Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Singeries

vendredi 31 août 2001

A la sortie du conseil des ministres de la rentrée, Philippe Moscovici annonce que de très nombreux sujets ont été abordés, mais en aucun cas celui du « ralentissement » de l’économie française. Laurent Fabius, depuis sa propriété du Gers, diagnostique dans Le Nouvel Observateur, « un simple trou d’air ». Lionel Jospin, le 1er août, en direct depuis l’île de Ré, déclare pour sa part : « S’il devait y avoir une dégradation économique plus forte, bien sûr, ce serait logique que ça m’inquiète. Je pense que l’Europe a les moyens d’amortir la décélération économique aux Etats-Unis. Les ressources de l’économie américaine sont par ailleurs puissantes. »

Malheureusement, l’image qui nous vient à l’esprit est celle des trois singes de la fable : ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire. Ainsi, la gauche plurielle adopte en public le comportement suicidaire des élites bureaucratiques françaises, alors qu’en privé elle mesure au moins une partie des périls. Laurent Fabius s’inquiète de son budget qui, dans sa version actuelle, ne serait voté ni par les chevènementistes, ni par les communistes, ni - peut-être - par certains radicaux ou écologistes. Hélas, l’argent, les « libéralités », sur lequel « on comptait » s’est évanoui.

Plus sérieusement, nous sommes arrivés à une heure de l’histoire où tout le système financier et moné-taire international s’effondre. Après le premier épisode - le krach des valeurs Internet et télécom aux Etats-Unis - nous abordons au-jourd’hui le second, sans doute rapidement décisif : krach simultané de l’Argentine, de la Turquie et de la Pologne, et du marché immobilier américain, dont la bulle spéculative est encore plus grande que celle de Wall Street. Preuve que les solutions habituelles ne marchent plus : la baisse des taux d’intérêt américains (solution monétariste) d’Alan Greenspan ne parvient pas à provoquer une reprise des Bourses : c’est comme si une vitesse ne parvenait pas à s’enclencher et qu’en même temps, les fonds mis à disposition fuyaient par les trous du réservoir. C’est le moment où même un Felix Rohatyn, l’ancien ambassadeur américain en France et l’homme de Lazard Frères, tente de voler l’étiquette du nouveau Bretton Woods à Lyndon LaRouche pour s’en faire une feuille de vigne et troubler les esprits (cf. article ci-contre).

Alors ? Alors, en France le moral des ménages atteint le niveau le plus bas depuis trois ans, selon l’enquête de l’INSEE rendue publique le 2 août. Les billets de 500 francs (ou de 100 ou 200 francs), sortis des bas de laine pour cause d’euro imminent, n’entretiendront bientôt plus l’illusion. C’est ici que ma campagne présidentielle intervient, pour sortir de la planète des singes.