Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Souvenir et avenir

mardi 29 août 2006

Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade2007.org, et consitutent le principal regard du candidat à la présidentielle de 2007 sur l’actualité française et internationale.

C’est aux moments décisifs de l’histoire, aussi dangereux soient-ils, que la volonté humaine peut introduire un changement salutaire. Voici venu, pour nous, l’un de ces moments où les vices du système s’exhibent et la nécessité d’un sursaut apparaît.

Que les néo-conservateurs puissent faire la guerre par Etat interposé - Israël - en visant un groupe allié à l’Iran - le Hezbollah - au détriment des hommes, des femmes, des enfants (plus de 1000 morts) et des infrastructures (15 000 habitations, 80 ponts et 94 routes détruits) du Liban soulève le coeur.

Que l’Europe n’ait pratiquement rien fait pour arrêter ce crime absurde mesure son impuissance et son cynisme.

Quelle Europe ? Celle qui crée aujourd’hui une patrouille contre l’immigration clandestine, celle qui a laissé s’ouvrir des camps de Polonais esclaves dans les Pouilles, sans développer l’Afrique, sans développer la Pologne. Celle qui, de l’aveu de Patrick Artus et Marie-Paule Virard, « ruine nos enfants ». Celle dont la politique consiste « à comprimer sans relâche les coûts salariaux dans l’industrie », celle « dont la monnaie unique exacerbe les différences et enrichit les plus prospères ».

La France ne fait pas meilleure figure : rien de sérieux n’est fait chez nous pour préparer l’avenir des générations futures, nous avons sacrifié le long terme sur l’autel d’un court terme voué à une oligarchie financière sans morale ni patrie. Nos « économistes » de droite et de gauche - le cercle de raison du Cercle des économistes - prétendent « encadrer le débat politique » en posant comme pétition de principe que la « stabilité budgétaire », la politique monétaire de la Banque centrale européenne et les « normes internationales du capitalisme » sont des contraintes fatales. « Les Européens, nous disent ces beaux esprits, n’ont pas le choix : ils doivent travailler plus longtemps... s’ils réussissent, bien sûr, à trouver des employeurs qui veulent bien d’eux. »

Le « no future » est ainsi affiché en toutes lettres. Tout dans ce que nous faisons ici, à Nouvelle Solidarité, s’élève contre cette terrible injustice. Notre politique est d’assurer un avenir aux générations futures. C’est la raison d’être de notre mouvement de jeunes, de son action politique et de sa culture, en particulier d’une musique chorale qui permet de se découvrir les uns les autres - des voix différentes dans l’unité d’une composition, par delà tout communautarisme. C’est la raison d’être de notre combat pour le service de tous, c’est-à-dire le service public, contre la privatisation de GDF et, demain, de la SNCF et d’EDF, que préparent MM. Fillon et Sarkozy.

L’emploi, les salaires, la lutte contre la pauvreté, l’égalité des chances, l’éducation et la formation sont la grande préoccupation des Français et des Européens, non l’insécurité ou la réduction des déficits publics. Nous y répondons en remontant depuis les symptômes aux causes finales et déterminantes. C’est là la réelle condition d’un sursaut, un rassemblement autour d’un projet mobilisateur de la France du souvenir et de l’avenir.