Les éditoriaux de Jacques Cheminade

2002, année tumultueuse

vendredi 21 décembre 2001

Meilleurs voeux à tous nos lecteurs pour qui cette année sera bientôt moment de vérité. Ceux qui voient en ce journal une simple source d’information ou cherchent à y puiser des données devront ou bien remettre leurs pendules à l’heure ou bien passer à autre chose. Les autres, c’est-à-dire l’immense majorité, ceux qui lisent pour mieux comprendre le monde et agissent en vue de l’améliorer, mesureront leurs forces à l’aune des défis à relever.

Il ne s’agit ni de vaticiner ni de prédire, mais de regarder les choses en face. Les faillites d’Enron et de l’Argentine sont les symptômes avancés de la crise d’ensemble du système financier et monétaire international. La guerre des civilisations menace d’éclater au Proche-Orient, tandis que les factions les plus dures de l’administration américaine cherchent d’autres régions du monde où faire prévaloir leur unilatéralisme à coup de bombes à fragmentation.

L’Etat-Nation, malgré toutes les proclamations plus ou moins pompeuses de souverainisme, se trouve menacé dans son être, faute de trouver en lui-même des ressources vives. La France, aujourd’hui, n’est plus une idée en oeuvre mais une bureaucratie portée par sa force d’inertie, à travers un concert de hargne, de rogne et de grogne.

Meilleurs voeux, donc, pour que nous cessions d’être sujets-spectateurs et redevenions citoyens-acteurs, faisant renaître le meilleur de ce que notre histoire nous a légué, c’est-à-dire une responsabilité au-delà de nous-mêmes, envers nos prochains-lointains, les humiliés et les offensés, les exploités et les exclus.

Ceux qui aujourd’hui sous-estiment la crise mondiale en se gargarisant de grands mots - République, Europe, nation, fraternité - tuent l’esprit en marmonnant la lettre. Ils sont encore plus dangereux que ceux qui louvoient sans boussole, car eux répandent l’illusion.

C’est par un projet mobilisateur, généreux et juste, répondant concrètement aux défis de l’époque, que nous échapperons à une soumission à l’extérieur et à une désagrégation intérieure en factions et réseaux.

Le moment de vérité est un moment dans lequel le coeur et la raison s’unissent pour combattre, non celui des formules creuses ou des conglomérats.