Les éditoriaux de Jacques Cheminade

L’argent de la terreur

vendredi 28 septembre 2001

Au cours de cette dernière quinzaine, l’inflexion de l’histoire que nous annoncions ici s’est brutalement manifestée. Du train-train quotidien l’on est passé au tragique et l’on a vu soudain émerger dans la perception des médias ce que nous désignions comme réalité : krach des marchés financiers, rôle joué par Londres dans le « terrorisme islamique », spectre de la guerre...

Cependant, un désastreux déni de réalité a accompagné cette émergence. La baisse de 7 % de la Bourse américaine le jour de sa réouverture a été saluée somme un signe que l’on échappait au krach, plus des trois quarts de la population veut croire à la « force » d’un George W. Bush qui la ramène sans savoir où aller, et les injonctions irrationnelles venues de Washington (« Justice illimitée », « lutte du Bien contre le Mal », « croisade », « je veux Ben Laden Mort ou vif ») sont minimisées en Europe où l’on se « rassure » en écoutant plutôt les « professionnels de l’équipe présidentielle ».

Nous sommes ainsi, quotidiennement, soumis à un terrible bourrage de crâne. Je voudrais ici soulever un seul point. Voici des dirigeants, en particulier américains, mais également français, anglais et allemands, qui proclament vouloir combattre le « &nbspterrorisme » mais qui, en même temps, ont mis en place ou laissé se mettre en place les flux financiers qui l’alimentent. Ainsi, que Ben Laden et les « Afghans islamistes » aient été des « créatures de la CIA » est déjà en soi extrêmement grave, mais il l’est encore bien plus que l’Etat minimum et la libre circulation de l’argent sale aient permis aux réseaux géopolitiques de la terreur de s’installer.

Le Monde de l’économie du 18 septembre dénonce « l’argent sans frontières qui irrigue le terrorisme », montrant bien l’interpénétration entre économie criminelle et économie légale. En effet, Londres est devenue la plaque tournante d’un marché sur lequel circulent des milliards de pétrodollars recyclés, l’une des premières décisions de l’administration Bush a été de torpiller une initiative de l’OCDE visant au démantèlement des réseaux financiers du terrorisme et le Groupe d’action financière sur le blanchiment des capitaux (GAFI) s’est montré bien peu curieux en la matière...

Pourquoi ? Parce que l’argent de la spéculation, du jeu et de la drogue est consubstantiel à l’existence de cette même oligarchie américaine qui prétend vouloir « combattre le terrorisme » en frappant tel ou tel pays.

Lyndon LaRouche souligne que l’opération du 11 septembre n’a pu être montée qu’avec de sérieuses complicités à l’intérieur de l’appareil d’Etat américain. Le seul gage que je sois prêt à admettre de la sincérité des enquêtes sera lorsqu’on dévidera jusqu’au bout la pelote de « l’argent de la terreur ». C’est là que nous attendons des surprises intéressantes et que se définira le terrain du combat, sans hypocrisie ni larmes de crocodile.