Campagnes

Elysée 2007 - Cheminade secoue la Lorraine

mardi 23 mai 2006

Cheminade dans les médias :
Article paru dans l’Est Républicain
du 18 mai 2006
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Cheminade sur France Bleu Sud Lorraine

LA TRAQUE DE CHEMINADE

Présent hier à Nancy, le candidat à la présidentielle aimerait se poser " en éclaireur face au fascisme qui menace "

" Dès 1995, j’évoquais le cancer financier qui dévore le monde. Je parlais déjà de la tentation de la politique à court terme et de la fascination pour le jeu : la spéculation pour les riches. Le rapido ou le PMU pour les plus pauvres.... " 1995 ! Ils sont peu de nostalgiques à s’en souvenir. Jacques Cheminade avait obtenu 0,28 % des suffrages. Barré " par la campagne diffamatoire de Nicolas Miguet ", le candidat et ses 406 signatures sont restés à la porte de la présidentielle de 2002.

Cinq ans plus tard, l’énarque de 1967 né à Buenos Aires en 1941, doté d’une culture internationaliste, repique à la tentation. Fort d’une centaine de signatures, des 1700 abonnés à son journal " Nouvelle Solidarité " et de ses 400 sympathisants, l’utopiste Cheminade entend " jouer un rôle d’inspirateur, d’éclaireur, de catalyseur d’idées " à la veille d’échéances difficiles.

Regrettant de " voir Chirac entouré de deux Fouché " estimant " qu’à gauche, il existe des gens plus sérieux que Ségolène Royal, mais malheureusement usés par un système écartelé entre la volonté de réformer et la tentation d’aller à la pêche ", Jacques Cheminade ne s’étonne pas de la déliquescence politique du pays. " La crise française n’est que le reflet de la crise mondiale " résume celui qui rêve d’unir " le socialisme jauressien, le christianisme social et le gaullisme patriote ".

Pour accomplir son dessein, Cheminade a quelques idées dans son catalogue. " Face à l’effondrement financier qui guette le monde à court terme ", il propose " de nouveaux accords de Bretton Woods pour introduire de nouvelles règles ". Il souhaite aussi " le lancement d’une politique de grands travaux, de Lisbonne à Pékin, financés par des emprunts indexés ". concernant la France, le candidat virtuel souhaite " rompre avec l’ultra-libéralisme ". Il réclame " le rétablissement d’un ministère du Plan " et demande " l’inclusion de la formation professionnelle au sein d’un grand service public de l’emploi ".

Economiquement, Jacques Cheminade prône " le rétablissement des emplois qualifiés dans la production, les technologies de pointe, les services sociaux d’aide à la personne et il souhaite tout de go l’ouverture de 25 % des contrats publics aux PME, comme aux USA ". Iconoclaste et original, Cheminade déconcerte. Il n’est pas sûr que cela soit suffisant pour convaincre et accéder au portillon de départ.

Jean-Louis Antoine

LA LORRAINE AU BOIS DORMANT


Comment réveiller une population française qui cauchemarde sur Clearstream et dont les nuits sont bercées de rêves européens où l’euro se place en grand sauveur ? C’est le défi que se sont lancé neuf jeunes de Solidarité et Progrès, réunis à Nancy pour préparer le terrain en vue d’une réunion publique où Jacques Cheminade s’est exprimé en tant que candidat aux présidentielles.

C’est de surprise en surprise que nous avons traversé ces deux semaines dans une région qui a souffert de la disparition presque totale de sa production sidérurgique, disparition qui commença dès les années 70 dans le cadre d’une opération montée à l’échelle mondiale par l’oligarchie financière, à travers le projet de " désintégration contrôlée " de l’économie physique, dont l’exemple lorrain est très révélateur.

Dès les premiers jours, nous sommes intervenus dans un débat organisé par les jeunes Fédéralistes européens, où il était question du rôle de la politique et du citoyen en Europe. Notre présence en ces lieux fut plutôt bien accueillie, mais surtout vécue comme une rencontre du troisième type par nos interlocuteurs, confrontés à des jeunes leur paraissant un peu trop calés sur les questions d’économie physique. Etaient présents des représentants régionaux de différents mouvements de jeunes politiques, mais... pas de jeunes à proprement parler.

Premier tabou : la remise en cause de l’indépendance de la Banque centrale européenne (BCE), qui empêche le lancement des grands travaux européens nécessaires au développement de l’économie européenne ; il ne restait qu’un débat stérile et hors sujet, qui avait pour seul but d’échanger de belles phrases, comme le veut la tradition du bel esprit français. Mais notre présence ne passa pas inaperçue, loin de là. Les jours suivants allaient nous confirmer cette peur de la réalité qui se manifesta également lors d’une conférence organisée à l’Institut de Sciences politiques de Nancy, dont le commissaire européen aux Transports, Jacques Barrot, était l’invité vedette.

En parlant de la construction européenne, M Barrot, dont le nom fut mentionné comme un remplaçant potentiel au poste de Premier ministre si l’affaire Clearstream tournait au vinaigre, se prononça fermement contre toute forme de malthusianisme. Laurent, un jeune de Solidarité et Progrès, intervint alors dans cette salle remplie de jeunes politiquement corrects, pour montrer en quoi il y avait une totale incompatibilité à se dire anti-malthusien tout en défendant la mondialisation, qui empêche les pays de se développer dans les domaines les plus élémentaires comme l’industrie, l’éducation, les grands projets scientifiques de l’espace et de la santé, etc. Il lui opposa l’idée de crédit productif qui a toujours permis d’entreprendre des grands travaux dans le long terme, à quoi M. Barrot répondit qu’il n’était pas assez compétent en économie pour répondre à cela !

La question pourrait être : en est-il de même pour les députés qui ont accepté l’euro ? Comprenaient-ils quelque chose à tout cela ? En tout cas, la discussion qui suivit avec les sciences-posards nous suggéra qu’outre Jacques Barrot, il fallait sauver ces jeunes du culte de Milton Friedman, apôtre du libre-échangisme moderne. Heureusement, le culte du respect des autorités " toutes puissantes " se retourna contre eux le lendemain, lors de la conférence accueillant Michel Rocard, qu’ils étaient prêts à croire quoi qu’il dise. L’intervention de l’ancien Premier ministre cassa totalement le rêve d’une Europe " funky ", construite quelque part dans le Lalaland, un monde de fantasme où le principe de réalité est vécu comme, pour un enfant, son premier jour d’école.

Heureusement, Nancy ne se résume pas à ce monde de fantasmes, et la population pourrait bien jouer le rôle du petit garçon montrant du doigt le roi nu qui se croit paré d’une magnifique robe. Les discussions avec les Nancéiens ont révélé un ferment très grand et des personnes parfaitement capables d’aborder les grandes idées, si bien que nous suscitions parfois en pleine rue des débats entre des gens qui ne se connaissaient pas mais étaient avides de trouver des solutions à la crise.

Notre rôle fut de leur donner des outils intellectuels pour rebâtir la Lorraine industrielle qui, à une époque pas si lointaine, était prête à devenir un pôle sidérurgique très important, nécessaire au développement des équipements pour l’Europe et les pays du tiers-monde. Soulignons que ces derniers n’y ont toujours pas accès, bien que leur survie en dépende ! Aux Lorrains, fiers de leur tradition humaniste portée par l’abbé Henri Grégoire, de se préparer à l’ère prospère qui les attend si notre mouvement de jeunes parvient à encourager d’autres à faire comme Michel Rocard : reconnaître la gravité de la crise et la nécessité d’un nouveau Bretton Woods pour en sortir.

Notre mouvement de jeunes ressort, une fois de plus, grandi et encouragé par le retour de bâton, ce principe de réalité auquel nous avons assisté, résultat de notre rôle grandissant pour changer un régime en décomposition, tant au niveau local que global.

Cédric Gougeon, du mouvement de jeunes larouchistes

CHEMINADE, RETROUVAILLES
AVEC LA LORRAINE

La récente tournée de Jacques Cheminade en Lorraine, en tant que candidat présidentiel, a été particulièrement réussie. Il s’agissait de véritables retrouvailles, car après avoir assuré une forte présence en Lorraine, au cours des difficiles années de restructuration de l’acier et des mines, son mouvement politique a dû labourer aussi d’autres terres de France. Certains n’ont pas oublié cependant les mobilisations menées en défense de la Centrale nucléaire de Cattenom, comme fer de lance d’un essor industriel, et les campagnes électorales successives sur le thème de " l’acier lorrain pour le tiers-monde " !

Pourtant, malgré toutes les tentatives d’éliminer le caractère industriel de cette région, à coups de parc à Schtroumpf et autres lubies de l’économie des services et des loisirs, la Lorraine réagit toujours en région industrielle. " Les gens d’ici savent ce qu’est la production ; ils sont favorables à l’industrie " rapportaient, étonnés, des jeunes de Solidarité et Progrès venus à Nancy pour organiser la conférence de Jacques Cheminade, trop habitués à entendre qu’une économie de grands projets et de production, ça fait désormais partie du passé.

Le matin même de la réunion publique, Jacques Cheminade donnait le la dans un entretien à Laurent Watrin, de France Bleu Sud Lorraine. Jean Lassalle " a parfaitement raison " lorsqu’il dit aux salariés de SEB dans les Vosges qu’il faut que les politiques reprennent la maîtrise de l’économie, a déclaré le candidat, appelant à faire une Europe qui ait " une culture du travail et de la production industrielle ; une Europe de grands projets ". Ceux qui, au sommet de Lisbonne, ont promis de le faire sont des " tricheurs ", a-t-il déclaré, car " ils ont dit tout cela, mais sur trente projets de transports à grande vitesse, seuls cinq pourront être réalisés, et pour ce qui est des projets Leonardo, Erasmus, les échanges des jeunes et tout ce qui relève de l’Europe culturelle, il n’y a aucun budget ". " C’est dramatique, c’est une Europe qui n’est pas l’Europe " et qui " crée des réflexes chauvins en vendant un produit frelaté ".

Quand au caractère " extrémiste " de sa politique d’abandon de l’euro, Cheminade a comparé la fuite en avant financière qui a engendré l’euro à celle des années 30, citant Souvenirs et Solitude de Jean Zay : " De 1939 à 40, au milieu de tant de débats désordonnés, il y eut un sujet tabou : le libéralisme monétaire et financier ; une discussion interdite, celle du contrôle des changes. " " On en revient à la même chose aujourd’hui, avec une pensée unique, dont Sarkozy est chez nous l’élément le plus avancé. " Cheminade conclut en appelant à " revenir à la politique de de Gaulle et de Mendès, du Front Populaire, de Jean Zay et de Blum ", et à instaurer " un nouveau Bretton Woods à l’échelle internationale qui oriente l’argent vers la production et le travail humain ".

Le soir, à Nancy, Christine Bierre, directrice de campagne, a rappelé les objectifs de la candidature de Cheminade. " La France est entrée dans une période de fortes turbulences ", a-t-elle dit, évoquant la crise de régime qui secoue le gouvernement à Paris. " Cette crise, qui peut se dénouer en chaos et qui porte en elle le danger de nouveaux fascismes, doit au contraire être l’occasion d’ouvrir un grand débat national, sans complaisance mais sans masochisme, sur les raisons de cet échec et la façon d’en sortir. " " La campagne de Jacques Cheminade doit être l’outil des opprimés, des jeunes, de la province, de la majorité des Français qui triment et qui voient le rêve gaullien de grandeur disparaître de l’horizon, afin de provoquer ce débat ". Elle a appelé les citoyens à saisir l’occasion créée par ce " mur qui tombe " pour changer la donne, via la campagne de Cheminade.

Jacques Cheminade prit alors la parole pour aborder les trois crises qui se conjuguent aujourd’hui et proposer des solutions. Crise mondiale d’abord, car nous avons cédé à un phénomène décrit par Marx dans le chapître XXV du livre III du Capital, au sujet du capital fictif. " Nous avons vécu depuis 1968-72 (suite à la mort du système de Bretton Woods) sur une émission de capital fictif, d’un argent qui ne correspond pas à la production de biens physiques mais à des paris sur les prix futurs ".

A l’aide d’une animation informatique, Cheminade a montré la triple courbe de l’économiste américain Lyndon LaRouche, qui exprime à elle seule ce qui ne va pas : entre 1945 et 1968, les courbes de l’émission monétaire, des actifs financiers et de la production de biens physiques progressent ensemble, le monétaire nourrissant le financier qui à son tour alimente la production. C’est une économie qui marche. A partir de 1968-72, les deux premières s’envolent et la troisième stagne, puis décroît fortement. En 2000, la courbe du monétaire dépasse celle des actifs financiers et celle de l’économie physique s’effondre. C’est la crise systémique, aggravée par la politique du directeur de la Réserve fédérale américaine, Alan Greenspan, qui, à partir de 1987, ouvre les vannes du crédit, avec le yen carry trade, les produits financiers dérivés et la création de la bulle hypothécaire aux Etats-Unis. L’éclatement de cette bulle hypothécaire, l’hyperinflation dans les matières premières, ainsi que l’incapacité croissante des pays occidentaux à absorber toute la production de pays tels que l’Inde et la Chine, sont autant de facteurs qui indiquent que nous sommes au bord de la faillite du système et qu’avant le mois de septembre prochain, à moins d’imposer une politique d’austérité sociale terrible, le système tout entier risque de s’effondrer.

Cheminade a ensuite traité de la crise européenne, provoquée par le fait " qu’on n’a plus bâti l’Europe, comme Monnet, sur la base de projets, ou comme de Gaulle, sur la base des patries. On l’a bâtie sur la base de l’argent. créant avec l’euro un relais, au sein même de l’Europe, de cette économie de financiarisation et de capital fictif. Les Etats se trouvant dépossédés de tout pouvoir sur le budget, la monnaie, les taux d’intérêts, et n’ayant plus que les salaires comme "variable d’ajustement", l’argent est allé là où les salaires étaient les plus bas : l’Irlande, l’Espagne, d’abord, la Roumanie et la Bulgarie ensuite, où c’est encore plus bas, puis le Vietnam, la Chine ou l’Inde. " Cheminade s’est ensuite attaqué à la Banque centrale européenne, rappelant que Jean-Claude Trichet et Hans Tietmeyer ne s’étaient pas gênés pour déclarer que puisque les politiques ne sont pas assez courageux pour imposer une discipline, ce sont les banquiers, soutenus par les banques centrales, qui doivent être les gendarmes.

Enfin, au détour de l’affaire Clearstream, Cheminade a évoqué la crise française et la façon dont, comme dans les canaux mal curés de Venise, cette agonie du système politico-policier français fait remonter à la surface des bulles malodorantes. " Des groupes parallèles dans les cabinets ministériels, dans la bureaucratie, dans les opérations de basse police où l’on retrouve un Massoni, un Bertrand ou un Roulet, ont remplacé un véritable débat politique. Ces gens ont créé un système où le débat se situe entre Fouché 1 et Fouché 2, les uns contre les autres, dans le même gouvernement. "

" Ce qui redonne espoir, c’est qu’il y a un peuple français qui est prêt à comprendre ", a-t-il dit, insistant sur le " rôle d’éclaireur " qu’il veut jouer dans cette campagne, " pour parler des problèmes réels, d’inspirateur pour proposer de solutions, et de catalyseur pour qu’un courant émerge rassemblant le socialisme jauressien, le courant des chrétiens sociaux de l’abbé Bridel ou de Marc Sangnier, et le courant du patriotisme gaullien de Londres. " Inspirateur, Jacques Cheminade a conclu son intervention en récitant le magnifique poème de Victor Hugo : " Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée ", sonnant la trompette encore une fois, jusqu’à ce que les murailles tombent !

Christine Bierre