Sommet Russie-Afrique : Londres et Washington devant le fait accompli

vendredi 28 juillet 2023

Chronique stratégique du 28 juillet 2023 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Le deuxième Forum Russie-Afrique, dont la devise est « pour la paix, la sécurité et le développement », se tient les 27 et 28 juillet à Saint-Pétersbourg, avec plus de 20 chefs d’État présents, malgré le harcèlement de Londres et de Washington et les dénonciations du gouvernement fantoche de Kiev.

Échec des prédictions d’échec occidentales

A Saint-Pétersbourg, 49 pays sont représentés par des délégations, dont 21 emmenées par des chefs d’État ou de gouvernement. L’agence TASS rapporte qu’en plus des dirigeants nationaux, 17 autres pays sont représentés par des vice-premiers ministres et des ministres des Affaires étrangères et cinq par des ambassadeurs. Des représentants de plusieurs organisations africaines et institutions financières et commerciales sont également présents.

Le programme du Forum est constitué de deux jours de panels et de sujets de discussion sur des questions vitales pour le développement de l’Afrique dans des domaines aussi cruciaux que la construction d’infrastructures, la technologie nucléaire, l’innovation spatiale, la souveraineté alimentaire et la fin de l’ère du colonialisme.

Comme on pouvait s’y attendre, les médias occidentaux ont scandé que ce sommet serait un échec, sous prétexte que le nombre de chefs d’État avait chuté par rapport aux 43 qui ont assisté au premier sommet Russie-Afrique en 2019. Le Financial Times, par exemple, s’est réjoui le 25 juillet du « coup dur pour Poutine » que cela représentait. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a répondu que le nombre de dirigeants présents avait en effet été réduit, en partie à cause de leurs horaires de travail, mais aussi en raison des pressions, de « l’ingérence absolument flagrante et odieuse des États-Unis, de la France et d’autres pays par le biais de leurs missions diplomatiques dans les pays africains et des tentatives de faire pression sur les dirigeants de ces pays afin d’empêcher leur participation active à ce forum ».

Mercredi, à l’arrivée des délégations, Vladimir Poutine a prononcé le discours de bienvenu devant les invités et les participants, puis des réunions bilatérales ont eu lieu entre le président russe et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, le président égyptien Abdel Fattah el-Sisi, ainsi que Dilma Rousseff, présidente de la Nouvelle banque de développement des BRICS.

Vers un nouvel ordre mondial

Lors de son discours d’ouverture jeudi, Poutine a mis en avant les progrès réalisés en matière de coopération agricole, énergétique et industrielle, avec plus de 30 projets énergétiques conjoints actuellement mis en œuvre dans 16 États africains. Il a également souligné l’importance d’établir un nouvel ordre mondial plus juste, basé sur les principes de multipolarité, de souveraineté des nations et de coopération financière ; il a notamment ajouté qu’il était essentiel de passer à des règlements en devises nationales dans les échanges bilatéraux, afin de faciliter les paiements transfrontaliers malgré les restrictions imposées par l’Occident.

Lors de leur rencontre, Dilma Rousseff et Vladimir Poutine ont justement discuté d’éventuelles nouvelles mesures de réorganisation monétaire qui pourraient être adoptées par plusieurs pays au cours des prochains mois, laissant présager une possible « déclaration d’indépendance économique » de la « majorité mondiale » qui se constitue depuis plusieurs mois dans l’hémisphère sud.

Il est significatif que le portail d’information des BRICS ait publié, à la veille du Forum Russie-Afrique, la première partie de l’article de nos amis américains de l’Executive Intelligence Review (EIR), Dennis Small et M.J. Freeman, intitulé « Essentials of Physical Economy for a BRICS Transition to a New International Financial System » (Les clés de l’économie physique pour une transition des BRICS vers un nouveau système financier international).

Le programme du sommet Russie-Afrique montre que le processus est bel et bien engagé, avec, par exemple : « Les technologies nucléaires pour le développement de la région africaine », « Les technologies spatiales pour accélérer le développement économique et améliorer le niveau de vie de la population », « Russie-Afrique : partenariat pour la souveraineté alimentaire », « Atteindre la souveraineté technologique grâce à la coopération industrielle », ou encore « Nouvel ordre mondial : de l’héritage du colonialisme à la souveraineté et au développement »

En potentiel, c’est un « Nouveau Monde LaRouche » qui est sur le point de se manifester !

Imaginez, avec 700 millions d’Africains âgés de moins de 19 ans (sur 1,2 milliard), si le virus de l’optimisme culturel se répandait sur ce continent… Bye bye, NSSM-200 [1] !

Vous venez de lire notre chronique stratégique « Le monde en devenir ». ABONNEZ-VOUS ICI pour la recevoir sans limitation. Vous aurez également accès à TOUS les dossiers de ce site (plus de 400 !)...

[1Le NSSM-200 (titre officiel : Implications de la croissance démographique mondiale pour la sécurité et les intérêts outre-Mer des États-Unis) a été rédigé en 1975, sous la direction de Henry Kissinger, alors conseiller à la Sécurité nationale du président Nixon. Ce document secret, rendu public en 1990, supposait que la croissance démographique dans les pays en voie de développement constituait une « menace » stratégique pour les États-Unis et tout l’Occident dans la mesure où ces pays pouvaient décider d’utiliser leurs ressources, notamment le pétrole et le gaz naturel, pour leur propre développement économique.