Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Hippopotames et chiens

mardi 23 mai 2006

Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade2007.org, et consitutent le principal regard du candidat à la présidentielle de 2007 sur l’actualité française et internationale.

Suivant les observations des ethologues, les hippopotames, lorsqu’ils occupent un lieu qui leur convient, urinent alentour pour en chasser les intrus. En recourant à la violence ou aux opérations de basse police pour garder le contrôle de leur territoire, il semble que les organisations politiques de notre pays s’inspirent de ce comportement animal.

A droite, dans l’affaire Clearstream, en témoignent les agitations vulgaires et subalternes des émules de Fouché. Cependant, dans l’ultra-gauche, ceux qui prétendent critiquer l’injustice du pouvoir en place adoptent trop souvent les mêmes méthodes que lui. Notre mouvement de jeunes militants, le LYM, en a fait l’expérience en Bretagne, à Lyon, à Paris le 1er mai et aujourd’hui à Nanterre.

Aux cris de « fachos », « secte » ou autres noms d’oiseaux, des jeunes et moins jeunes « militants » de la CNT, de la JCR et d’associations d’éternels étudiants se sont en effet précipités à plusieurs reprises contre eux, brisant ou volant leur matériel politique et se livrant à des agressions physiques de toutes sortes. Le plus paradoxal, dans ces situations, est que ceux qui recourent à la violence n’ont rien lu, rien vu ni rien connu de ceux qu’ils frappent à froid. Leur seule réponse est « j’obéis à ce que me disent mes chefs ».
Le résultat catastrophique de ces comportements, indépendamment de l’abaissement moral qui consiste à s’attaquer physiquement à un mouvement non violent en l’accusant du contraire de ce qu’il défend, est d’engendrer une culture de guerre civile et de provocation qui a toujours joué en faveur des pouvoirs en place.

Est-ce une surprise ? Malheureusement non. Examinons le cas d’Olivier Besancenot. C’est un vieil ami du rappeur Joey Starr. Or celui-ci a plusieurs fois été condamné pour coups et blessures infligés à des femmes et mauvais traitements à des animaux. Alors, comment se fait-il que le bon Olivier, féministe, écologiste révolutionnaire et ami des bêtes, ait de telles fréquentations ? C’est une question de territoire, amis contre ennemis, camp contre camp, la fin justifiant les moyens !
Deux textes de référence sont essentiels pour sortir de ce bourbier. L’un est le sermon prêché le 7 novembre 1957 par Martin Luther King. Il nous y appelle à « aimer nos ennemis ». Pour trois raisons : « La haine pour la haine ne fait qu’intensifier l’existence de la haine et du mal au sein de l’univers ; la haine pervertit la personnalité de celui qui hait ; l’amour possède un pouvoir rédempteur susceptible de transformer les individus. »

Le second est moins connu : c’est le dialogue d’Ernst et Falk, du grand humaniste allemand Lessing. A Ernst qui prône l’opposition violente à une autorité injuste, c’est-à-dire l’éradication du mal, Falk répond que mieux vaut créer les conditions qui feront germer le bien.

France, printemps 2006. Au raisonnement dogmatique qui engendre des chiens supérieurement dressés, les pelotons d’exécution et les guillotines, n’est-ce pas le moment de substituer la raison fraternelle, qui inspire l’unité dans la diversité, la création partagée - c’est-à-dire la République ?