Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Le tronçon du glaive

mardi 20 février 2007

Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade2007.org, et consitutent le principal regard du candidat à la présidentielle de 2007 sur l’actualité française et internationale.

« L’électeur moyen ne peut pas comprendre ce que vous dites », me disent des gens qui, eux, le comprennent très bien mais n’agissent pas en fonction de ce qu’ils comprennent. L’objet de ma campagne est au contraire de bousculer les préjugés et de mettre chacun face à ses responsabilités, en pariant sur ses qualités et ses mérites.

Que la société dans laquelle nous vivons soit injuste, tout le monde l’admet. Ainsi le maire d’un village des Vosges me disait qu’il voudrait bien monter au paradis pour tirer les oreilles à un Dieu qui fait un si mauvais boulot sur terre et le remettre à la formation professionnelle. Les candidats à l’élection de 2007 ne font pas mieux que ce Dieu-là : ils évitent les deux grands sujets qu’aura d’abord à traiter le futur Président de la République, celui de la guerre et de la paix et celui d’un système financier et monétaire international devenu une vaste maison de jeu dont le fonctionnement détruit le travail et la production.

Je suis le seul à traiter d’abord de ce qui détermine tout le reste. Comment ne plus laisser tout privatiser, c’est-à-dire tomber entre les mains des prédateurs financiers ? Hier la Bourse de Paris entre les mains du New York Stock Exchange et les actions du CAC 40 sous contrôle étranger, demain EDF et GDF. Comment éviter que ces prédateurs nous conduisent à la guerre, maintenant contre l’Iran, mais en fait pour détruire la résistance de tout Etat-nation ? Comment arrêter la chute du pouvoir d’achat populaire, masquée par des statistiques truquées ?

On ne peut pas le faire si on ne comprend pas que la crise ne vient pas de France, mais du monde. Qu’il s’agit non pas des Etats-Unis contre les autres, ou de nations contre d’autres, mais d’un système de matrice anglo-hollandais devenu anglo-américain, qui veut éliminer tout Etat-nation car l’Etat-nation protège son peuple, et toute culture de la vie, car la culture de la vie développe les capacités créatrices de l’homme qui s’opposent à un système de mort.

Aujourd’hui, aux Etats-Unis, la Chambre des représentants a voté contre la guerre en Irak ; le Sénat américain vient de rassembler 56 voix contre 34 avec un même objectif. Vladimir Poutine condamne l’unilatéralisme de l’administration Bush-Cheney et la Russie célèbre le 125ème anniversaire de la naissance de Roosevelt. La Chine défie le système de contrôle du monde par satellites. Des parlementaires italiens rallient la proposition de Lyndon LaRouche pour un nouveau Bretton Woods. Et en France, alors ? Alors, Nicolas Sarkozy se fait tenir une plume bonapartiste par Henri Guaino, Ségolène Royal s’ébahit d’« excellence environnementale » et François Bayrou révère l’austérité destructrice de la Banque centrale européenne.

Selon un sondage IFOP, 17 % seulement des Français font confiance à la droite et 19 % à la gauche. Le reste n’est ni idiot, ni désespéré, ni lepéniste, ni bayroutiste. Notre devoir est de lui donner une conscience politique en traçant un horizon meilleur pour nos enfants et petits-enfants. Une fois de plus, ils ont laissé se briser l’épée ; nous devons ramasser le tronçon du glaive.