Communiqués

Lettre de Jacques Cheminade à Jacques Chirac

mardi 6 juin 2006

Cette lettre de Jacques Cheminade a été envoyée au Président Jacques Chirac en mai dernier. Nous publions également ici la réponse de M. Alain Seban, conseiller pour l’Education et la Culture.

Monsieur le Président de la République,

Connaissant votre volonté de donner à l’histoire de France son sens universel, je tiens par la présente à soutenir la proposition que M. Jack Lang vous a fait parvenir, visant à transférer au Panthéon le capitaine Alfred Dreyfus.

Cette décision nous honorerait tous. Outre les raisons qu’en donne M. Lang, dont j’ai pu prendre connaissance et qui me paraissent parfaitement légitimes, j’en vois une autre qui les englobe et, pour ainsi dire, les transcende.

Ce geste marquerait en effet notre volonté d’effacer les sombres temps du XXème siècle, dont les premiers nuages se formèrent autour de « l’affaire ». Il manifesterait, à l’orée de ce XXIème siècle, notre attachement absolu à la justice et rendrait enfin la réhabilitation pleine et entière.

Un autre point me paraît essentiel. L’on sait que le capitaine Dreyfus forma avec sa femme un couple admirable de courage, de grandeur et de retenue face à l’adversité, ainsi qu’en témoigne leur correspondance. Ce ne serait donc qu’ajouter justice à la justice que de faire en sorte que Lucie Hademard, elle aussi, entre au Panthéon pour demeurer auprès de son mari, tant en raison de leurs mérites communs que de ses mérites propres.

Je sais bien que certains penseront que l’on blesserait ainsi inutilement la susceptibilité de notre Armée. Je suis convaincu du contraire. Alfred Dreyfus était un patriote. Ceux qui s’acharnèrent contre lui ne l’étaient pas, ou bien avaient perdu les repères de leur patriotisme. Aujourd’hui, la mise au Panthéon d’Alfred Dreyfus signifierait que nous avons retrouvé ces repères ou, du moins, que nous nous efforçons de le faire en respectant les principes qui gouvernent l’unité de la nation. Ce sont ces principes qu’en ces temps eux aussi troublés, nous devons, en les refondant, faire valoir pour l’avenir.

En espérant, Monsieur le Président de la République, avoir contribué à vous convaincre, je vous prie de bien vouloir agréer l’expression de mes sentiments respectueux.

Jacques Cheminade, président de Solidarité et Progrès

 

Réponse :

Monsieur le Président,

Vous avez souhaité signaler à Monsieur le Président de la République l’intérêt que présenterait la translation au Panthéon des cendres d’Alfred Dreyfus, au moment où l’on s’apprête à commémorer le centenaire de l’arrêt de réhabilitation de la Cour de cassation, le 12 juillet prochain.

Cette proposition sera naturellement étudiée avec toute la considération qu’elle mérite, parmi les différentes possibilités qui s’offrent pour cette commémoration.

Vous pouvez être assuré du souhait du Président de la République de donner à cet événement toute l’importance et toute la solennité souhaitable, à la mesure de la place qu’occupe l’affaire Dreyfus dans notre histoire et dans notre mémoire nationale.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Alain Seban, conseiller pour l’Education et la Culture