Semaine d’action à Lyon : organiser le parti de la Résistance

mercredi 23 février 2005

Tout môme s’est un jour figuré, lors de la classe d’histoire, être l’organisateur héroïque de cette armée de l’ombre qui, malgré la clandestinité, représentait évidemment la France. Ce sentiment profond ressurgit lorsque la réalité se fait de nouveau Histoire aux yeux de ceux qui aiment la reconnaître. La mission, telle que le passé nous la transmet, est de bâtir le pan manquant qui a provoqué l’échec, provisoire, du parti de la Résistance. A nous de prendre le parti de la Renaissance. Si les circonstances façonnent l’action populaire, seul l’homme passionné peut entreprendre de changer ces circonstances qui, sans lui, deviennent fatales. Et la passion, comme notre univers, ne procède pas par génération spontanée.

Qu’est-ce qui peut pousser l’individu à se voir dans la destinée commune ? Le courage ? Oui, mais pas seulement, car sans principes véritables, pas de puissance, c’est-à-dire qu’une culture n’existe pas si elle ne vient pas justement de nature curieuse de découvreur. Vingt-cinq membres et sympathisants du mouvement de jeunes de LaRouche (LYM) s’étaient donné rendez-vous dans la campagne rennaise, du 4 au 6 février, pour des joutes scientifiques et politiques, occasion de faire vivre en nous ce que tout homme possède, son instinct de créateur. Et ce n’est que lorsque ce don de la nature est mis au centre des relations sociales que l’homme devient au meilleur de lui-même, cette personne qui transforme.C’est dans cet état de conscience que l’ensemble du LYM français s’est ensuite réuni à Lyon entre le 7 et le 13 février. Ce n’est pas le hasard mais les événements politiques qui nous y ont pressés, puisque le 9 février, Jacques Cheminade et Eric Sauzé étaient condamnés en appel à verser 25 000 euros de dommages et intérêts à Dominique Perben, pour avoir exposé la double vie de la famille politique française, dignement anti-guerre en public, mais cachant des compromissions en privé. Et pour rajouter à l’hypocrisie, qui était célébrée à Paris, pendant que Jacques Cheminade était condamné à Lyon ? Condi Rice !

Vivant au milieu de cette absurdité, dénier la réalité devient de plus en plus impossible et plusieurs Lyonnais s’étaient donné le mot. De bouche à oreille, mis en éveil par leurs amis déjà politisés par notre action, jeunes et moins jeunes se sont retrouvés à la réunion publique de Jacques Cheminade. Et plusieurs personnes enthousiastes nous ont téléphoné après avoir reçu un des 10 000 exemplaires du tract « arrêtons le modèle Pinochet ». A la sortie des métro, au milieu des journaux gratuits, les jeunes militants de Solidarité et Progrès n’ont pas hésité à dénoncer ce contrôle social, amenant les passants à s’arracher notre tract, afin de prouver que Lyon n’est pas une ville de collabos.Ce qui réveille le plus en nous cette envie d’aller transformer la population est l’agitation lycéenne.

Près de 10 000 lycéens défilèrent entre Saône et Rhône, mécontents du traitement que la société des « adultes » leur inflige. Cette manifestation nous pressait d’intervenir pour sortir le débat du, je cite, « Fillon, enculé », et tenter de forger un idéal politique à partir de cette énergie débordante.

C’est en mettant en scène un Sarkozy aux grands ciseaux, tenu en laisse par son fidèle banquier et fouetté par la secrétaire d’Etat américaine toute de panthère vêtue que nous avons démystifié la chimère politique. Sans oublier un George « débilo » Bush leur racontant des histoires de chèvre et de choux. Les lycéens ne s’y trompaient pas. Tirés quelques instants de leur folie, ils s’arrachaient les tracts, bien que le service d’ordre sponsorisé par l’extrême-gauche universitaire et syndicale, calomnies en bouche, plongeait lui en pleine folie et arrachait le tract des mains des manifestants ! Mais justice fut faite en nous surélevant au balcon d’un parking, à la vue de tous et hors de portée de la milice barbue, pendant que deux d’entre nous bombardaient théâtralement le cortège de plusieurs milliers de tracts à partir du cinquième étage d’un immeuble, grâce à la complicité fortuite d’un citoyen volontaire. Il n’y a donc pas de fatalité à la « Sarko-maso attitude » des Français, lorsque qu’un groupe d’individus décidé à les changer se donne les moyens de son intervention.

Faisant face à cette médiocrité ambiante, nous faisons redescendre dans la réalité l’esprit de ceux qui se sont battus dans l’honneur et la passion, pour la grandeur de la France, indissociable et indissocié de la liberté du monde. Jean Moulin, capturé dans les collines lyonnaises, a prêté son nom à bien des écoles et autres places publiques, mais c’est à nous qu’est confiée l’âpre joie de redonner à cette population moribonde la dignité morale qui marque l’action.

Bertrand Buisson