Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Sécurité

jeudi 6 décembre 2001

La sécurité risque de devenir le sujet principal de la prochaine campagne présidentielle. A mesure que s’accroît la violence, le sentiment général d’impunité s’étend : sur cinq millions de faits avérés, seuls 8% donnent lieu à une peine réellement appliquée. Plus d’un Français sur deux (54%) affirme se sentir « souvent » (20%) ou « de temps en temps » en insécurité.

Il est clair que la police et la gendarmerie manquent cruellement de moyens humains, matériels et financiers. La police d’investigation doit être renforcée pour épauler dans de meilleures conditions la police de proximité. La justice, de son côté, est inadaptée face à une délinquance de masse et à la croissante délinquance des mineurs. Votée sans mesurer la multiplication des actes de procédure et des formulaires à remplir à laquelle elle allait donner lieu, la loi sur la présomption d’innocence a cristallisé la colère de policiers. Plus de neuf Français sur dix (94%) estiment justifiées leurs manifestations de protestation.

Il s’agit, dans toute son ampleur, d’un problème de société. Cependant, il ne faut en aucun cas prendre les symptômes pour la cause, même s’il faut s’attaquer aux deux.

La cause est double : une mondialisation financière qui détruit le tissu social et le renoncement de l’Etat de droit à faire prévaloir l’intérêt général et à faire appliquer ses lois. La solution n’est pas, bien entendu, de mettre en place l’appareil de sécurité protégeant les injustices de la mondialisation, comme on le fait aux Etats-Unis, mais au contraire de combattre ces dernières par un retour de l’Etat dans ses prérogatives souveraines, au service d’un nouvel ordre mondial juste. La politique à mettre en oeuvre pour s’attaquer aux symptômes relève, elle, du bon sens républicain. Tout d’abord, il faut coordonner le travail des agents de police, de gendarmerie et des douanes en les coiffant par un ministère de la Sécurité publique, incarnant la mobilisation de tous sous un commandement unique. En même temps, il faut organiser un Grenelle de la sécurité nationale, réunissant l’ensemble des parties intéressées (juges, policiers, gendarmes, éducateurs sociaux, enseignants, douaniers...), pour établir une loi-programme sur la sécurité. Engagement doit être pris de fournir aux juges, aux gendarmes et aux policiers tous les moyens nécessaires à leur travail. La sécurité de proximité doit être, elle, coordonnée au niveau des autorités locales (maire et quelques « sages », en partenariat avec le procureur et sous la tutelle du préfet).

Bientôt, au cours de ma campagne, je m’étendrai plus longuement sur un projet traitant cause et symptômes de manière cohérente. Car le combat pour la sécurité doit permettre d’illustrer le lien entre le local, le national et l’international, pour une justice au service de chacun.