Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Eté 2006

mardi 25 juillet 2006

Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade2007.org, et consitutent le principal regard du candidat à la présidentielle de 2007 sur l’actualité française et internationale.

Nous voici entrés dans un temps qui met les âmes humaines à l’épreuve. Comme lors d’autres étés de notre histoire, si beaucoup sentent venir l’orage, peu veulent voir ce qu’il bouleverse et encore moins susciter en eux-mêmes les ressources de nature à l’arrêter.

Pourtant, le devoir citoyen d’engagement ne pourra jamais être aussi clair, du moins de notre vivant. Car, du Liban à l’Inde, dans une situation d’effondrement du système financier et du droit des hommes, c’est une guerre irrégulière généralisée qui s’étend, le plus fort militairement s’efforçant de multiplier les boucs émissaires pour engendrer la peur et avilir ses adversaires. Disons-le clairement : ce n’est pas en Israël ou en Iran que s’est nouée la tragédie de l’Asie du Sud-Ouest, c’est sur les marchés financiers de Wall Street et de Londres, dont ici, à Paris, Euronext est une sorte de harki.

L’excuse évoquée habituellement par des Français qui voient leur République noyée dans les réseaux d’un ordre romain semi-féodal, avec ses barons et ses gladiateurs, est qu’ils n’aperçoivent aucun panache blanc à qui se rallier.

Il est vrai que Nicolas Sarkozy, même relooké par le besogneux Henri Guaino, s’est dit le 15 juillet ami d’Israël en s’alignant sur les positions destructrices de l’administration Bush, puisqu’il n’en est pas à une contradiction près. Au moment même où celle-ci conduit le monde au chaos, il pensait aller à sa rencontre à Washington le 20 juillet et n’a annulé son voyage que pour ne pas passer pour « trop pro-américain ».

Dans la politique française, les idées et les convictions sont remplacées par un jeu d’images qui masque mal notre impuissance : un jour on rompt avec Cécilia, le lendemain on se rabiboche, on ne cesse jamais de parader, non pas jusque dans les chiottes, mais jusque dans une pirogue - officielle et naviguant sur fonds publics - à Saint-Laurent du Maroni. L’on solde Gaz-de-France à Suez, Ségolène envisage d’épouser François, les ambitions se déchaînent à l’extrême-gauche sans projet ni vision, contribuant à la confusion et au discrédit des partis politiques. Jospin revient sur la scène avec son moralisme de Tartuffe et son entourage échappé à la nuit des morts vivants, tandis que Le Pen guette la proie qu’on lui offre avec son oeil de batracien.

Alors que la France du sommet consent à l’inadmissible, malgré ses gesticulations patriotardes et ses moulins à bras donquichotesques, le monde brûle et la haine se répand.

Ma campagne présidentielle se situe dans ce contexte tragique : pour dire la vérité sans complaisance ni fioritures, éclairer par un projet mobilisateur à la hauteur du défi de l’époque et catalyser des forces de résistance afin qu’elles deviennent ferment d’action positive.