Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Mutation

lundi 5 février 2001

La mutation qui se produit actuellement dans le monde peut être l’occasion du pire comme du meilleur.

L’essentiel est qu’un ordre mondial injuste, jusqu’à présent contrôlé par une oligarchie financière prédatrice, est en train de s’effondrer en raison de ses propres vices. C’est dans ce contexte que l’élection de George W. Bush à la présidence américaine doit être comprise : autour de lui, une caste d’hommes veut à tout prix assurer la survie de son système, au détriment même de la justice, de la vérité et de la dignité humaines. Elle entend écraser toute résistance et en même temps égarer ses adversaires dans l’impuissance romantique de révoltes parcellaires.

Notre tâche fondamentale est ici double. D’une part, poser les termes d’une alternative : un nouveau Bretton Woods et la paix par le progrès et le développement mutuel. Il s’agit de jeter les bases d’une entente du plus grand nombre à l’échelle nationale et internationale, pour se battre ensemble contre ceux qui veulent diviser et avilir. D’autre part, dénoncer sans complaisance ceux qui s’engagent dans une voie désespérée et auto-destructrice.

C’est pourquoi nous critiquons sans prendre de gants tous ceux qui, sous prétexte de justice sociale, remettent en cause l’idée même de progrès, allant jusqu’à revendiquer la tradition des luddites en Angleterre et des canuts de Lyon qui détruisirent les machines de la révolution industrielle naissante. C’est ce que fait un René Riesel, secrétaire national de la Confédération paysanne de 1995 à 1999, et qui sabota - avec José Bové - les essais de centres de recherche publique. D’autant plus que là, les choses sont claires : René Riesel s’exprime dans l’édition française de l’Ecologiste, d’Edouard Goldsmith, provocateur servant ces intérêts obscurantistes que les puissances financières ont toujours apprécié. Son frère, Jimmy Goldsmith, aujourd’hui décédé, a été l’un des « pirates financiers » qui a mis en place le système prédateur où nous vivons (les fonds de pension anglo-saxons suivent auourd’hui son exemple en faisant passer le « revenu de l’actionnaire » avant tout chose). Il a évolué dans les milieux très proches de George Bush - le père du président américain actuel. Nous critiquons aussi ceux qui, à partir de « thèmes abordés par le bas », prétendent arriver à un projet politique efficace par sommes successives, ceux qui affirment que « créer des petites îles de résistance, des petites bulles contre l’Empire », pourrait conduire à des « solutions alternatives à la mondialisation libérale ».

Un meilleur partage sans plus de substance créée a en effet toujours été une escroquerie montée contre le plus faible. Une transformation profonde et durable, une mutation, suppose une mobilisation exigeante des facultés créatrices de l’homme, non un rassemblement d’états d’âme.