Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Le parti de la vérité

mardi 5 décembre 2000

La France est un pays où l’on ne peut pas voir la vérité en face. Gauche plurielle et opposition de droite se situent toutes deux dans le double contexte du calendrier électoral français et d’une reprise économique ayant fait reculer le chômage.

Leurs dirigeants veulent croire que l’explosion de la bulle Internet n’est qu’un « assainissement ». La réalité de la chute du système financier et monétaire international gêne leur gestion, ils nient donc la réalité. La vulnérabilité de la Bourse française, à la merci d’un retrait des « non-résidents » anglo-américains, est totale, ils n’en parlent donc pas. Lionel Jospin préfère être un honnête courtier électoral, gérant l’acquis de son parti, plutôt qu’un capitaine prêt à affronter les nuées qui portent l’orage. Jacques Chirac laisse sa fille Claude lui préparer des jeux de rôle pour lesquels il n’est pas fait.

Ni les uns, ni les autres n’ont su mesurer, en France même, la portée des « affaires ». Jacques Chirac se trouve cerné par les emplois fictifs au RPR et à la Mairie de Paris, les marché des lycées de l’Ile-de-France, ceux de l’Office HLM de la Ville de Paris et les détournements de fonds à l’imprimerie de la Ville de Paris. Son immunité judiciaire, après l’arrestation de Michel Roussin, ne rend sa responsabilité personnelle que plus patente. Cependant, ce sont tous les partis qui ont participé au partage des marchés truqués franciliens. Lionel Jospin rend hommage à François Mitterrand au congrès du PS à Grenoble, alors que les fantômes des abominations commises sous la Quatrième République en Algérie, celle des Robert Lacoste, des Max Lejeune, des Guy Mollet et d’un certain ministre de l’Intérieur et de la Justice qui livra la répression aux tribunaux militaires, reviennent sur la scène de notre mémoire.

Les Français sentent, confusément, que quelque chose est pourri au royaume de la médiatisation, de la Bourse et des fausses repentances. La droite se détruit elle-même.La gauche est désirée (48 % des Français se sentent plus proche d’elle) mais rejetée en l’état où elle se trouve (51 % estiment qu’elle n’est pas proche de leurs préoccupations). Et les hommes politiques de tous bords se livrent à des émissions de variété, devenant bouffons parmi d’autres.

Alors ? La seule porte de sortie est par le haut, et par l’avenir. Lionel Jospin saura-t-il relever le défi ? Bousculera-t-il, par une initiative hardie, les situations acquises ? Pour ma part, sans autre forme d’interrogation, je dirai brutalement la vérité, qui se trouve dans un principe d’anticipation et dans un combat pour un projet, non dans la commodité des précautions et des jeux d’image courtisans. Mon espoir est de sensibiliser la base sociale de la gauche plurielle et les patriotes de caractère, aujourd’hui veufs d’horizon.