Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Agonie d’un régime

mardi 21 février 2006

Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade2007.org, et consitutent le principal regard du candidat à la présidentielle de 2007 sur l’actualité française et internationale.

Le régime politique qui a structuré la société française depuis 1958 agonise. Le signe le plus dangereux en est l’attitude du gouvernement dans la crise iranienne, tout à fait opposée aux principes fondamentaux d’indépendance nationale et de respect de l’auto-détermination des peuples définis par Charles de Gaulle.

Bien que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’ait trouvé à ce jour aucune preuve incontestable de l’existence d’un programme nucléaire militaire clandestin en Iran, notre ministre des Affaires étrangères a été le premier responsable européen à en accuser Téhéran. Philippe Douste-Blazy s’inscrit ainsi dans le droit fil des dernières prises de position de son « amie » américaine Condoleeza Rice, qui demande de l’aide au Congrès de son pays pour renverser le régime actuel.

Après la mascarade du Clemenceau, l’équipée du Charles de Gaulle dans l’océan Indien (il sera devant les côtes de l’Iran à partir de la mi-avril) obéit à la même logique. Michèle Alliot-Marie a précisé le 25 janvier, devant les députés de la commission de la Défense, que « nos alliés » en faveur de qui pourraient être engagées nos forces stratégiques « ne se limitent pas nécessairement aux seuls Etats membres de l’Union européenne » : à bon entendeur, salut.

Enfin, il est du domaine public, depuis un article de David Ignatius dans le Washington Post, que le conseiller diplomatique de Jacques Chirac, Maurice Gourdault Montagne, effectue toutes les cinq semaines un voyage à Washington pour s’entretenir avec Stephen Hadley, très proche collaborateur de Condoleeza Rice. Le titre de l’article de M. Ignatius est « Le nouvel allié de Bush : la France ? » Il semble bien qu’il faille enlever le point d’interrogation...

C’est extrêmement grave, car « la crise iranienne », non seulement se trouve amplifiée de toutes pièces pour en faire un sujet immédiat - alors que les experts savent que les Iraniens ne maîtrisent ni la miniaturisation de la bombe, ni la séparation des étages des missiles - mais surtout se déroule sur fond d’une crise bien plus fondamentale, celle du système financier et monétaire international. Que Condoleeza Rice vise à apparaître comme plus présentable à des yeux européens que les néo-conservateurs de Dick Cheney n’est qu’un leurre - le remplacement du kärcher par de la vaseline, comme nous l’a dit un connaisseur français de ces affaires sentimentales.

Alors que nos grandes entreprises (Société générale, BNP-Paribas, Total Elf Fina...) affichent d’énormes bénéfices effectués à l’étranger, une politique d’austérité sociale (36 à 38 heures payées 35, CPE, CNE, élargissement du recours à l’intérim, hausse scandaleuse de la pauvreté) règne chez nous, conformément au modèle ultra libéral de ceux vis-à-vis desquels nous nous inclinons.

L’attitude de François Mitterrand dans la première guerre du Golfe n’a permis à la France que de ramasser quelques miettes ; cette fois-ci, un régime agonisant non seulement nous mettra au pain sec, mais trahira « une certaine idée de la France », si nous ne réagissons pas.