Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Elever le débat

mardi 7 mars 2006

Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade2007.org, et consitutent le principal regard du candidat à la présidentielle de 2007 sur l’actualité française et internationale.

Un sentiment de menace est ressenti par chacun d’entre nous. Non pas tant dû aux circonstances, aussi graves soient-elles, mais en raison de l’impuissance de plus en plus manifeste de ceux qui se prétendent nos dirigeants. Ils tombent, et nous devons nous battre pour que la France ne tombe pas avec eux.

L’atroce supplice subi par Ilan Halimi est révélateur de la barbarie qui nous guette, de ce que peut produire la misère sociale et morale dont ils ont toléré le développement dans nos banlieues. L’antisémitisme redevient une opinion, que ce soit à Paris ou à Téhéran, alors que l’islamophobie gagne l’autre camp, comme si la mort d’un innocent n’était pas toujours de même nature que la mort de toute l’humanité, comme si le rejet politique d’une religion pouvait être séparé de l’offense faite à ceux qui la pratiquent, comme si la démocratie justifiait l’outrage infligé à un pays « voyou » et à son peuple.

Cette perte des repères les plus élémentaires de l’humain contamine tout. L’on sait le rôle joué dans la course à la guerre permanente par les néo-conservateurs américains et Tony Blair. L’on subit actuellement les conséquences de leur politique économique criminelle. Or l’on voit Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal célébrer les louanges du dirigeant anglais et s’efforcer tous deux de rentrer dans les bonnes grâces de Condoleeza Rice, alors qu’elle prépare un nouveau conflit. Ils appellent cela « modernité »...

Terrible modernité, qui voit Tariq Ramadan « l’islamiste » devenir de son côté conseiller de Tony Blair, alors que les anti-islamistes de Charlie Hebdo, soutenus par L’Express, servent avec d’autres couverts l’idéologie de la Société fabienne. Terrible modernité, qui voit Israéliens et Palestiniens s’affronter, victimes de ceux qui les manipulent, alors que trois enfants israéliens sur cinq et plus des quatre cinquièmes des enfants palestiniens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Chez nous, il est vrai, deux millions d’enfants vivent dans des familles qui gagnent moins de 774 euros par mois.

Ceux qui, partout, ont laissé se mettre en place cette ignominie feignent de s’en indigner. Peut-être sont-ils même parfois sincères. Entre incompétence, hypocrisie et cynisme, ils prétendent tenir un gouvernail qui leur échappe.

Au nom des humiliés et des offensés, et au nom de cette majorité de l’humanité laissée sans recours, il est temps de redéfinir un vouloir-vivre en commun. Les partis en place ont fait du pouvoir leur patrimoine. Pour tenter d’éveiller en eux un réflexe d’humanité, notre engagement est de susciter un mouvement de jeunes qui s’élargisse et prenne la relève.