Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Colère

mardi 6 février 2007

Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade2007.org, et consitutent le principal regard du candidat à la présidentielle de 2007 sur l’actualité française et internationale.

Cette campagne présidentielle, face à un monde menacé de guerre, d’effondrement financier et de dislocation sociale, se déroule sans discontinuer au-dessous de la ceinture. Les candidats sont incapables - et c’est leur point commun - de rompre avec un système de référence qui les a en même temps suscités et piégés. Dans cet univers d’abscisses et d’ordonnées cartésiennes, ce qui définit les choses est un rapport entre objets - rapports de force, de mode et d’argent. On y circule avec une boîte à outils toute faite dont on espère un usage éternel, comme si l’éternité se trouvait dans l’éphémère. C’est dans cet univers de coups bas et d’illusions que nous sommes plongés.

La priorité est d’en sortir. Il ne s’agit pas d’un problème théorique, mais d’une question de vie ou de mort, la condition à remplir pour agir sur le réel et éviter le pire. Cette rupture - la vraie - exige que l’on s’élève à un univers de conflits entre questions de principe - c’est-à-dire d’idées. Albert Einstein affirmait qu’il avait fait toutes ses découvertes scientifiques parce qu’il était parti de principes en s’efforçant de les valider expérimentalement, alors que les autres, en partant d’expériences pour tenter de synthétiser des principes, n’avaient jamais rien trouvé. La question se pose aujourd’hui de la même façon, en politique.

Il ne faut donc pas s’étonner que les forces qui occupent la place, qui ne veulent en aucun cas un changement de système et sont incapables d’assurer un avenir à notre société, essayent d’avilir pour paralyser.

Premier avilissement : l’argent. Le Point et l’Express s’interrogent sur la richesse des candidats, flattant la bassesse de leurs lecteurs-électeurs. Deuxième avilissement : le sexe. Sexus politicus est l’ouvrage en vogue dans le tout-Paris, alors que les magazines tartinent sur les relations entre Ségolène et François, ou Nicolas et Cécilia. Troisième avilissement : la politique comme sport. Ségolène tiendra-t-elle ? Bayrou fera-t-il équipe avec DSK ? Les intellos néo-cons sont-ils tous pour Sarko ? Quatrième avilissement : la grande peur des bien-pensants. La planète se réchauffe, les océans montent, le nucléaire menace. Dénominateur commun : l’homme est un loup pour l’homme, cupide, avide de pouvoir, qui menace la nature et ses semblables en étalant ses déchets.

La politique ne serait que l’expression sociale de son vice. L’on pourrait désespérer : Anne Lauvergeon, qui a confié le nucléaire français aux Etats-Unis à un des pires néo-conservateurs, Spencer Abram, et qui vient de faire acquérir par Areva le « grand » allemand des éoliennes, Repower Systems - cumulant le réactionnaire en politique comme en écologie - est courtisée à la fois par Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal.

Désespérer ? Plutôt la colère, davantage vis-à-vis du monde qui les piège que des candidats eux-mêmes. C’est ce monde suicidaire de la mondialisation financière que nous combattons ici et dont mon projet de campagne est l’alternative scientifique, économique et sociale.