Les éditoriaux de Jacques Cheminade

TGV, Kissinger et Sodexho

vendredi 15 juin 2001

Trois nouvelles intéressantes et prometteuses viennent d’être annoncées en France.

La première est la réduction du parcours Paris-Marseille en TGV à environ trois heures. Grâce aux systèmes à signalisation numérique, la TVM 430, l’espace minimal entre deux trains roulant à plus de 300 km/h a pu être réduit de 5 à 3 minutes, avec comptage en temps réel du vent et de l’activité sismique. Cet exploit prouve que lorsque les technologies de l’information sont mises au service d’une action physique, et non d’un jeu arbitraire, l’homme se trouve en mesure d’améliorer son environnement et de rendre son « lointain » plus prochain. Ce qui vient d’être fait ici en faveur de la France constitue la promesse d’une politique similaire en faveur de tout l’espace eurasia-tique, facteur de cette paix par le rapprochement et le développement mutuel qui devrait devenir la perspective de nos dirigeants.

Le second évènement prometteur est la convocation d’Henry Kissinger par le juge d’instruction parisien Roger Le Loire dans le cadre d’une enquête sur la disparition de cinq Français au Chili sous le régime de Pinochet. Kissinger représente en effet l’un des éléments les plus néfastes de la politique anglo-américaine depuis plus de trente ans, et il est nécessaire que ses crimes soient un jour exposés. La France, en particulier, est fondée à traduire en justice les auteurs de crimes spécifiques commis contre ses concitoyens, où que ce soit et sans égard à la nationalité de leurs auteurs. Nous nous félicitons donc de cette initiative, dont le sens politique n’échappera à personne, alors qu’aujourd’hui même Kissinger est allé imposer le diktat de l’oligarchie anglo-américaine en Italie, pour assurer que la composition du nouveau gouvernement Berlusconi soit conforme à ses voeux, c’est à dire contraire aux intérêts de la France et de l’Europe. Même si Kissinger, avec une lâcheté dont il est coutumier, s’est dérobé à la convocation, il est important qu’il se soit ainsi trouvé mis sous les feux de la rampe.

La troisième nouvelle dont nous nous réjouissons est la cession par le groupe français de restauration collective Sodexho de sa participation dans un gestionnaire américain de prisons. Pour expliquer son dé-sengagement, le groupe a déclaré : « A l’avenir, Sodexho ne fournira des services dans les prisons que dans les pays qui sont de véritables démocraties, où la peine capitale est illégale et qui ont une politique de réinsertion des prisonniers ». Cette prise de position constitue une véritable leçon pour nos hommes politiques qui, eux, manquent du courage permettant de dire les choses telles qu’elles sont.

Puissent ces « bonnes nouvelles » encore hétéroclites être le signe d’un sursaut plus général. Notre rôle ici est de le provoquer.