Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Action ou soumission ?

mardi 7 janvier 2003

En raison du voyage de Jacques Cheminade à Abou Dhabi, cet éditorial est signé Christine Bierre

En affirmant dans ses vœux à la nation que l’année en cours sera une année d’action, Jacques Chirac ne soupçonne pas à quel point il a raison. Mais pas pour les raisons qu’il croit !

La crise du système monétaire international entre dans sa phase finale. Les flux de capitaux se retirent d’un Wall Street sinistré par ses pratiques spéculatives, discrédité par une corruption flagrante. En un an, le dollar a perdu près de 20% de sa valeur, signe de la progression inéluctable de la crise de l’ensemble du système dollar.

Le système est malade et il faut en créer un nouveau. L’action que devra mener la France en 2003, si elle veut survivre, sera donc de faire face à ce défi. Or, ce n’est pas du tout de cela dont il est question dans les vœux du chef de l’Etat. La « réforme des retraites », la « décentralisation », la « modernisation de l’Etat » et autres grands chantiers qu’il nous propose, sont des mots qui ne signifient rien d’autre qu’une adaptation croissante de l’économie française à ce système économique néo-libéral qui est aujourd’hui en banqueroute !

Pour trouver une issue à la crise, la France et l’Allemagne doivent impérativement se tourner vers la Chine, vers l’Asie. Alors que la Chine connaît des taux de croissance annuels de 7,5%, dans nos pays, la croissance diminue comme une peau de chagrin et les déficits et l’endettement global s’accumulent. Alors qu’en Chine et dans les pays qui font partie de l’ASEAN+3 (les pays du sud-est asiatique plus Chine, Corée et Japon), le débat économique est dominé par la nécessité d’investissements industriels et dans les grands projets d’infrastructures, chez nous, on ne parle que de bourses et de marchés financiers.

On inaugurant, le 31 décembre dernier, le chemin de fer le plus moderne au monde - le train à lévitation magnétique (Maglev) de fabrication allemande - reliant Shanghai à l’aéroport de la zone commerciale Pudong, la Chine a montré à l’Allemagne et à l’ Europe la voie du changement à suivre. Un terme doit être mis à la financiarisation de l’économie et l’activité doit être réorientée vers les grands projets d’infrastructure et vers la production, nécessaires aux progrès des peuples.

Le grand défi pour la France et pour l’Allemagne, en cette année 2003 où nous célébrons le quarantième anniversaire du Traité de l’Elysée, sera de coordonner leur politique en ce sens et de convaincre l’administration Bush de revenir aux politiques de Franklin Roosevelt pour transformer le système actuel avant qu’une crise systémique ne l’emporte brutalement.