Les analyses de Jacques Cheminade

Sarkozy, caniche anti-américain de George Bush

mardi 19 septembre 2006, par Jacques Cheminade

Les analyses de Jacques Cheminade sont publiées tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade2007.org, et consitutent le principal regard du candidat à la présidentielle de 2007 sur l’actualité française et internationale.

Nicolas Sarkozy, lors de son voyage aux Etats-Unis « en visite d’Etat », s’est livré à toute une série de déclarations auprès d’interlocuteurs soigneusement choisis, qui le situent sans ambiguïté dans le camp de George Bush et des néo-conservateurs américains. Cette visite dont les frais ont été payés par le contribuable français, a servi à la promotion de sa candidature aux élections présidentielles, comme auparavant à Bruxelles. Le scandale est donc double, tant dans le fond que dans la forme.

Tout d’abord, notre ministre de l’Intérieur a rencontré le mardi 12 septembre le président Bush à la Maison Blanche : c’est une preuve exceptionnelle du lien qui les unit, car le Président des Etats-Unis ne rencontre habituellement que ses homologues.

Face à la French American Foundation à Washington, il s’est livré, en tant que représentant du gouvernement français dans un pays étranger, à une attaque en règle contre la politique de son propre pays. Il a en effet dénoncé « l’arrogance française » et reproché à mots à peine couverts au Président de la République et à son Premier ministre leur attitude pendant la guerre contre l’Irak : « Il n’est pas convenable de chercher à mettre ses alliés dans l’embarras ou de donner l’impression de se réjouir de leurs difficultés. » Pire encore, en ce qui concerne l’Iran, il s’est totalement écarté de la position de Jacques Chirac et du gouvernement français en adoptant celle de ses « amis » américains : « La diplomatie doit être notre arme principale, mais je pense qu’il faut laisser toutes les options ouvertes. » Déclaration parfaitement irresponsable alors que Bush, Cheney et leurs parrains préparent une « surprise d’octobre » qui pourrait entraîner le monde vers une catastrophe.

Sous la présidence de Charles de Gaulle, il aurait été informé, de retour à Paris, qu’après de telles déclarations, il ne faisait plus partie du gouvernement.

Lundi 11 septembre au soir, « dans un hôtel très chic » du chic Upper East Side, le Sarkozy candidat ne se gênait pas pour énoncer quelques aspects de son programme devant des Français de l’étranger. Dans la journée, il avait rencontré les associations juives de New-York pour leur expliquer la lutte contre l’antisémitisme en France (ce qui est tout à fait justifié, bien que rendre des comptes est toujours peu élégant), mais surtout, il a manifesté sa sympathie pour la politique du gouvernement israélien, en déplorant hypocritement les excès commis au Liban.

Dînant au domicile de son frère Olivier, le dimanche 10 septembre, il a rencontré l’ancien ambassadeur américain à Paris, Felix Rohatyn. Notons que ce dernier, dont on sait le rôle qu’il joue dans la politique de recartellisation et de privatisations financière systématique, est membre du Board de la French American Foundation, dont le vice-président est François Bujon de l’Estang, ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis et actuel président de Citigroup en France, qui plaide pour la fusion entre Euronext (la fédération des bourses européennes de Paris, Amsterdam, Bruxelles et Lisbonne) et le New York Stocks Exchange, dans le Monde du 27 juin, pour faire de Paris « la capitale financière de l’Europe... comme le soulignait récemment Felix Rohatyn ». Parlant de satrapie, on ne saurait mieux dire : rappelons que Felix Rohatyn a joué un rôle essentiel dans la mise en place du régime Pinochet au Chili.

Qui se ressemble s’assemble. La French American Foundation est le nid du libéralisme financier anglo-américain, qui entend soumettre la France à un ordre d’austérité financière et de domination impériale. Pierre Lellouche, néo-conservateur français et proche conseiller de Sarkozy (il assistait au rendez-vous de celui-ci avec Bush) a d’ailleurs déclaré sans gêne : « Mais si on gagne la présidentielle le 6 mai, il sera temps de changer de politique étrangère le 7 ».

Tout est dit. Ceux qui voteront Sarkozy le feront en connaissance de cause. Comme le souligne Emmanuel Todd dans le Parisien du 13 septembre, Sarkozy « semble comme en apesanteur » par rapport à l’histoire de France.

Un dernier point, qui est essentiel. Dire que Sarkozy est pro-américain est une erreur totale. Il est en fait le caniche anti-américain de George Bush. Il est « anglo-américain ». Car la vraie Amérique, celle de Franklin, Hamilton, Lincoln, Roosevelt et LaRouche, s’oppose à tout impérialisme et à toute mainmise financière, à toute politique de guerre préventive et à l’adoption de mesures liberticides. La vraie Amérique n’établit pas de centres de torture à l’étranger. Ce qu’aime M. Sarkozy est un régime dévoyé qui en est sa caricature obscène.

Il faut le dire clairement pour ne pas tomber dans la confusion d’un anti-américanisme stérile. M. Sarkozy n’est pas « pro-américain ». Il se situe, comme ses proches conseillers, du côté de la Rome impériale, de la City de Londres et des élites de Wall Street qui en ont hérité. Il est du côté, idéologiquement, des Leo Strauss et des Allan Bloom, de l’American Enterprise Institute, du Hudson Institute et du Weekly Standard de William Kristol. C’est-à-dire de l’anti-Amérique, celle qui s’efforce de pervertir, de corrompre et de contrôler de l’intérieur le message des pères fondateurs de la République, « la vie, la liberté et la recherche du bonheur », en lui substituant une culture de la mort, de la répression et de la possession.