Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Scandale du sida

vendredi 21 juillet 2000

La treizième conférence internationale sur le sida vient de se tenir en Afrique du Sud. Environ 35 millions de personnes sont infectées dans le monde, dont au moins 25 millions en Afrique sub-saharienne. L’espérance de vie, dans les principaux pays touchés par l’épidémie, s’est effondrée, passant en dessous de 40 ans. Cependant, ce n’est pas en Afrique mais en Russie, en Asie et en Amérique latine que l’épidémie progresse actuellement le plus vite. En Chine, par exemple, l’estimation basse est de 4 millions de contaminés, avec un doublement prévisible tous les six mois.

Il s’agit d’un véritable holocauste biologique. Si, en Europe, la progression est relativement bloquée, ailleurs les efforts de dépistage, de prévention et de traitement sont honteusement insuffisants.

Aujourd’hui, le plus grave est que l’on pourrait faire beaucoup si on le voulait. On dispose des moyens de réduire fortement, voire d’éliminer, la charge virale et d’obtenir en tous cas de longues rémissions (thérapies multiples combinant anti-viraux, anti-tumoraux, inhibiteurs d’intégrase et de retrotranscriptase). Cependant, économiquement, les laboratoires pharmaceutiques ne sont pas intéressés par une clientèle « non rentable » et, politiquement, la décision a été prise, par choix délibéré ou par défaut, de laisser mourir.

Nous proposons ici une mobilisation immédiate en faveur de tous les malades, où qu’ils soient et quel que soit leur pouvoir d’achat, car arrêter cet holocauste est une question de simple dignité morale et de notre intérêt à tous. A terme, en effet, personne ne peut se considérer à l’abri.

Les objectifs principaux devraient être :

1) Aider les pays comme le Brésil, la Chine et peut-être bientôt l’Ouganda et la Côte d’Ivoire à produire sur place, à prix réduit, les médicaments nécessaires, en tournant le blocage des laboratoires. La Chine, en particulier, assistée par nos experts, peut jouer un rôle-clé pour contribuer à la production et à la diffusion de médicaments en Afrique.

2) Soigner dans la mesure du possible dès la séropositivité.

3) Entreprendre un dépistage systématique dans les régions à risque, pour sauver les vies. Comme l’a dit le Dr Eric Gœmare (Afr. du Sud), « quand les traitements sont disponibles, davantage de gens acceptent de subir un dépistage ».

4) Accroître la recherche sur les liens entre le vivant et les rayonnements électro-magnétiques, par delà les frontières de la biologie moléculaire.

Cela suppose une politique d’ensemble, non seulement de lutte contre le sida, mais contre la pauvreté qui, comme l’a dit le président Mbeki, est « la plus grande cause de maladies et de souffrances à travers le globe ».

La France, avec sa tradition pastorienne, doit donner l’exemple. Créons une force de déploiement rapide sans tâtonnements bureaucratiques, dont l’effet est criminel ! C’est une honte que nous ne l’ayons pas encore fait. C’est une part de mon projet politique.