Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Rome

mardi 28 novembre 2006

Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade2007.org, et consitutent le principal regard du candidat à la présidentielle de 2007 sur l’actualité française et internationale.

Deux événements, l’un en France, l’autre en Allemagne, témoignent de la dislocation sociale et morale dans laquelle se plonge notre société. En Allemagne, à Emstedden, un jeune de 18 ans, adepte de jeux violents, a ouvert le feu sur plusieurs de ses camarades, qu’il a blessés, avant de se suicider. A Paris, un policier en état de légitime défense a tué un jeune partisan du Paris-Saint-Germain en protégeant un supporteur de l’équipe israélienne du club Hapoël-Tel Aviv contre une meute raciste, xénophobe et antisémite déchaînée. Ils scandaient « mort aux juifs » et « mort aux nègres » (le policier était antillais), en ajoutant « Le Pen président ».

Voilà où nous en sommes arrivés. Du pain, des jeux et la violence de la Rome du bas-Empire. Le pire est la manière dont les principaux responsables de la situation, ceux qui ont laissé se créer l’environnement, se sont mis à déplorer les conséquences de leur propre impéritie. Car, tout d’abord, la Mairie de Paris, les dirigeants du Paris-Saint-Germain et de la Ligue professionnelle de football savent depuis plus de vingt ans que le kop Boulogne du stade engendre des monstres. Rien n’a été fait de conséquent par ces instances « sportives ». Notons au passage que les principaux actionnaires du Club sont deux fonds d’investissement, le Colony Capital (sic) et le Butler Fund, dont le patron est un ami de Dominique de Villepin, et une banque d’affaires, la Morgan Stanley. L’argent qui nourrit les monstres est donc bien localisable.

Ensuite, le ministre de l’Intérieur, incompétent ou peut-être sollicité par d’autres occupations, s’est avéré, une fois de plus, comme après la descente de la tribu Ka rue des Rosiers, incapable de protéger un membre de notre communauté juive. Circonstance aggravante, la Porte de Saint-Cloud, où s’est déroulé le drame, était désertée par les forces de l’ordre, bien que tout le monde sache que les « ultras » se retrouvent là après les matchs.

Enfin, l’on parle de mesures répressives (interdits de stade, vidéo-surveillance et contrôle) pour faire face à des phénomènes de société que l’on a soi-même produits ou laissés se produire.

Trois choses sont à dire. La société du profit immédiat et du jeu que les gouvernements de gauche et de droite ont laissée se mettre en place porte en elle la violence comme la nuée porte l’orage. Les sports de masse, promus dans leur activité physique par des joueurs dopés, surentraînés et surpayés, infantilisent ceux qui y assistent. Aucune action de prévention n’est en outre entreprise, ni dans les clubs, ni à l’école.

Surtout, on a laissé se créer des hommes arrivant à leur maturité biologique et sexuelle avec une mentalité d’enfants capricieux. Les monstres du kop Boulogne, mais aussi les enfants gâtés du XVIème arrondissement et de Neuilly-sur-Seine, avec un sens d’identité bloqué à un niveau infantile asocial.

Je ne laisserai pas transformer ainsi les éléments au départ prometteurs d’une jeune génération en instruments de la bestialité par laquelle leur propre culture se détruit elle-même. Je me bats pour eux, pour leur part d’humanité qui leur a été volée.