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LaRouche commente la crise iranienne

mardi 17 janvier 2006

Lors de sa conférence internet du 11 janvier à Washington, Lyndon LaRouche a abordé la crise iranienne dans le contexte stratégique international. Pour lui, le problème fondamental vient de la « démence » de l’administration Bush-Cheney et du gouvernement Blair en Grande-Bretagne, qui multiplient les menaces de guerre, « incitant ainsi les pays [menacés] à vouloir se doter d’armes d’intimidation ; et l’armement nucléaire peut être un instrument de chantage ».

L’Iran « a besoin de l’énergie nucléaire pour développer son économie. Il a droit à cette technologie », dit LaRouche. Cependant, une règle tacite veut que« le droit d’accès aux armes nucléaires soit limité à un certain nombre de pays qui appartiennent déjà au club (...) et que les autres pays en soient exclus. Ils peuvent disposer de l’énergie nucléaire, mais pas de l’arme nucléaire. (...) Le problème se pose uniquement parce que nous avons eu la stupidité de créer une situation dans laquelle on suscite le désir de posséder des armes nucléaires. L’utilisation d’armes nucléaires par un pays quelconque, volontairement, serait un acte fou et criminel. » Par conséquent, on doit tendre vers l’abandon de l’idée de déployer des armes nucléaires. « Elles n’ont plus aucun objectif militaire efficace sur notre planète. Le monde a changé. »

Dans ce contexte, les négociations avec l’Iran « doivent se poursuivre ». Dans cette optique, la récente proposition russe de construire une usine conjointe russo-iranienne d’enrichissement d’uranium paraît viable. « Ce que les Russes proposent, et je pense que les Européens seraient enclins à l’accepter, serait une solution parfaitement rationnelle. » Larouche appelle cependant à la patience : « Il n’y a pas d’urgence, sauf si certains ont hâte de faire la guerre. »

Par contre, il est urgent de changer la configuration politique actuelle à Washington : « Je ne vois pas de solution, dit LaRouche, à moins que les Etats-Unis se débarrassent de George Bush et de Dick Cheney, se conduisent comme une véritable nation et établissent des règles de conduite qui soient véritablement équitables. » Quant au caractère imprévisible du gouvernement iranien, comme en témoignent les propos anti-israéliens du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, que LaRouche a qualifiés de « délirants », c’est aux Iraniens eux-mêmes qu’il appartient de s’en occuper : « Le peuple iranien ne veut pas d’une guerre nucléaire, et il peut s’occuper de son propre gouvernement. Dès lors, on pourra éliminer la question de savoir qui a le droit de maîtriser la technologie nucléaire ».

L’Iran ne cédera pas

Les déclarations officielles des négociateurs iraniens et de certains hauts responsables du gouvernement de Téhéran indiquent sans l’ombre d’un doute qu’ils ne capituleront pas devant les sanctions et/ou les menaces militaires sur la question nucléaire.

Ali Larijani, le secrétaire de l’Agence suprême de sécurité nationale, a accordé une interview àCNN le 12 janvier, dans laquelle il confirme la volonté de l’Iran de continuer les négociations avec l’Europe, la Russie et d’autres, à condition qu’elles soient « authentiques ». Il a défendu le droit de l’Iran à la technologie nucléaire. Précisant que la décision de reprendre les travaux à Natanz concernait uniquement la recherche et non la production, il a cité l’article 3 de la charte de l’AIEA et l’article 4 du TNP, qui garantissent à tous les pays le droit à la maîtrise du cycle complet du combustible nucléaire et le devoir des autres pays de leur venir en aide. Il ajouta que si un pays avait l’intention de produire des armes nucléaires, il n’accepterait pas la surveillance de l’AIEA, comme le fait l’Iran. Concernant la proposition russe d’une usine commune d’enrichissement en territoire russe, il a estimé qu’elle fournissait une bonne base pour les négociations qui allaient se poursuivre le mois prochain à Moscou.

Le lendemain, le ministre des Affaires étrangères Mottaki déclarait que son « gouvernement se verrait obligé d’arrêter toutes ses mesures volontaires » si la question du programme nucléaire iranien était « mise devant le Conseil de sécurité » de l’ONU. Cela ne signifierait pas la fin de toute coopération, mais plutôt que l’on procéderait « suivant les règles », c’est-à-dire en passant par tous les canaux bureaucratiques pour chaque inspection de l’AIEA, au lieu de permettre des inspections inopinées, comme c’est le cas sous le régime de coopération « volontaire ».

L’ancien président Hachémi Rafsanjani, qui n’est pas du même bord qu’Ahmadinejad, soutient entièrement le programme nucléaire iranien, qu’il considère comme une épreuve cruciale pour rompre l’apartheid technologique imposé au secteur en développement. Ahmadinejad a déclaré à la presse le 15 janvier que l’Iran poursuivrait coûte que coûte son programme.

Un aspect peu remarqué de cette situation est l’impact de la crise syrienne sur Téhéran. Les dirigeants iraniens ont constaté que chaque concession faite par Damas devant la pression internationale - retrait de 15 000 soldats du Liban en un temps record, acceptation de l’interrogatoire de responsables gouvernementaux syriens par la commission d’enquête onusienne sur l’assassinat de Hariri, etc. - s’est traduite par une augmentation des pressions et de nouvelles exigences de la part du gouvernement américain, soutenu par Paris et Londres.