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LaRouche à la pointe de la mobilisation pour stopper Alito

mardi 24 janvier 2006

La campagne pour empêcher la confirmation du juge Samuel Alito à la Cour suprême est entrée dans une nouvelle phase le 19 janvier, marquée par les attaques de différentes personnalités démocrates, dénonçant son adhésion à la philosophie du juriste nazi Carl Schmitt et son appartenance à la Federalist Society, qui défend la même idéologie. Lyndon LaRouche avait donné le coup d’envoi à cette campagne nationale lors de sa conférence internet du 11 janvier.

Suite à une réunion stratégique, le 18 janvier, des sénateurs démocrates, conduits par Harry Reid, Richard Durbin, Patrick Leahy et Edward Kennedy, ont fait des déclarations publiques rejetant la nomination d’Alito et dénonçant l’ » exécutif unitaire » et la Federalist Society (voir ci-dessous).

Leurs mises en garde sont cependant loin d’être aussi claires que celles de LaRouche. Dans une interview à la Wisconsin Public Radio le 19 janvier, ce dernier a rappelé pourquoi la nomination d’Alito doit être rejetée à tout prix, tout en exprimant ses craintes que certains dirigeants du Parti démocrate ne reculent, face à ce qui constitue la plus grande menace constitutionnelle des dernières générations. Il a à nouveau attiré l’attention sur l’existence de la Federalist Society, créée au début des années 80 « autour des idées de Carl Schmitt, l’homme qui élabora la démarche juridique ayant permis tout d’abord à Hitler de devenir dictateur, au lieu de rester simple chancelier, puis autorisant l’assassinat de certaines personnes, comme l’ancien chancelier, par les forces d’Hitler. L’idée d’"exécutif unitaire", et d’autres termes qu’on entend ici, c’est la même politique que celle de Carl Schmitt pour justifier la dictature nazie. (...)

« Cependant, nous avons un problème au Congrès. Les démocrates opposent une résistance à cette nomination, mais elle n’est pas vraiment nette pour l’instant. Ils se lèvent pour dire qu’ils sont contre Alito, ils lui posent des questions [aux auditions du Sénat], auxquelles il répond par des mensonges éhontés sur sa véritable politique - il joue la comédie au Congrès - et les dirigeants démocrates le savent très bien. Mais ils savent aussi qu’un certain nombre de membres du Parlement ne veulent pas se montrer trop agressifs, ils protestent de manière routinière contre Alito, mais en fin de compte, bien qu’à contre-cœur, ils confirmeront sa nomination.

« Le problème est le suivant : si cinq membres de la Cour suprême sur neuf sont des membres, ou des sympathisants, de la Federalist Society, il peut y avoir un coup d’Etat à tout moment aux Etats-Unis, dès qu’un Cheney le voudra. Je me bats contre cela, et Harry Reid aussi, certainement, mais autour de lui, on constate une certaine mollesse. (...) Certains démocrates hésitent, ils n’ont pas compris que c’est un point sur lequel on ne peut pas jouer, on ne peut pas faire de compromissions pour éviter les ennuis. C’est une occasion où il s’agit de défendre un principe : "Nous n’allons pas permettre à une organisation pro-nazie de contrôler la Cour suprême des Etats-Unis. Tel est l’enjeu." »

Depuis le 23 janvier, le LaRouche PAC diffuse à Washington des publicités radiophoniques reprenant ce message.

LaRouche rappela alors la grave crise financière internationale, qui est insurmontable dans le cadre actuel du système mondial. C’est pourquoi certains intérêts financiers verraient bien la mise en oeuvre de la même solution qu’ils ont tentée dans les années 30 - l’instauration de dictatures, de sorte que le processus démocratique ne viennent pas entraver l’application des mesures économiques qu’ils jugent indispensables. La crise de la Bourse de Tokyo le 18 janvier n’est qu’un exemple du type d’incident pouvant suffire à déclencher un effondrement financier global. En même temps, les cercles autour de Dick Cheney accroissent leurs pressions en faveur d’une nouvelle guerre, contre l’Iran ou la Syrie.

Des sénateurs démocrates se prononcent contre Alito

Dans un discours prononcé à l’université de Georgetown le 19 janvier, le sénateur Patrick Leahy, dirigeant démocrate de la commission Judiciaire du Sénat, a annoncé son intention de voter contre la confirmation de Samuel Alito comme juge de la Cour suprême, tout en dénonçant la tentative du gouvernement Bush de s’arroger tous les pouvoirs et le rôle joué par Alito dans la formulation de la théorie de l’« exécutif unitaire ».

En mai 2005, Alito a rencontré, à la Maison Blanche, Dick Cheney, Lewis Libby et Karl Rove, entre autres. Leahy estime qu’il a dû obtenir sa nomination parce que la Maison Blanche était convaincue qu’elle pouvait compter sur lui pour rejeter toute tentative d’affaiblir le pouvoir présidentiel.

Alito a également contribué à formuler la théorie qui veut qu’en promulguant une loi, le Président puisse faire une déclaration dans laquelle il précise sa propre interprétation du texte qu’il est sur le point de signer (et qui a déjà été adopté par la branche législative), voire même annonce son intention de ne pas respecter les clauses qui ne lui conviennent pas, comme ce fut le cas de l’amendement McCain interdisant la torture, signé le 15 décembre dernier. Si Bush n’y a pas mis son veto, c’est parce qu’il savait que le Congrès trouverait facilement les deux tiers de voix nécessaires pour annuler son veto, dit Leahy. A la place, « il a préféré dire qu’il pouvait choisir d’ignorer la loi comme bon lui semblait, en fonction de sa propre vision des pouvoirs [présidentiels, législatifs et judiciaires]. Cela viole le système d’équilibre des pouvoirs. Ce n’est pas respecter notre Constitution. »

En conclusion, Leahy déclara qu’« il n’a aucunement confiance que le juge Alito puisse faire contrepoids à l’exécutif. C’est donc en toute conscience (...) que je ne peux ni ne veux soutenir sa nomination. »

Le sénateur Dick Durbin (Illinois) ne confirmera pas non plus la nomination d’Alito, car il croit qu’il ne respecterait pas l’équilibre des pouvoirs et la répartition des responsabilités prévus dans la Constitution. Par ailleurs, Alito n’a pas convaincu Durbin qu’il protégerait le droit du citoyen à la vie privée. Selon le Chicago Tribune, le sénateur Durbin a déclaré que les démocrates discutaient d’une éventuelle obstruction du vote au Sénat (filibuster) pour bloquer la nomination d’Alito.

Pour le sénateur Salazar, du Colorado, Alito mettrait trop de pouvoir dans les mains du Président, aux dépens des systèmes de contrôle protecteurs prévus dans la Constitution.

Le 19 janvier, Juanita Head Walton, sénatrice d’Etat du Missouri, a appelé le Sénat à rejeter la nomination d’Alito, en recourant si nécessaire au filibuster, arguant que ses « conceptions sur la race et les droits des femmes sont contraires aux plus hautes valeurs de cette nation, ainsi qu’aux règles déjà existantes de la Cour suprême qui garantissent la protection de ces droits constitutionnels fondamentaux ». Autre motif de disqualification, « son soutien ouvert à la philosophie de la Federalist Society, créée il y a vingt ans sous l’influence directe d’idées formulées par Carl Schmitt, le juriste officiel du régime nazi, qui a été réhabilité dans certains cercles après la Deuxième Guerre mondiale. » Mme Walton mentionna aussi le soutien d’Alito à l’idée d’« exécutif unitaire », originellement connu comme le Führerprinzip sous le régime d’Hitler. En conclusion, elle déclara collaborer avec « LaRouche et d’autres qui dénoncent cette politique et M. Alito ». Sa déclaration a été co-signée par d’autres législateurs d’Etat, notamment par Lamar Lemmons, de Detroit.