Les écrits de Lyndon LaRouche

Où en est le rapport Baker-Hamilton ?
Avertissement de Lyndon LaRouche aux Européens

mercredi 3 janvier 2007, par Lyndon LaRouche

Le 22 décembre 2006 - Etant donné que la majorité de la grande presse européenne que j’ai consultée donne une image fausse de la situation politique aux Etats-Unis, je vais ici en résumer les aspects essentiels :

Les architectes du rapport de la Commission Baker-Hamilton ont informé certains cercles dirigeants aux Etats-Unis du fait que ce rapport a été conçu en sachant d’avance que le président George W. Bush et le vice-président Dick Cheney en rejetteraient les propositions, à moins qu’une forte pression publique exercée par les cercles concernés ne parvienne à mobiliser l’opinion populaire pour en obtenir l’adoption.

Le nouveau Congrès américain doit ouvrir sa première session peu après le début de la nouvelle année. D’ici là, les milieux bien informés aux Etats-Unis n’ont pas le moindre doute sur la détermination du vice-président Dick Cheney à lancer une attaque aérienne massive contre l’Iran à un moment ou un autre dans les mois qui viennent. D’un bout à l’autre des Etats-Unis, l’opposition à la guerre en Irak a pris une ampleur telle que la destitution (impeachment) anticipée de Cheney y est désormais couramment revendiquée.

Les Européens doivent se garder de sous-estimer cette exigence. Le message que certains cercles dirigeants européens croient percevoir de la part des porte-parole du Sénat et de la Chambre des représentants repose sur une incompréhension de la différence entre le système parlementaire européen et le système présidentiel américain.

Pour l’expliquer de manière concise, en cas de procédure de destitution d’un Président ou d’un vice-Président, la Chambre des représentants assume le rôle de mise en accusation, s’apparentant à un grand jury dans des poursuites au pénal, alors que le Sénat fait fonction de jury au cours du procès lui-même, chargé de prononcer le verdict. Du fait même que l’impeachment de Cheney, ou du tandem Bush-Cheney, est effectivement envisagé, les porte-parole des deux chambres du Congrès américain doivent éviter tout ce qui pourrait faire apparaître une éventuelle mise en accusation comme un lynchage inspiré par une volonté de vengeance passionnée et aveugle. Cependant, la réserve actuellement affichée par les dirigeants des deux chambres ne reflète pas l’humeur des électeurs, ni d’un nombre grandissant de dirigeants, républicains aussi bien que démocrates, à titre personnel.

L’aversion pour la guerre d’Irak et son extension à l’Iran s’est amplifiée au fil du temps jusqu’à frôler l’explosion politique, visant le Président et le vice-Président. L’opinion éclairée sait pertinemment que la destitution du vice-président Cheney (ou sa démission) est impérative, étant entendu que cette destitution serait l’aboutissement d’une procédure prudente, bien que passionnée. Si la destitution (ou la démission) du vice-Président n’amène pas le Président à accepter l’orientation et les points essentiels du rapport de la Commission Baker-Hamilton, alors, compte tenu de la crise financière et économique mondiale qui s’abat sur nous, la destitution du président Bush ne saurait tarder.

Quant à nous, qui faisons partie des citoyens américains les mieux informés et dotés d’une certaine expérience en matière de gouvernement, nous veillerons à ce que toute notre démarche, comme ce fut le cas dans l’affaire Nixon, se traduise, dans une crise gouvernementale comme celle-ci, par un minimum de dommages pour les institutions de notre système gouvernemental. Ce souci tient aussi compte du rôle dirigeant que les Etats-Unis jouent inévitablement dans les institutions monétaro-financières et économiques du monde, en ces temps de crise. Le rapport de la Commission Baker-Hamilton reflète la nécessité d’entamer une action qui permette à la fois de préserver les institutions du gouvernement américain et de maintenir le rôle de coopération indispensable que les Etats-Unis doivent fournir pour répondre au défi posé par la crise monétaro-financière internationale la plus grave de mémoire d’homme.

Seuls les plus incompétents parmi les cercles gouvernementaux européens pourraient croire que la politique intérieure des Etats-Unis va stagner au cours des mois à venir. Le Président américain actuel vit dans le monde réel, mais ses opinions sont ailleurs. Son esprit, comme la feuille morte d’automne, flottera là où le vent du changement l’emportera.