Les Occidentaux répondront-ils aux appels de Poutine ?

mercredi 6 mars 2024

Vladimir Poutine lors de son interview par Tucker Carlson en février 2024
the Tucker Carlson Network

À deux reprises au cours du mois de février, le président russe Vladimir Poutine a directement adressé une question stratégique urgente aux populations occidentales et à leurs dirigeants. 

Le 6 février, au cours d’un entretien avec le journaliste américain Tucker Carlson, le président russe a fait remarquer que l’ensemble des sanctions et de la politique de guerre contre la Russie s’était retourné contre les États-Unis :

Réalisez-vous au moins ce qui se passe ou non ? Est-ce que quelqu’un aux États-Unis s’en rend compte ? (…) Vous êtes en train de vous isoler. Tous les experts le disent. Demandez à n’importe quelle personne intelligente et réfléchie aux États-Unis ce que le dollar signifie pour les États-Unis. Et vous êtes en train de le détruire de vos propres mains (…). Les outils utilisés par les États-Unis ne fonctionnent plus. Alors, il faut réfléchir à ce qu’il faut faire. Si cette prise de conscience parvient aux élites dirigeantes, alors oui, la première personne de l’État [le président, ndlr] agira en anticipant ce que les électeurs et les personnes qui prennent les décisions à différents niveaux attendent d’elle. Alors peut-être que quelque chose changera. 

Interrogé sur le dialogue entre les États-Unis et la Russie, Poutine a répondu : « Nous sommes prêts à parler. Mais avec qui ? Et avec quelles garanties ? Il y en aucune ».

Puis, le 29 février, lors de son discours annuel à l’Assemblée fédérale russe, les président russe a mis en garde contre les conséquences de la menace (proférée par un certain président français) sur l’envoi des troupes de l’Otan pour renforcer les forces ukrainiennes directement sur le terrain :

Nous nous souvenons du sort de ceux qui ont voulu par le passé envoyer leurs contingents sur le territoire de notre pays. Mais cette fois-ci, les conséquences pour d’éventuels interventionnistes seront bien plus tragiques. Il faut qu’ils comprennent, en fin de compte, que nous disposons aussi d’armes – oui, ils le savent, je viens de le dire – qui peuvent atteindre des cibles sur leur territoire. Et ils devraient comprendre que ce qu’ils font maintenant pour effrayer le monde entier risque de provoquer un conflit avec les armes nucléaires, ce qui entraînerait la destruction de la civilisation. Est-ce qu’ils comprennent cela, ou non ?

Les élites américaines et européennes ont-elles répondu aux appels insistants de Poutine au dialogue pour écarter le danger d’une guerre nucléaire ? Non. Pas un mot qui entre dans la catégorie du rationnel. Au contraire :

  1. Le secrétaire général adjoint de l’Otan, Mircea Geoana, a qualifié les avertissements de Poutine de bluff, déclarant : « Nous ne voyons aucune menace imminente de voir la Russie utiliser ces armes ». Selon lui, les commentaires du président russe relevaient davantage de « la logique d’une intimidation psychologique que d’intentions réelles ». Le New York Times a quant à lui relevé que « M. Poutine a proféré à plusieurs reprises des menaces nucléaires voilées contre l’Occident ».
  2. Le président français Emmanuel Macron a réaffirmé sa proposition d’envoyer des troupes sur le terrain en Ukraine, affirmant le 29 février https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2024/03/01/ukraine-24467.html que ses propos en ce sens lors de la réunion du 26
    février d’une vingtaine de dirigeants européens à Paris avaient été « pesés, réfléchis et mesurés ». Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a surenchéri le 28 février devant la commission des services armés de la Chambre des représentants : « franchement, si l’Ukraine tombe, je crois vraiment que l’Otan se battra contre la Russie ». Bienvenu dans l’asile des docteurs Folamour !
  3. La choquante conversation téléphonique récemment divulguée entre de hauts responsables militaires allemands évoquant les tactiques et moyens envisagés pour mener une attaque sur le pont de Kertch reliant la Crimée à la Russie, a été reconnue comme « authentique » par le ministère allemand de la Défense, selon les informations des journaux allemands Spiegel et Die Welt. Le président de la Douma (le parlement russe) Viatcheslav Volodine a demandé dans un message sur sa chaîne Telegram si le chancelier allemand Olaf Scholz se rendait compte que « ces actions nécessiteront que la Russie conduise des frappes réciproques ».

Il est difficile d’exagérer le danger extrême que représente la folie collective manifestée par les réponses occidentales telles que celles-ci, face à la situation stratégique brûlante et aux appels répétés du président Poutine au dialogue.

Comparez cela avec la manière dont les principaux dirigeants du Sud, tels que Cyril Ramaphosa en Afrique du Sud et Lula da Silva au Brésil, ont fait preuve de moralité et de sens politique en exigeant les changements politiques nécessaires – à Gaza, en Ukraine, en matière d’économie et de sécurité...

La balle est désormais dans le camp des États-Unis et des nations européennes. Un soutien large et visible à l’approche préconisée par l’économiste américain Lyndon LaRouche dans son Plan Oasis pour le Proche et le Moyen-Orient de 1975, toujours d’actualité, est un bon point de départ. Le président brésilien Lula a exprimé le 18 février ce que pensent les dizaines de millions de personnes qui manifestent dans les rues en Occident, protestant contre le génocide et contre les politiques économiques qui tuent les Palestiniens à Gaza, lorsqu’il a averti que « soit les dirigeants politiques changent de comportement à l’égard des êtres humains, soit les êtres humains finiront par changer la classe politique ».