Gaza : pour créer une zone tampon, Israël accélère son nettoyage ethnique

mercredi 6 décembre 2023

Chronique stratégique du 6 décembre

Depuis la fin de la « trêve » jeudi dernier, les bombardements d’Israël se sont poursuivis à Gaza, le bilan meurtrier s’alourdissant chaque jour. Dimanche, les frappes ont visé la région de Khan Younès et la ville méridionale de Rafah, dans le Sud de la bande, où se trouvent les populations ayant fui la première phase de bombardement. 

« L’armée israélienne a élargi les ordres d’évacuation à Khan Younès et dans ses environs, demandant aux habitants d’au moins cinq autres zones et quartiers de partir », rapporte Associated Press. Les observateurs de l’ONU ont souligné que ceux qui ont reçu l’ordre de partir venaient d’environ un quart du territoire de Gaza, où vivaient près de 800 000 personnes avant la guerre.

En outre, un conseiller de Netanyahu a déclaré le 2 décembre qu’Israël chercherait à créer une « enveloppe de sécurité » ou une zone tampon entre Gaza et Israël après la guerre. Selon le Times of Israël, Netanyahu en avait informé le secrétaire d’État américain Antony Blinken le 30 novembre, affirmant que « l’armée israélienne établirait une zone tampon ’profondément’ dans Gaza après la guerre ». 

En guise de réponse à la reprise du carnage et du nettoyage ethnique par le gouvernement Netanyahou, Washington s’est contenté d’appeler mollement à la prudence. Le coordinateur du Conseil de sécurité nationale pour les communications stratégiques, John Kirby, a résumé la situation dimanche sur NBC News : « Je veux clarifier deux choses. La première est que nous allons continuer à soutenir Israël alors qu’ils s’attaquent au Hamas – l’aide à la sécurité continue d’affluer. Cela ne va pas changer », a-t-il déclaré. « Nous allons également faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous assurer qu’ils comptabilisent correctement la population civile et minimisent autant que possible les dégâts et les victimes. »

Shannon Bream, de Fox News, a posé ce matin des questions sur les propositions visant à ce que les États-Unis imposent des restrictions sur l’aide à Israël. Kirby a répondu : « Israël est un pays souverain. » Il a le « droit et la responsabilité » de répondre à une attaque terroriste. « Nous ferions la même chose. N’importe quelle nation le ferait ».

Avec de telles commentaires, peu de chances que Israël ne réfrène ses ardeurs. Pourtant, tout le monde sait qu’un ultimatum clair à l’encontre de Netanyahou de la part de Washington pourrait sans doute arrêter le massacre. 

Nettoyage ethnique de Gaza

Comme nous l’avons rappelé dans nos précédentes chroniques, la guerre en Asie du Sud-Ouest est une création britannique remontant au début du XXe siècle. De ce point de vue, il est intéressant de noter que le quotidien phare de la City de Londres, le Financial Times, a rapporté en connaissance de cause et en détail les plans de guerre d’Israël le 1er décembre – quelques heures après la fin de la trêve à Gaza. D’après le quotidien, Israël se projette dans une longue guerre, avec une concentration à la fois sur la ville de Gaza et sur le sud, impliquant notamment la « prise en charge » du Sinaï égyptien.

« Israël planifie une campagne contre le Hamas qui s’étendra sur un an ou plus, la phase la plus intensive de l’offensive terrestre se poursuivant jusqu’au début de 2024, selon plusieurs personnes familières avec les préparatifs », a écrit le Financial Times« Ce sera une très longue guerre... Nous ne sommes actuellement pas à mi-chemin de la réalisation de nos objectifs », a déclaré une personne familière avec les plans de guerre israéliens.

« La stratégie globale d’Israël pour Gaza est flexible, avec un calendrier dicté par de multiples ‘horloges’, y compris les progrès opérationnels sur le terrain, la pression internationale et les opportunités de libérer les otages israéliens », ont déclaré ouvertement les personnes consultées par le FT.

L’offensive sudiste n’est qu’à son début, précise le quotidien. Les opérations israéliennes se concentreront sur Khan Younès, dans le sud, la deuxième plus grande ville de Gaza, « ainsi que sur Rafah, à l’extrémité sud de la bande de Gaza, à la frontière avec l’Égypte. Le passage frontalier entre Gaza et l’Égypte et les tunnels souterrains de contrebande sont le principal canal d’oxygène pour que le Hamas reconstruise ses capacités militaires », a déclaré l’une sources du FT, informée sur les plans de guerre d’Israël.

Danger d’élargissement régional du conflit 

Autrement dit, la situation évolue très dangereusement vers un élargissement régional du conflit, avec l’implication de l’Égypte, du Hezbollah libanais, de la Syrie et de l’Iran. À cet égard, il convient de noter que « les forces israéliennes et les militants du Hezbollah ont échangé des tirs à travers la frontière israélo-libanaise tout au long de la journée de samedi », comme l’a rapporté Reuters le 2 décembre. Le Hezbollah a annoncé avoir perdu 2 combattants lors des combats. 

Plus dangereux encore est l’information, confirmée dimanche par le Pentagone, selon laquelle deux navires commerciaux et apparemment un navire de la marine américaine ont été attaqués dans la mer Rouge. « Nous sommes au courant des rapports concernant des attaques contre l’USS Carney et des navires commerciaux dans la mer Rouge et nous fournirons des informations dès qu’elles seront disponibles », a déclaré le Pentagone à l’Associated Press. Le Carney est un destroyer de classe Arleigh Burke. On ne sait toujours pas quels dommages, le cas échéant, les navires ont subis lors des attaques.

Pendant ce temps, le journal londonien The Guardian a rapporté le 2 décembre qu’il y avait également eu des frappes aériennes israéliennes sur la Syrie, tuant deux membres des Gardiens de la révolution iraniens. Les frappes près de la capitale syrienne de Damas sont intervenues moins de 24 heures après la fin d’une pause de sept jours dans les combats entre Israël et le Hamas, allié du Hezbollah, dans la bande de Gaza.

Il est donc urgent de promouvoir massivement le plan proposé par l’Institut Schiller, reprenant le « plan Oasis » de l’économiste américain Lyndon LaRouche, et visant à bâtir une paix par le développement dans l’ensemble de cette région, autour de l’eau, de l’énergie et des transports. Le rejet de la politique vengeresse et suicidaire de Netanyahou est partout, y compris parmi les populations juives du monde entier, et il ne manque qu’une perspective positive, commune à toutes les parties du conflit, pour sortir de la crise.