Les éditoriaux de Jacques Cheminade

11 septembre

jeudi 22 novembre 2001

Le Prince Charles avec le Prince Bandar d’Arabie Saoudite

Il est des moments, en psychiatrie, au cours desquels un malade mental continue à fonctionner de manière tout à fait cohérente par rapport à un environnement correspondant à ses fantasmes, mais qui n’a plus grand-chose à voir avec la réalité. C’est l’état du monde aujourd’hui. Le sentiment répandu est que « les Américains » ont remporté une victoire décisive en Afghanistan, que la Bourse s’est reprise et que les entretiens entre George Bush et Vladimir Poutine auront un effet stabilisateur.

L’on refoule simplement les deux faits fondamentaux qui définissent la situation : le système financier et monétaire international actuel n’est plus capable d’assurer à l’économie mondiale les conditions physiques d’un avenir et, dans ces conditions, des éléments extrêmes ont décidé, aux Etats-Unis, de jouer la carte du « choc des civilisations », de la guerre et du chaos pour s’emparer des leviers de pouvoir.

Certes, des économistes de plus en plus nombreux comme Stephen Roach, de Morgan Stanley, reconnaissent que le pire est devant nous. D’autres, comme Sun Won Sohn, de la banque Wells Fargo, avouent que les taux d’intérêt sont tellement bas que la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne « vont bientôt se trouver à court de munitions ». James K. Galbraith et Robert Mundell reconnaissent que les « outils classiques ne sont plus aussi efficaces qu’auparavant ». On les entend parler d’un « retour à un système de taux de change fixes », « au cadre de Bretton Woods ». Cependant, aucun d’entre eux n’envisage la stratégie politique nécessaire pour parvenir à une telle mutation.

Certes, en France, les critiques se multiplient contre les facilités offertes au terrorisme par le « Londonstan ». L’on répète partout que « l’opération Ben Laden » a été montée par les services américains. Le Figaro du 31 octobre indique qu’un correspondant de la CIA à Dubaï, Larry Mitchell, a rencontré Ben Laden lui-même en juillet. Allant plus loin encore, le Réseau Voltaire révèle que les événements du 11 septembre « ont été réalisés avec le soutien, sinon sur ordre, d’un groupe d’officiers supérieurs américains ». Il est exposé que les extrémistes d’aujourd’hui relèvent d’une longue dérive : déjà au début des années soixante, le chef d’état-major interarmes, le général Lymen Lemnitzer, et le coordinateur des services d’action (Défense, département d’Etat et CIA), Edward Landsdale, avaient envisagé de monter des actes terroristes contre la population américaine pour « justifier » une intervention contre Fidel Castro. Ces révélations sont utiles. Cependant, aucune perspective économique ou politique ne les accompagne.

Plus que jamais, il est temps de réaliser que nous sommes entrés dans une époque tragique. C’est dans ces époques que se révèlent de nouveaux dirigeants, pourvu qu’ils offrent aux peuples un projet généreux et mobilisateur.