Les écrits de Lyndon LaRouche

Conférence Internet du 11 janvier 2007 :
LaRouche présente la nouvelle politique économique

mardi 30 janvier 2007, par Lyndon LaRouche

Economie, mondialisation, Afrique
Dialogue avec Lyndon LaRouche


Quelques questions posées à Lyndon LaRouche après son intervention, et des extraits de ses réponses.

La première question est venue d’un sénateur démocrate de longue date :

« Comme vous le savez certainement, il y a ici deux camps qui semblent dominer le débat sur les questions économiques. D’un côté, on a les fanatiques de l’équilibre budgétaire qui soutiennent qu’à chaque dépense doit correspondre une recette d’un montant égal. L’autre camp dit "peu importe le déficit". Vous arrivez avec une troisième voie, dans L’art perdu du budget d’investissement. Ma question est précise : d’où viennent les fonds massifs nécessaires pour soutenir la partie de notre population qui ne peut pas travailler tout de suite, que ce soit les enfants, les vieux, les mères de famille ? Il est évident qu’il faut subvenir à leurs besoins, en dépit de la taille du déficit. Pouvez-vous nous donner des conseils ? »

Réponse : « Toute solution à ce genre de question doit être examinée en sachant que nous allons entrer très rapidement dans un effondrement général du système bancaire et financier. Tout dépendra de la volonté du gouvernement fédéral de mettre le système de Réserve fédérale en redressement judiciaire, afin de permettre aux banques de continuer à assurer leurs fonctions essentielles, tout en réorganisant la masse de dettes. Une bonne partie d’entre elles sera annulée.

« Nous n’allons pas rembourser les dettes de jeu, par exemple, de même qu’une grande partie des produits dérivés. L’économie mondiale est devenue un casino géant. Regardez le nombre d’Etats dans lesquels les jeux, les casinos, sont considérés comme une source de recettes fiscales. Nous allons donc devoir annuler toutes sortes d’obligations financières apparentées à des paris financiers, ainsi que les hedge funds.

« Nous allons libérer l’économie de cette masse parasitaire pour arriver au noyau, à l’économie physique, qui exige une masse importante d’investissements, pour amplifier le secteur productif. Le gouvernement fédéral pourra émettre du crédit par l’intermédiaire d’une Réserve fédérale réorganisée, pour l’investir dans l’infrastructure et les industries essentielles.

De cette manière, nous tenterons de changer le ratio de l’activité économique par tête de la société. Nous aurons, bien sûr, des gens sans défense, qui ne pourront pas s’aider, et il faudra les protéger. Mais la clé, c’est de changer le ratio par tête et par ménage. On doit diminuer la part des emplois de service, non qualifiés, et les remplacer par des emplois de plus en plus qualifiés dans la production physique.

« Voilà l’idée générale. Nous voulons le retour de l’usine et de l’exploitation agricole familiale.

« Par exemple l’industrie automobile : en 2005, j’ai proposé que le gouvernement fédéral intervienne. Ce secteur étant en pleine chute, on peut réduire le nombre de voitures produites. Mais il faut sauver les capacités en machines-outils de l’industrie automobile. Le gouvernement pourrait créer une société qui absorbe ces capacités et les utilisent de manière tout à fait convenable, pour le développement de l’infrastructure de pointe. On peut chercher des projets qui emploient des jeunes, en particulier, qui sont au chômage et n’ont pas les qualifications pour être embauchés, dans des programmes pouvant ressembler au Civilian Conservation Corps de l’époque de Franklin Roosevelt. Nous devons sortir ces jeunes de la misère, du désoeuvrement, et les mettre là où ils pourront se construire un avenir.

« Il s’agit, dans un certain sens, d’un investissement dans l’avenir de ces jeunes gens. Encore une fois, l’essentiel est d’augmenter la proportion de personnes productives dans l’économie.

« On ne veut pas de la délocalisation, on ne veut pas de la dérégulation. Qu’est-ce que nous avons fait ? Nous transférons la production des Etats-Unis en Chine. Est-ce bénéfique pour les Chinois ? Non, ou plutôt oui et non. Ils deviennent dépendants de nous, comme une toxicodépendance. Mais si on considère l’augmentation de la productivité en Chine due à la délocalisation, comparée à la diminution de la productivité aux Etats-Unis suite à la même délocalisation, on trouve que la contribution nette pour l’espèce humaine se contracte.

« C’est vrai dans tous les cas. Regardez le Mexique, où la mondialisation a fait chuter le niveau de vie et la productivité, autant qu’aux Etats-Unis. Nous devons donc rectifier le tir, à l’aide de méthodes protectionnistes. Cela veut dire que nous investissons dans l’avenir. (...)

« Voilà le type de défi qui nous attend. Nous sommes optimistes : on peut résoudre les problèmes. Nous devons impliquer de plus en plus de jeunes gens dans ce processus, cela permettra de rajeunir les institutions du gouvernement, avec des gens qui veulent arriver quelque part, au lieu de rester immobiles. »

Le déficit américain et la Chine

La question suivante a été posée par un membre de la Commission économique conjointe des deux chambres du Congrès :

« Pour la cinquième année consécutive, nous allons avoir un déficit commercial record. Rien qu’en novembre, le déficit a allègrement dépassé les 58 milliards de dollars, dont près de 23 milliards en faveur de la Chine. D’un côté, nous reconnaissons que ce problème est le résultat de l’effondrement général de la production, mais il est incontestablement dû aussi aux manipulations monétaires injustes de la part de Pékin. La Commission économique conjointe va bientôt ouvrir des auditions pour étudier la réaction appropriée à ce déficit et aux manipulations monétaires. Pensez-vous que, tout en prenant les mesures nécessaires pour relancer la production américaine, nous devrions aussi commencer à adopter une ligne dure vis-à-vis de Pékin ? »

Réponse : « C’est nous qui avons créé ce problème, et non le gouvernement chinois. Les responsables en sont les Etats-Unis et les Britanniques, ou plutôt les libéraux anglo-hollandais, qui ont mis en place ce système. Nous voulions contrôler la Chine - au départ pour la monter contre l’Union soviétique. Ce fut la mission de Nixon. (...)

« Rappelez-vous ce que j’ai dit à propos du budget d’investissement. Le système actuel est basé sur le dollar. En raison des événements des années 1930 et des mesures ayant mené à l’adoption du système de Bretton Woods, le dollar américain est devenu le dénominateur monétaire dans le monde. La valeur monétaire est déterminée par le dollar (...) ce depuis qu’on a permis le flottement du dollar, lors de la Conférence des Acores en 1972 et par la suite. C’est l’une des raisons pour lesquelles seule une réorganisation peut enrayer l’effondrement actuel.

« Ce n’est donc pas la peine de vous préoccuper de ce que vont devenir les relations avec la Chine au cours des mois à venir parce que vous allez devoir changer tout le système pendant ce temps, ou bien oublier le tout. Se battre avec la Chine sur ce point est une perte de temps.

« Encore une fois, il n’y a pas d’alternative au dollar américain comme valeur monétaire de référence. (...) Par conséquent, nous devons organiser la défense du dollar à sa valeur actuelle dans une forme de système à taux de change fixes. Car si la monnaie américaine perd en peu de temps 20 ou 30 % de sa valeur sur le marché mondial, c’est tout le marché mondial qui se désintégrera, je peux vous l’assurer. Je ne parle pas d’un effondrement, mais d’une désintégration ; chacun aura son propre système monétaire et on commencera à couper les budgets, à réduire les emplois, à préparer un âge des ténèbres. On doit créer un nouveau système basé sur le dollar américain, avec des normes de taux de change régulièrement fixés, servant de référence partout dans le monde.

« Dans ce contexte, toutes les discussions sur des ajustements au sein du système actuel, avant qu’il ne sombre, sont une perte de temps, c’est totalement contre-productif. Parce qu’on s’occupe de quelque chose d’inutile au lieu de rechercher la solution pour sauver le tout. Le dollar a une valeur arbitraire, et non intrinsèque, elle est déterminée politiquement. Pour maintenir nos systèmes de crédit à l’échelle internationale, nous avons besoin d’un dollar à taux de change fixe, parce qu’aucune autre monnaie ne peut remplir cette fonction. Cela veut dire que le dollar à parité est un standard de stabilité pour le monde. Si on ne l’a plus, le monde entier est fichu, donc à quoi sert de discuter ? Qui se soucie des relations américano-chinoises dans ces conditions ?

« Le problème, c’est qu’avec notre déficit, le dollar est en réalité sous-évalué. Si nous considérons l’avenir du dollar, et sa valeur, en supposant que nous prenions l’initiative de rétablir un système à taux de change fixes de forme un peu différente, alors le dollar deviendra immensément valable, et le problème est résolu. Mais il faut poser le problème correctement.

« En ce moment, la Chine est au bord de la désintégration. Si la quantité d’échanges entre ce pays et les Etats-Unis recule, la Chine ne pourra pas croître. Au lieu d’exporter ces produits vers l’Amérique, la Chine doit se développer et produire pour faire face à ses propres besoins.

« Quel est son problème ? La Chine est le seul pays au monde avec des millionnaires communistes ! Ils représentent un facteur décisif de la situation actuelle. D’un autre côté, il y a un grand nombre de gens qui figurent parmi les plus pauvres au monde, comme en Inde. La culture asiatique, voyez-vous, est oligarchique. (...) Notre tâche consiste à aider les nations d’Asie à acquérir les bases nécessaires pour se donner le type de liberté que nous, aux meilleurs moments, exigeons pour nous-mêmes. Voilà notre mission.

« Nous allons donc augmenter la valeur du dollar, en en faisant la source d’un grand afflux de crédit. La valeur du dollar relative à la monnaie chinoise est un problème du système américain, pas du système chinois. Si j’étais Président, j’augmenterais considérablement la valeur du dollar et cela résoudrait le problème. Si vous n’êtes pas prêt à faire cela aux Etats-Unis, ne vous plaignez pas de la Chine. (...) »

Somalie et arc de crise britannique

Divers députés ont posé, par écrit, des questions sur le bombardement de la Somalie par les Etats-Unis et l’invasion éthiopienne.

Réponse de LaRouche : « Le bombardement en Somalie est une autre manifestation des desseins de Cheney, avec l’envoi de renforts en Irak et la guerre prévue contre l’Iran. Il s’agit d’une vieille idée et d’un processus à long terme, foncièrement néfastes. La politique vis-à-vis de l’Afrique, on peut la faire remonter à 1898 et [au lord britannique] Kitchener. Voilà le secret. Si vous regardez la politique britannique suite à cette victoire au Soudan, vous reconnaîtrez toute la tendance de la politique actuelle. C’est une politique impériale. Pour bien comprendre, notre ennemi est le gouvernement britannique, ou plutôt les forces libérales anglo-hollandaises qui contrôlent ce gouvernement. Depuis 1763, l’intention de la Compagnie britannique des Indes orientales, devenue entre-temps, pour l’essentiel, l’establishment anglo-hollandais actuel, est d’établir un empire mondial modelé (sans en être la copie) sur le contrôle vénitien exercé sur la chevalerie normande pendant la période médiévale. Leur politique, c’est ce genre d’empire. Ce n’est pas un empire du type de la Rome antique ou de Byzance en tant que tel, mais il est basé sur le même principe, bien que sous une forme différente. Dans ce cadre, il y a tout un concert de banquiers qui dirigent des forces militaires privées et orchestrent des guerres et d’autres moyens pour contrôler les masses. L’Afrique fait partie de ce dessein. (...)

« La politique des Britanniques vis-à-vis de l’Afrique a été exprimée par Henry Kissinger en 1974. Il postulait, en gros, que l’Afrique est trop vaste et qu’elle consomme une trop grande part de ses propres ressources, que nous voudrions avoir pour nous. Nous ne voulons pas d’augmentation démographique en Afrique, au contraire, la population devrait diminuer. Nous voulons empêcher les Africains de développer une productivité indépendante sur leur propre sol, en appliquant le progrès technologique dans cette partie du monde, afin qu’ils ne consomment pas les matières premières auxquelles nous pensons avoir droit. (...)

« Aujourd’hui, l’enjeu consiste à déstabiliser le monde en semant le chaos dans la région de l’Asie du Sud-Ouest, qui sert d’interface entre l’Asie et l’Afrique et de référence pour l’Europe et l’Asie du Nord. Voyez la situation ! De toute l’histoire européenne qui nous est connue, le théâtre autour de l’Asie du Sud-Ouest, l’Egypte, etc., a été l’enjeu déterminant de la politique impériale avant et pendant l’empire romain, sous l’empire byzantin, du temps du système ultramontain médiéval et dans le cadre du système libéral anglo-hollandais. Nous assistons actuellement à une tentative de perturber et de déstabiliser la région en provoquant une conflagration générale impliquant l’Asie centrale, l’Iran, le Transcaucase, la Turquie, jusqu’à la région du lac Victoria. Toute cette région fait l’objet d’intentions géostratégiques.

« Prenez l’Ethiopie. Ce pays a été en guerre contre la Somalie, et c’est Henry Kissinger qui l’avait provoquée. (...) Au début des années 1970, avant que Kissinger y soit passé maître, la Somalie était soutenue par l’Union soviétique et l’Ethiopie par les Etats-Unis et l’Europe. Mais Henry Kissinger changeait de camp, tantôt l’un, tantôt l’autre ; alors que les Soviétiques soutenaient l’Ethiopie, les Etats-Unis, sous l’influence de Kissinger, se rangèrent du côté de la Somalie. Et la guerre fut orchestrée. De même, on monta une guerre entre l’Ethiopie et l’Erytrée, en vue de contrôler les eaux du Nil, du lac Victoria à la Méditerranée. Un accord fut conclu entre l’Ethiopie, le Soudan et l’Egypte sur la régulation des eaux. Si l’on déstabilise cette région comme jadis, comme on le fait actuellement de l’extérieur, les accords seront rompus. (...) Il ne s’agit pas d’une cause qui passionne certains gouvernements ou certaines nations, au contraire, ils se laissent manipuler. »

A travers son discours du 11 janvier, retransmis en direct sur Internet, l’homme politique américain Lyndon LaRouche a suscité un nouvel enthousiasme chez les auditeurs, renforcé par le dialogue qui s’ensuivit avec des élus nationaux.

***

« Nous devrions déclarer cette année l’année du chant choral bel canto. C’est l’une des meilleures armes dont nous disposions pour changer le monde et transformer les gens maussades et grognons que nous rencontrons dans la rue en personnes souriantes et heureuses. » C’est ainsi que le 11 janvier, Lyndon LaRouche a commencé son discours, devant un public réuni à Washington.

Dans le monde entier, tous ceux qui ont écouté sa présentation, suivie d’une discussion de deux heures, ont compris qu’ils avaient affaire à un homme convaincu qu’il est possible de surmonter la crise mondiale dans laquelle nous sommes grâce à une politique audacieuse de reconstruction économique et un regain d’optimisme culturel. Le Mouvement des jeunes larouchistes (LYM), qui utilise le chant bel canto pour toucher les gens au plus profond d’eux-mêmes, représente cette qualité de culture qui doit devenir accessible à tous.

Mais le bonheur et la joie, poursuivit LaRouche, ne peuvent être proclamés officiellement, il faut trouver comment les rendre possibles. Après la victoire écrasante des démocrates aux élections de novembre, « ce qu’il faut faire pour sauver la civilisation doit être accompli, pour l’essentiel, dans les trois mois qui viennent. Et il faut commencer par mettre le vice-Président à la retraite, d’une manière ou d’une autre, contre son gré si nécessaire, et entourer le Président des Etats-Unis de soins compatissants. »

Faute d’écarter ces deux obstacles, la civilisation n’a aucune chance de s’en sortir. En Asie du Sud-Ouest, on voit déjà la guerre s’étendre vers l’Iran, la Turquie et jusqu’en Somalie. Pour LaRouche, « nous entrons dans l’ère de la plus grave crise financière de l’histoire moderne. Bien qu’il existe des cas régionaux comparables, comme l’âge des ténèbres du XIVème siècle, c’est la première fois que la planète entière est menacée d’une extinction virtuelle de sa culture et d’un dépeuplement massif. »

Dans cette situation, les Etats-Unis ont la responsabilité toute particulière de faire revivre le legs de la Révolution américaine et de la Constitution fédérale, qui présente une différence fondamentale avec le système libéral anglo-hollandais actuellement prédominant. LaRouche appelle le Congrès américain à accomplir des choses qu’il n’a, pour l’instant, aucune intention de réaliser. « C’est pourtant indispensable à la survie de la nation et de la civilisation. Il n’existe aucune force en dehors des Etats-Unis qui ait l’influence et les moyens suffisants pour mener à bien la réorganisation du système monétaro-financier international et du système économique, désespérément en faillite. »

C’est à ce même héritage - la tradition anti-oligarchique du système américain - que le président Franklin Roosevelt fit appel. Car la république américaine fut créée par les pères fondateurs « aussi libre que possible et à une distance géographique suffisamment éloignée du règne de l’oligarchie européenne ». En vertu de cette tradition, « chaque fois que l’Amérique a affronté une crise, pourvu qu’elle soit dotée d’un gouvernement compétent, le peuple américain a toujours su y répondre, même s’il venait de passer des décennies dans le caniveau du libéralisme. »

C’est encore le cas aujourd’hui. Du fait que les Etats-Unis n’ont pas de système parlementaire de type européen, le Congrès peut réagir très vite s’il le faut. Certes, estime LaRouche, la politique de Bush et Cheney a discrédité la présidence des Etats-Unis ; le Président est un homme malade et son vice-Président serait plutôt le « président du vice », un homme vraiment pervers. Mais avec la nouvelle majorité démocrate, soutenue par les élus républicains qui partagent la perspective de sauver le pays, les grandes commissions dans les deux Chambres pourront tenir un rôle central dans la transition vers une présidence stable, respectueuse de la Constitution. Alors, en collaboration avec le Congrès, insista LaRouche, il serait possible de prendre les mesures nécessaires, en l’espace de 90 jours, pour défendre l’intérêt général de la nation et de son peuple.

L’économiste a donné quelques exemples concrets. Si l’on veut augmenter le salaire minimum, les vautours financiers, hedge funds et autres fonds de spéculation, devront cesser de sucer le sang de l’économie réelle. On ne peut payer à la fois la facture des usuriers et des salaires corrects aux travailleurs. C’est toute la politique économique qui doit changer, de façon à privilégier la production et la productivité, et non les services. La transition d’une économie agro-industrielle à l’idéologie post-industrielle actuelle, menée par la génération du baby-boom, doit être renversée de toute urgence.

On doit cesser de délocaliser les emplois productifs vers des pays où la main d’œuvre coûte moins cher ; cela n’aide ni ces pays à se développer - comme on le voit en Chine - ni les pays jusque-là industriels, qui connaissent une croissance technologique zéro.

Si les Etats-Unis et d’autres pays veulent rétablir de solides bases industrielles et agricoles, conseille LaRouche, d’importants investissements dans l’énergie nucléaire sont incontournables, ce qui permettra l’indépendance vis-à-vis d’autres sources énergétiques - notamment les biocarburants qui nuisent à l’environnement - ainsi que la mise en place de systèmes à plus forte densité énergétique, nécessaires pour la production de carburants à base d’hydrogène et pour le dessalement de l’eau de mer. « Tournons donc le dos à cette société post-industrielle qui nous tue ! Accueillons plutôt l’économie du futur (...) Nous devons tirer ce miracle du chapeau, et tout de suite », lança LaRouche à l’adresse du Congrès américain.

Pour cela, on doit changer les axiomes fondamentaux gouvernant l’école de pensée dominante. Ainsi, tout progrès dans l’histoire humaine est le fruit d’une conspiration. Qui peut nier cette vérité ? Les gens s’entendent pour adopter un nouveau comportement, pour accepter des progrès technologiques, pour changer les relations entre nations. Au contraire, « Tout ce qui est négatif est le résultat d’antagonismes ou de théories de la conspiration ! (...) L’histoirefonctionneainsi,sur labase d’idées. »

Réorganiser le système financier

A plusieurs reprises, LyndonLaRouche a martelé que la crise actuelle n’est pas une simple dépression, mais la phase finale d’un effondrement général du système financier mondial. Faute de parer au plus pressé, le monde connaîtra un sort pire que l’âge des ténèbres du XIVème siècle en Europe. Pour l’instant, le Congrès s’accroche à sa liste de mesures prioritaires et croit que si on les arrange correctement, tout ira pour le mieux. LaRouche est catégorique là-dessus : « Si on ne prend que quelques pans du problème, quelques questions locales spécifiques, on n’y arrivera jamais. »

On doit commencer par répondre à certaines questions fondamentales « Tout d’abord, une économie, ce n’est pas de l’argent. » Certes, une économie nationale a besoin d’argent pour coordonner les relations entre hommes, régions, etc., mais la réalité de l’économie est physique. Ce point constitue la différence essentielle entre le système américain de politique économique et le système britannique, aujourd’hui dominant. Pour revenir aux principes de l’économie physique, il faut renouer avec la politique de Franklin Roosevelt et aller encore plus loin, vu que la situation est plus grave aujourd’hui. « Le gouvernement doit mettre l’ensemble du système bancaire et de banque centrale en redressement judiciaire. C’est la seule manière d’éviter un effondrement généralisé de toutes les banques américaines. Sinon, chacune d’entre elles est au bord de la faillite. »

Pour empêcher une catastrophe sociale et économique, il faut mettre ces banques en redressement judiciaire, ce « afin de les maintenir en fonctionnement, par rapport à l’économie et à la population. On doit continuer à payer le nécessaire, les gens doivent garder leur emploi, le commerce doit continuer. » Aux Etats-Unis, le gouvernement fédéral peut le faire en mettant la Réserve fédérale en redressement judiciaire. Nous serons confrontés à une telle décision dans les 90 jours à venir.

Pour cela, on a besoin de courage et de savoir-faire. Il faut faire en sorte que l’argent soit utilisé le plus utilement possible. On peut adopter pour cela certaines mesures - impôts sélectifs, tarification, droits de douane, subventions, etc. - « pour habituer l’argent à rester dans le cadre des valeurs correspondant à de vraies valeurs physiques ». Pour LaRouche, il faut aussi s’assurer que les entreprises industrielles fournissant un produit utile gagnent suffisamment, en échange, pour survivre. Cela veut dire que dans le cadre d’un système d’échanges équitables, contrairement au système de libre-échange, le gouvernement doit faire en sorte qu’aucune entreprise ne soit obligée de vendre ses produits à un prix inférieur au coût de production.

« Nous donnons aussi une grande importance à l’esprit d’innovation, dit LaRouche, et c’est pourquoi nous n’aimons pas trop les conglomérats, parce qu’ils n’ont pas d’âme. » Il leur préfère des entreprises moyennes tournées vers l’innovation technologique, comptant entre 200 et 500 employés et soucieuses de l’avenir de la commune ou de la région dans lesquelles elles sont installées. On adoptera donc une approche de politique nationale planifiée, répercutée aussi au niveau local. C’est ainsi qu’un sens de responsabilité personnelle se développe chez les citoyens individuels, qui se préoccupent du sort de leur quartier, de leur ville ou de leur pays.

De cette manière, les citoyens voient la société en termes dynamiques. C’est la seule façon de réfuter l’idée fasciste de Martin Heidegger selon laquelle l’individu « est jeté dans la société », chacun contre tous. Effectivement, la société n’est pas une jungle hobbésienne dans laquelle la concurrence, le vol, le conflit et la guerre paraissent normaux et inévitables.

Participation de nouveaux élus

Les questions posées au cours du débat suivant le discours de M. LaRouche reflètent son influence croissante sur le nouveau Congrès. La porte-parole de l’économiste, Debra Freeman, annonça qu’elle avait été « submergée » de questions provenant notamment des bureaux de députés nouvellement élus. En dehors des questions reprises ci-contre, un député entrant, qui connaît cependant bien Washington, s’est plaint du caractère figé du Congrès, qui lui dicte ce qu’on peut faire ou non. Certains de ces nouveaux venus envisagent par conséquent de se regrouper pour mieux se faire entendre, idée assez mal reçue par beaucoup d’anciens. LaRouche a totalement approuvé la suggestion, soulignant le potentiel de la « vitalité du ferment » qu’apportent les nouveaux venus et les jeunes.

Par ailleurs, un démocrate qui siège au Sénat depuis longtemps a fait part de son inquiétude face à l’escalade des opérations militaires au Moyen-Orient. Bien sûr, les démocrates comptent ouvrir au plus vite des auditions pour examiner ces questions, mais vu la fuite en avant de la Maison Blanche, il a demandé à LaRouche s’il ne faudrait pas prendre des mesures d’urgence sans attendre. LaRouche a entièrement soutenu l’idée d’intervention d’urgence face à un gouvernement qui se comporte comme une dictature. Il a tracé un parallèle entre la situation actuelle et la montée en puissance d’Hitler et de Mussolini à l’époque, avec l’aide de réseaux toujours actifs aujourd’hui.

L’intérêt de ces intervenants avait été vivement éveillé par les interventions du LYM, activement mobilisé à Washington durant toute la semaine précédant le webcast. Des groupes de militants avaient pu discuter avec les plus proches collaborateurs de nombreux élus, renforçant leurs interventions par des chants afin de capter l’attention et d’ouvrir les cœurs.

Partout dans le monde où des gens se sont regroupés pour suivre la conférence - Russie, Amérique latine, Inde, Afrique - ou l’ont suivie individuellement, un nouvel espoir est né, l’espoir que, malgré les problèmes gigantesques qui se posent à nous, le monde trouvera la bonne voie et de nouvelles idées.

Wolfgang Lillge