L’éditorial de Jacques Cheminade pour Nouvelle Solidarité

La France face au cauchemar

mercredi 17 mai 2023, par Jacques Cheminade

L’oligarchie du monde transatlantique, les organismes supranationaux qu’elle contrôle et les dirigeants politiques qui la servent nous entretiennent depuis plus de 50 ans dans un univers où leur narratif financier et géopolitique se substitue à la réalité. Une inondation de monnaie surplombe l’effondrement de l’économie réelle. Le capital fictif, de plus en plus détaché de l’économie physique et humaine, est devenu de plus en plus prédateur.

Notre industrie a été vendue à la découpe. Le pouvoir d’achat et le pouvoir vivre de notre peuple subissent le garrot de la dette. Jusqu’à en arriver aujourd’hui à la destruction du travail humain. Au sommet, des mafias en col blanc mais aux mains sales, à la base, des mafias sanguinaires, non seulement en Colombie ou au Mexique, mais aux Pays-Bas, en Italie et à Marseille. Certains comportements d’Emmanuel Macron sont le reflet que ces deux extrêmes communiquent.

Leur système, incapable de créer un monde accueillant plus d’êtres humains, engendre sous nos yeux le chaos et la guerre. Son horizon est la guerre. A l’ère du nucléaire, cela signifie ce que Charles de Gaulle appelait le risque que « l’humanité s’anéantisse elle-même un jour dans de monstrueuses destructions ». C’est dans ce contexte que l’oligarchie anglo-américaine a multiplié les guerres depuis 1945, contre les pays et les peuples refusant de se soumettre à son « ordre fondé sur des règles ». L’invasion provoquée de la Russie en Ukraine n’est que l’aboutissement de cette dynamique destructrice.

Il est impossible de parvenir à la paix dans ce contexte de vassalisation oligarchique des peuples. Preuve en est le rejet par Zelensky de l’offre de médiation du Vatican. Il a bien fait savoir qu’il recherche des armes et non la paix. Tous les pays de l’OTAN – tous, à des nuances près – n’envisagent de négocier qu’après le succès d’une contre-offensive ukrainienne, pour laquelle ils sont prêts à mourir jusqu’au dernier des Ukrainiens.

Un potentiel commun pour un ordre plus juste

Faut-il donc désespérer ? Non. Il faut écouter la voix de ceux qui réclament un autre ordre que celui du dollar-roi des marchés financiers sous contrôle algorithmique. Le Sud planétaire se révolte. Les pessimistes, aux motivations intéressées, nous disent que c’est un agglomérat de pays désunis sans projet commun. En effet, il ne s’agit pas d’un tout uniformisé, mais il s’agit bien d’un potentiel commun pour un ordre plus juste. C’est cet ordre de paix par le développement mutuel pour lequel Lyndon LaRouche s’est toujours battu, notamment au sommet des Non-alignés de Colombo, en 1976, et que j’ai moi-même défendu dans mes campagnes présidentielles et lorsque j’étais à Moscou en mars 2002. Russes et Chinois étaient alors prêts à établir un partenariat en vue de cette politique de paix par le développement mutuel, de l’Atlantique à la mer de Chine. Les gouvernements français n’ont pas saisi l’occasion.

Aujourd’hui cette occasion se représente. Les « moins-values latentes » apparaissent dans tout le système financier occidental et la majorité du système bancaire américain est « potentiellement insolvable ». L’oligarchie est affaiblie dans ses œuvres vives. Si nous ne sommes que la septième puissance économique mondiale, notre peuple a encore un sens de sa souveraineté. Nous ne sommes pas condamnés à être des vassaux, comme la BCE de Christine Lagarde. Nous disposons de l’arme nucléaire, nous sommes la première puissance maritime mondiale, nous disposons de l’Organisation de la francophonie et d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. C’est là que nous devons devenir le catalyseur et la voix de tous les pays et peuples du monde attachés à un développement de l’économie réelle, avec la Chine des Nouvelles Routes de la soie. Non pour nous assujettir à un système uniformisé mais pour tenir notre rang historique d’inspirateur.

C’est toujours face au cauchemar que la France se retrouve elle-même, pourvu que nous tenions « notre pacte vingt fois séculaire » avec la liberté du monde.