Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Scandales et déstabilisation

vendredi 11 février 2000

Qualifié par certains juges de « casse du siècle », le vaste système d’arrangements illicites entre les principaux groupes français du BTP pour la rénovation des lycées de l’Ile-de-France aurait permis de financier le RPR, le PS, le PR et le PCF entre 1989 et 1996. Quelque 560 millions de francs auraient ainsi, en toute illégalité, alimenté cette entente entre gens installés, les surfacturations et les détournements engendrant un surcoût globalement évalué à 2,5 milliards de francs pour les contribuables franciliens. Que des enfants aient pu passer une partie de la journée dans des constructions à la limite des normes de sécurité ne paraît avoir préoccupé personne...

Scandales de l’affaire Roland Dumas, de la MNEF, de l’affaire Destrade-Richard Moatti à gauche, de la Ville de Paris, de celles de Nice, Cannes, Lyon et Grenoble à droite, réquisitoire de la Cour des comptes contre la gestion de l’Etat et rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur le financement des syndicats par les organismes de retraite, avec l’accord du patronat : cela fait beaucoup, beaucoup trop, tous partis officiels et toute bureaucratie confondus.

Or c’est cette même caste politicienne qui a tenté de briser ma carrière politique et m’a personnellement ruiné. Car c’est bien sous son influence que mon compte de campagne aux élections présidentielles de 1995 a été rejeté par le Conseil constitutionnel. Ceux qui n’ont pas participé à la curée n’ont pas bougé le petit doigt pour protester contre l’injustice qui m’était faite.

Je devrais donc me réjouir que les donneurs de leçons soient aujourd’hui pris la main dans le sac. Ce n’est pourtant aucunement le cas. Car je suis convaincu qu’après l’opération « mains propres » en Italie, le déferlement d’affaires en France et en Allemagne vise à déstabiliser les institutions de l’Etat-nation. Certes les malversations ont bel et bien eu lieu. Cependant, à qui profite l’accumulation de leur exhibition ? Qui intérêt à multiplier les délations anonymes pour appeler l’attention des juges ? Au moment où va éclater l’une des crises monétaires et financières les plus graves de l’histoire contemporaine, le crime profite à une oligarchie financière qui, pour se maintenir au pouvoir, doit écarter toute velléité de résistance possible, et donc polluer la vie politique et tenir ses acteurs.

C’est contre cette oligarchie financière qu’il faut organiser le combat, y compris avec ceux qui l’ont servie hier et doivent reconnaître aujourd’hui qu’elle est bien peu reconnaissante.