Les éditoriaux de Jacques Cheminade

La honte

mardi 29 avril 2003

Face aux partisans de l’Amérique impériale, qui ont décidé de faire payer à la France son opposition à la guerre contre l’Irak, nous n’avons d’autre choix que de nous soumettre ou de définir un ordre international nouveau.

Il n’y a en effet pas de place pour le compromis, à court ou à long terme, avec les faucons qui entourent George Bush. Le cabinet du vice-président Cheney, aiguillonné par son directeur, Lewis Libby, cherche à infliger « une punition à la France ». Le numéro deux du Pentagone, Paul Wolfowitz, a déclaré : « Le comportement des Français a été très néfaste pour l’OTAN, et je pense que la France devra en assumer les conséquences. » ; Condoleeza Rice, conseillère de Bush pour les questions de sécurité, a préconisé « de punir, la France, d’ignorer l’Allemagne et de pardonner à la Russie ». Pressé de savoir si Washington doit tirer des conséquences de l’attitude de la France, Colin Powell lui-même, sur la chaîne publique PBS, a répondu « oui ».

Il y a donc une attitude d’ensemble qui ne laisse pas place au doute. Après Donald Rumsfeld, qui entend réorganiser de fond en comble le Pentagone, son ami Newt Gingrich a appelé à une réforme complète du département d’Etat. C’est donc bien une administration impériale qu’ils s’efforcent de mettre en place, hostile par nature à notre ordre républicain et à notre souveraineté nationale.

Nous devons présenter au monde une autre option. La seule combinaison permettant de le faire est celle regroupant, outre notre pays, l’Allemagne, la Russie, la Chine, l’Inde et « l’autre Amérique », c’est-à-dire celle de Lyndon LaRouche, héritière de la tradition rooseveltienne et opposée par principe à tout impérialisme.

Là se trouve la clé pour gagner la paix. Si nous voulons réellement le faire, il faut aller vite. En proposant un ordre financier et monétaire réorientant les flux financiers vers le travail et la production et, au niveau de la vie quotidienne, un monde où chacun puisse gagner honnêtement sa vie, sans spéculations ni rapports de force.

Pour réussir et mobiliser l’opinion, il faut toutefois commencer par donner l’exemple chez nous. Or, les « réformes » du gouvernement Raffarin sont un véritable désastre. Elles se situent dans la logique d’un univers injuste, en peau de chagrin, défini par des contraintes. Depuis la retraite après 42 ans de cotisations jusqu’à la baisse du taux de remboursement de 617 médicaments de 65 à 35%, c’est les chemins sans issue de la rigueur que l’on emprunte.

Surmonter la défiance des Français envers le personnel politique et les dirigeants économiques exige au contraire un projet mobilisateur, national et international. C’est notre vision. Il n’y a pas d’autre choix, sinon la honte.