour Hersh dit n’importe quoi.
Et là, sous la pression, c’est l’incroyable couac : Nathalie Loiseau, ancienne dirigeante de l’ENA, directrice générale de l’administration au Quai d’Orsay et diplomate chevronnée, déclare sans sourciller :
Je soutiens l’enquête indépendante qui est menée par le Danemark, par la Suède et par la Russie... [sic]
Or, la Russie ne fait évidemment pas partie de cette enquête « indépendante » et s’est plainte de façon répétée de ne pas y avoir été invitée ! Comment la vice-présidente de la commission de la Défense du Parlement européen – elle qui, il y a seulement quelque mois, avait lancé une chasse aux sorcières, appelant même à saisir leurs biens, contre les observateurs internationaux qui s’étaient rendus dans les quatre régions du Donbass libérées par la Russie afin de contrôler la légitimité des scrutins – comment cette même personne a-t-elle pu faire une telle erreur ? Mensonge ou incompétence, les spécialistes en débattront longtemps et ajouteront ce énième couac à la liste déjà bien longue des bévues de Madame Loiseau.
Après le discours, l’auditoire de 50 personnes se divisa en deux camps : les partisans de Loiseau et ceux qui trouvent scandaleux de tout mettre sur le dos de la Russie et de la Chine. Avis donc à tous ceux qui rejettent la politique de guerre du pouvoir : n’hésitez pas à manifester votre désaccord et à exiger des réponses précises à vos questions.
