Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Maires et Medef

lundi 22 janvier 2001

Le Medef, en montrant chaque jour davantage le vrai visage de sa politique de « refondation sociale », s’est rallié corps et biens au malthusianisme financier actuellement dominant, mais qui demain se trouvera en perdition. Avec l’orientation qu’il a ainsi prise, il s’inscrit idéologiquemenet dans l’attitude de cupidité courte et de soumission à la loi temporaire du plus fort qui était celle de ses prédécesseurs des années 40. L’esprit de Vichy revient de ce côté-là.

A l’autre extrême du combat ne se trouvent ni la « gauche plurielle », avec ses pitoyables compromissions, ni le gauchisme et l’anarchisme, ressasseurs de phraséologie usée et de vains ressentiments, mais ce qui constitue en profondeur l’histoire républicaine de la France. Celle-ci s’exprime à travers la responsabilité des élus qui défendent au plus près la dignité de leurs concitoyens, c’est-à-dire les maires, en particulier ceux qui n’ont pas pratiqué le cumul ou n’ont pas obtenu leur élection grâce à des subventions parachutées d’en haut.

Je viens d’en rencontrer plusieurs représentants, certains qui avaient parrainé ma candidature en 1995 et qui ont tenu sous le feu de la calomnie, et d’autres qui ont connu nos idées plus tard. Les uns et les autres établissent de plus en plus un rapport avec ce qu’ils ont expérimenté à l’échelon local ou régional et ce qui se passe dans le monde. Ils ressentent le besoin d’une autre politique, non pas vague et négative, mais charpentée autour d’un projet et alimenté par leur combat quotidien. L’esprit du renouveau est de ce côté-ci.

Les Français en général n’ont pas encore atteint ce degré de conscience. Cependant, dans la base sociale de la gauche plurielle, en particulier, se trouvent des hommes et des femmes qui constituent naturellement ceux qui joindront le combat.Comme aux temps de la Résistance, l’avenir appartient à ceux qui ne sont pas possédés par ce qu’ils possèdent, mais qui voient avec la mémoire du passé et les yeux du futur.

Les années à venir seront tragiques, au fur et à mesure que tomberont les illusions, notamment, aujourd’hui, celles d’une France et d’une Europe qui se croient à l’abri d’une crise mondiale, d’un krach à Wall Street ou des souffrances du tiers monde. Nous entrons dans une époque dangereuse, avec un inéluctable aboutissement totalitaire si on ne lui oppose pas un projet mobilisateur, mais aussi une grande chance, une grande occasion de changement, si des hommes et des femmes de caractère entrent en scène. Là se trouvent ceux qui bâtiront un monde opposé à celui du Medef et des actuels dirigeants américains, fondé sur une communauté de dessein et non sur la sélection sociale, sur l’esprit de découverte et non sur la jouissance d’une carrière.