Les éditoriaux de Jacques Cheminade

L’âme de mon pays

mardi 26 septembre 2006

Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade2007.org, et consitutent le principal regard du candidat à la présidentielle de 2007 sur l’actualité française et internationale.

Au cours de ces dernières semaines, j’ai rencontré une quinzaine de maires et d’élus municipaux. Ce qui m’a le plus frappé est leur sens de la responsabilité et de l’initiative, leur vie vouée à l’âpre joie de servir autrui. Les jeunes militants de notre mouvement sont, eux, heureux de rencontrer des hommes et des femmes, le plus souvent entre quarante et soixante ans, que l’exercice de leur mission oppose en tout à l’esprit de démission, de facilité et de démobilisation pratiqué par les soixante-huitards et post soixante-huitards des salons parisiens, des magazines people et du showbiz, et à leur suite, par les 15 à 20 % de privilégiés de notre société de consumation.

Nicolas Sarkozy, en s’en prenant aux baby-boomers et aux soixante-huitards, tente de faire de ce constat un thème démagogique de « retour aux valeurs » et d’adhésion à un néo-conservatisme « à l’américaine ».

Cependant, le sens du « mérite » et des « valeurs » de M. Sarkozy peut se mesurer à l’aune des universités d’été de ses jeunesses populaires, où le travail créateur est absent, les libéralités omniprésentes et le mérite mesuré aux décibels des « Sarko, Sarko, Sarko ! »

Cette escroquerie sur la marchandise - le produit frelaté étant promu par une grande presse complaisante - s’accompagne d’une erreur totale sur l’état d’esprit réel des élus et des jeunes.

Ces élus et ces jeunes, que ma candidature fait se rencontrer, sont des gens avec peu de moyens et beaucoup de volonté d’améliorer le monde. Les maires auxquels j’ai parlé sont loin d’être cantonnés dans leur « localisme » - ils se battent bec et ongles pour leurs électeurs, mais en regardant plus haut et plus loin. Ils voudraient qu’à l’échelle du monde, de l’Europe et de la France s’établissent un développement mutuel et un dialogue entre êtres humains, comme eux s’efforcent de le faire dans leur commune. Ils me « testent » pour savoir si je suis capable de représenter cette cause-là, et c’est l’esprit même de la République qui naît et, j’espère, s’étendra dans ce test d’eux à nous et de nous à eux, ce « plébiscite de tous les instants » dont parlaient Renan et Michelet.

Ainsi, nous avons tissé un réseau de 3000 maires qui reçoivent ce journal, et 7000 nos « mails ». Il s’agit d’une société d’amis (comme au XVIIIème siècle entre Français, Européens et Américains) jetant les bases d’un réel mandat représentatif. Mandat, dialogue futur : c’est pourquoi la question de l’éducation mutuelle intéresse tant les maires. Nos discussions sur le rôle du chant choral - chacun étant à l’écoute de la voix de l’autre pour former une unité dans la diversité - de l’introduction de thèmes philosophiques dans les petites classes, d’un sport d’équipe sans culte de la performance et d’un sens de l’histoire vivante - au moment des découvertes, des « passages de flambeau » - ont été les meilleurs moments de ces voyages. J’espère pouvoir les partager avec les Françaises et les Français, pour refonder ce que, faute de sursaut, nous sommes en train de perdre.