Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Paralysie française

jeudi 17 mai 2001

Le monde attend beaucoup de la France. Revenant d’une conférence internationale qui vient de se tenir à Bad Schwalbach (Allemagne), du 4 au 6 mai, j’ai pu une fois de plus le constater : en Russie, en Pologne, en Chine, en Amérique du Sud, en Afrique, on attend que la France fasse quelque chose, ouvre une voie pour sortir du système existant. L’on me demande partout comment il se peut que les excellentes déclarations d’Hubert Védrine ne soient pratiquement jamais suivies d’effet.

La France est-elle devenue une puissance secondaire ? En fait, depuis le départ du général de Gaulle, elle s’est résignée à contester l’ordre dominant par des paroles qui ne sont pas suivies d’actes.

La « droite » s’est empressée la première de trahir le volontarisme gaulliste. La « gauche » a démissionné, notamment à partir de 1983, devant le libéralisme financier, les corporatismes et les intérêts de caste. Non seulement elle a abandonné ses raisonnements et ses convictions antérieures, celles de la gauche de Blum et de Mendès, mais elle a renoncé à en inventer de nouveaux.

Chirac et Jospin apparaissent ainsi comme deux boutiquiers qui auraient inscrit sur la devanture de leur étal : « Ici on gère ». Jospin sombre dans la nostalgie des années Mitterrand, « ces années fécondes » (sic) qui lui font « ressentir un sentiment d’accomplissement et même un sentiment de bonheur ». Chirac, lui, imite Mitterrand en disciple servile, jouant contre Jospin l’extrême-gauche comme Mitterrand avait joué contre lui l’extrême-droite. Chacun se positionne, et personne n’a de projet répondant au défi des circonstances.

Je suis convaincu aujourd’hui que, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche, notre système politique se trouve paralysé. Seul un homme venu de l’extérieur peut redonner un sens à la politique de notre pays, inspirant les forces du dedans pour qu’elles opèrent une sortie.

Ma candidature à l’élection présidentielle se situe dans ce contexte, comme une opération à revers pour redonner une mission, une vision et un élan.