Communiqués

Le programme de Ségolène Royale pour la présidenttielle

mardi 13 février 2007

« Excellent catalogue des Trois Suisses, avec beaucoup de promesses valables mais aucun moyen économique et politique de les imposer », a déclaré Jacques Cheminade au sujet du programme de Ségolène Royale, contacté lors d’un déplacement en Rhône-Alpes.

Parmi les mesures phares, évoquons celles destinées aux entreprises, et aux PME/PMI en particulier, à qui Ségolène Royal veut, comme Cheminade, réserver une part importante des commandes publiques. Elle s’inquiète aussi du vieillissement et du manque de productivité des entreprises françaises et propose une augmentation massive, de 10 % par an sur la durée du quinquennat, du budget de la recherche et des crédits publics pour l’innovation. Comment y arriver ? Par une réorientation des aides aux entreprises, plus ciblée vers la recherche et le développement. Actuellement seules 5 % de ces aides vont à la recherche, part qu’elle voudrait porter à 15 %. Intéressante aussi est la fiscalité à deux vitesses qu’elle propose pour les entreprises : incitative pour celles qui investissent dans la recherche et développement, et pour celles qui créent des emplois ; pénalisante, au contraire, pour celles qui distribuent tout aux actionnaires et celles qui ne consentent aucun effort au niveau de l’emploi.

L’essentiel de son programme s’adresse par ailleurs au « peuple », dont elle a clairement entendu les doléances au cours de ses 6000 meetings participatifs. Elle annonce un SMIC à 1500 euros dès que possible, l’augmentation de 5 % des petites retraites, le paiement au 1er du mois des retraites de la sécurité sociale et le doublement des allocations scolaires. Beaucoup de mesures consacrées au logement, dont l’objectif serait que son coût ne dépasse pas 25 % du revenu des ménages : augmentation des aides au logement, construction de 120 000 logements sociaux par an, sanctions par l’Etat des communes qui ne respectent pas le taux de 20 % de logements sociaux, vente à moitié prix par l’Etat de ses terrains pour la construction de ce type de logements. Enfin, beaucoup de mesures s’adressent à la jeunesse, dont notamment la suppression du CNE, un droit au premier emploi pour ne pas rester au chômage au-delà de 6 mois, retour aux emplois « jeunes » dont 500 000 seraient créés dans les régions de gauche et un prêt à taux zéro de 10 000 euros pour financer un projet. Notons enfin la sécurité sociale professionnelle, sorte d’assurance contre le chômage garantie par l’Etat, donnant accès à 90 % du salaire pendant un an et ouvrant droit à une formation qualifiante et une aide personnalisée à la recherche d’emploi.

Le plus grave cependant, c’est ce dont le projet ne parle pas et on ne voit pas comment tout ceci pourrait être financé sans traiter les problèmes économiques de fond : 1) la nécessaire réforme d’un système monétaire international en pleine folie financière depuis des années et menacé d’effondrement ; 2) réforme du système monétaire européen avec l’élimination du traité de Maastricht et du Pacte de stabilité, pour aller vers une Europe ressemblant beaucoup plus à celle des Trente glorieuses (Banque nationale sous contrôle public, grands programmes d’Etat de recherche et de construction d’infrastructures, négociations d’équipement avec les grandes nations eurasiatiques).

Particulièrement désastreux, son programme destiné à l’environnement proclame que d’ici 2020, la France réduirait sa part de consommation d’énergie nucléaire de 80 % actuels à 50 % ! Au moment où le monde entier revoit à la hausse ses programmes d’investissement dans le nucléaire civil, où la Russie compte faire passer sa part de 16 à 25 % en 25 ans, où l’Inde investit dans 4 surgénérateurs (dont la France a fermé son unique prototype, SuperPhenix), cette mesure condamnerait la France à un véritable Moyen âge industriel. « On ne voit pas comment on peut réduire le nucléaire à la part que propose Ségolène Royal sans que ceci ne conduise au démantèlement de l’industrie française ; cela voudra dire appliquer de fait la politique désastreuse du libéralisme financier », a déclaré Jacques Cheminade.